vendredi 8 mars 2019

[Zykë, Cizia] Fièvres






Coup de coeur 💓

 

Titre : Fièvres

Auteur : Cizia ZYKE

Editeur : Hachette

Parution : 1988

Pages : 282










Présentation de l'éditeur :   

«Le safari, commencé dans la joie et le plaisir, se transforma en une gigantesque partie de cache-cache, passionnante, irritante, puis insupportable. Insidieusement, la résolution de tuer M'Bumba l'éléphant s'installa. C'était lui ou nous. Alors s'amorça une lente descente vers l'horreur et l'irréel : la nature explosait d'une beauté violente, la nuit se faisait cataclysme, des milliers de crocodiles devenus déments massacraient les hommes. Nous étions partis pour la mort... perdus au milieu de quelque chose que je ne comprenais pas, qui n'existait pas, quelque chose qui nous tuait les uns après les autres.»
Fièvres, roman fort, envoûtant, sensuel, nous confirme le grand talent de conteur de Cizia Zykë, révélé dans sa trilogie autobiographique: Oro, Sahara et Parodie.

 

 

Avis :

Encore un livre de Cizia Zykë / Thierry Poncet que je n’ai pas pu lâcher avant la fin et un coup de coeur pour ce conte d’aventure en pleine jungle congolaise. Le village de brousse où se sont installés trois Français en rupture de ban vient d’être sauvagement détruit par un éléphant devenu dément, que ses empreintes laissent supposer d’une taille exceptionnelle. Accompagnés de pisteurs indigènes, d’un adolescent et d’une jeune fille du village, le trio se lance la fleur au fusil dans une expédition punitive qui va rapidement tourner au cauchemar. La tension monte peu à peu au fil des pages, la jungle semblant devenir maléfique au fur et à mesure que grandissent les doutes et le malaise de l’équipe de chasseurs. Bientôt, c’est leur propre peau qui se retrouve menacée et une longue lutte à mort commence.

Le narrateur et chef de l’expédition est une incarnation de Zykë : alors que la construction de son camp de survie dans la jungle évoque furieusement celle du campement d’Oro au Costa Rica, on retrouve la détermination et la truculence de l’aventurier, sa crudité et son ironie. Ne manquent pas non plus l’alcool et la drogue que les trois Robinsons trouveront le moyen de se fabriquer en pleine jungle, ni les scènes de sexe débridées entre notre héros et la toute jeune fille indigène. Mais ce qui fait la force du livre est le talent de conteur de Zykë : s’inspirant de deux anecdotes qu’on lui avait contées, l’une à propos d’éléphants enivrés par une orgie de mangues vertes, l’autre au sujet de crocodiles assiégeant des hommes réfugiés dans des arbres, il nous livre une fable prenante et bien construite, étayée par sa connaissance de la jungle et par sa propre expérience des conditions extrêmes, mêlée des superstitions et des croyances indigènes en des lieux magiques et maléfiques où il vaut mieux ne pas s’aventurer, et jamais loin de la dérision. 
Je me suis laissée envoûter sans réserve. (5/5)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire