dimanche 31 mars 2019

[Ponthus, Joseph] A la ligne. Feuillets d'usine




Coup de coeur 💓


Titre : A la ligne. Feuillets d'usine

Auteur : Joseph PONTHUS

Editeur : La Table Ronde

Parution : 2019

Pages : 272






 

 

Présentation de l'éditeur :    

Grand Prix RTL/Lire 2019.
À la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C’est l’histoire d’un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c’est qu’il a eu une autre vie. Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d’Apollinaire et les chansons de Trenet. C’est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l’odeur de la mer.
Par la magie d’une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de
bulots comme autant de cyclopes.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Joseph Ponthus est né en 1978. Après des études de littérature à Reims et de travail social à Nancy, il a exercé plus de dix ans comme éducateur spécialisé en banlieue parisienne où il a notamment dirigé et publié Nous... La Cité (Editions Zones, 2012). Il vit et travaille désormais en Bretagne. 

 

 

Avis :

Ancien élève d’Hypokhâgne puis éducateur spécialisé, l’auteur se retrouve contraint par les aléas de la vie à accepter des emplois intérimaires : les plus durs et les plus ingrats, en usine, la nuit, sur des postes souvent très pénibles physiquement. Il se retrouve d’abord dans une conserverie de poissons, des nuits entières en tête-à-tête avec des tonnes de crevettes, puis des monceaux de bulots, ou encore des tombereaux de sauce pour plats de poissons. Mais ce n’était qu’un préambule au pire du pire : le travail dans un abattoir, dans le froid, le sang et la mort, des nuits entières à charrier des carcasses qui pèsent bien plus que des ânes morts. Un travail très éprouvant physiquement et moralement, répétitif, abrutissant, déshumanisant, qui l’aspire tout entier dans un puits sans fond de fatigue et d’ennui, dans un univers sans horizon, une sorte de trou noir où ne subsiste que la nécessité de tenir encore une nuit, encore quatre heures, encore une heure... 

Ce qui permet à l’auteur de tenir, c’est la camaraderie et l’entraide entre forçats, mais ce sont surtout les mots : les mots qui cascadent dans sa tête pendant ses nuits de vide mental, ceux qui exorcisent par leur poésie et leur humour, ceux qui rendent l’absurde supportable parce que formuler c’est déjà mettre à distance, permettre de partager et de sortir du néant.
Alors jetés sur le papier en offrande à son épouse, ces mots forment un long poème en prose, une seule exhalaison sans ponctuation, une respiration rythmée par la seule scansion, un ruisseau salvateur qui vous emporte irrésistiblement, le long d’une jolie cascade d’émotions et de poésie d’autant plus fragiles et touchantes qu’elles contrastent avec la brutalité du cadre.


Ce roman est une jolie surprise, une œuvre atypique et surprenante, une pépite surgie de ce qui aurait pu être un désespoir, une fleur poussée dans la fange : l’illustration que, si l’homme est capable de créer des enfers sur terre, il sait aussi les sublimer en les transformant en œuvre d’art.



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