lundi 11 mars 2019

[Ariyoshi, Sawako] Le miroir des courtisanes




Coup de coeur 💓💓

 

Titre en Français : Le miroir des courtisanes

Titre original : 香華 , Kôge (Encens parfumé)

Auteur : Sawako ARIYOSHI

Traducteur : Corinne ATLAN

Parution originale : 1962

Parution française : 1994

Editeur : Philippe Picquier

Pages : 526







 

Présentation de l'éditeur :   

Le roman-fleuve d'une histoire d'amour, de haine et de jalousie dans le Japon d'avant-guerre. Deux destins tragiques de femmes dans un monde impitoyable.

 

 

Avis :

J’ai été totalement séduite par cette longue histoire d’amour-haine entre une mère et sa fille japonaises, du tout début du 20e siècle jusqu’aux années cinquante.

Tomoko a sept ans. Elle est subjuguée par l’éclatante beauté de sa mère, qui ne lui consacre que bien peu d’attention et d’amour maternel : Ikuyo, déjà veuve à vingt ans, n’est préoccupée que de son propre éclat et de la somptuosité de ses kimonos. Assoiffée d’attentions et d’admiration, elle ne tarde pas à se remarier, abandonnant sa fille à sa grand-mère. Mais, dans le Japon de ce début de 20e siècle, le mariage ne correspond guère aux rêves de la jeune femme, dont les comportements dérangent sa belle-famille et choquent jusqu’à sa propre mère. Abandonnée de tous, barricadée dans sa fierté hautaine et une carapace de méchanceté aigrie, elle se retrouve bientôt dans le « monde des fleurs et des saules », y entraînant sa fille, vendue à dix ans à une maison de geishas.


Le roman développe la relation compliquée entre cette mère fantasque et égoïste, et sa fille, d’abord enfant blessée, puis jeune femme qui cherche à se préserver dans un environnement impitoyable, et enfin femme mûre qui parviendra peut-être à la sérénité. Ikuyo a des aspirations parfaitement modernes, mais dans une existence dépendante du pouvoir et du regard des hommes. Tomoko, grâce à l’évolution de son siècle, et en particulier à cause de la seconde guerre mondiale qui va bouleverser le pays, et, comme en Occident, fortement modifier la place des femmes, parviendra à s’affirmer et à trouver sa place.


Tout en finesse et sobriété, l’écriture de Sawako Ariyoshi nous fait découvrir la société japonaise au travers du regard de deux femmes que tout attire et oppose : bain culturel donc, dépaysant et surprenant à souhait, dans un pays qui, au cours de cette première moitié du 20e siècle, bascule de la tradition vers la modernité. Mais aussi regard sensible sur la vie des femmes japonaises et, en particulier, sur une relation mère-fille chaotique mais indéfectible. 


Un nouveau coup de coeur pour Sawako Ariyoshi. Dommage que seuls quatre de ses romans aient été traduits du Japonais. (5/5)



Le coin des curieux :

Le kimono est fait de panneaux de tissus rectangulaires pliés et cousus, mais jamais recoupés. Il se porte côté gauche sur côté droit, ce qui permettait autrefois de cacher une arme plus facilement, le croisement inverse étant réservé aux morts. Il est maintenu par une large ceinture, l'obi, qui se noue d'une manière socialement codifiée et particulièrement compliquée, sa longueur standard étant de 3,6 mètres. Seules les prostituées le portaient noué devant.

Le kimono ne tient pas compte de l'anatomie du corps. Il présente de grandes surfaces propices à l'ornementation, sous la forme de motifs traditionnels (bambou, pivoines, libellules...) ou de scènes plus complexes : au 18e siècle, les peintres japonais éditaient leurs catalogues annuels de décors.

De nos jours, le prix d'un kimono peut atteindre plusieurs milliers d'euros. Même si la Japonaise moderne n'en a plus guère l'occasion, savoir l'endosser et le porter fait partie d'une éducation qu'il est possible d'acquérir auprès d'établissements spécialisés délivrant un diplôme officiel. Le kimono doit être choisi en fonction de son âge, de son statut marital et du type d'évènement.


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