jeudi 21 mars 2019

[Collette, Sandrine] Animal






 

Coup de coeur 💓💓💓

Titre : Animal

Auteur : Sandrine COLLETTE

Editeur : Denoël

Parution : 2019

Pages : 288








Présentation de l'éditeur :

Humain, animal, pour survivre ils iront au bout d’eux-mêmes. Un roman sauvage et puissant.
Dans l’obscurité dense de la forêt népalaise, Mara découvre deux très jeunes enfants ligotés à un arbre. Elle sait qu’elle ne devrait pas s’en mêler. Pourtant, elle les délivre, et fuit avec eux vers la grande ville où ils pourront se cacher.
Vingt ans plus tard, dans une autre forêt, au milieu des volcans du Kamtchatka, débarque un groupe de chasseurs. Parmi eux, Lior, une Française. Comment cette jeune femme peut-elle être aussi exaltée par la chasse, voilà un mystère que son mari, qui l’adore, n’a jamais résolu. Quand elle chasse, le regard de Lior tourne à l’étrange, son pas devient souple. Elle semble partie prenante de la nature, douée d’un flair affûté, dangereuse. Elle a quelque chose d’animal. Cette fois, guidés par un vieil homme à la parole rare, Lior et les autres sont lancés sur les traces d’un ours. Un ours qui les a repérés, bien sûr. Et qui va entraîner Lior bien au-delà de ses limites, la forçant à affronter enfin la vérité sur elle-même. 
Humain, animal, les rôles se brouillent et les idées préconçues tombent dans ce grand roman où la nature tient toute la place.

 

 

Avis :

Harponnée dès les premiers mots, assommée par les derniers, je ne me souviens pas avoir lu un livre aussi haletant et captivant. Tout au long de l’intrigue, on se cesse de se demander où l’auteur nous emmène. Les rebondissements sont multiples, et si l’on est conscient de se diriger vers un inéluctable auquel il est constamment fait allusion, on se demande bien lequel.

L’écriture, toute en phrases courtes et trépidantes, entraîne le lecteur dans une course, ou plutôt une chute, effrénée. Lior, cette étrange jeune femme aux instincts de sauvageonne, laisse très vite entrevoir l’existence d’une faille dans sa personnalité et son passé. Elle va nous emmener à sa suite dans une succession d’épisodes qui ont tous en commun la quête éperdue de son passé, et qui la dirigeront tout droit dans l’oeil du cyclone, au fond de sa mémoire engloutie, dans le gouffre creusé par son enfance et resté béant malgré toutes ses tentatives de vie normale.

Thriller magistral où la tension ne se relâche jamais, cette histoire où on ne sait plus qui est le chasseur ou le gibier, l’homme ou l’animal, est la terrible illustration de l’immense difficulté de se construire dans l’ignorance de ses racines, surtout lorsqu’elles ont été traumatisantes : les failles intérieures peuvent devenir de véritables trous noirs, qui absorbent tout sur leur passage, dans une folie irrépressible qui laisse l’entourage impuissant.

Il faut absolument lire ce livre d’aventure qui vous prendra aux tripes et vous emmènera au plus proche de la misère et de la nature, dans les bidonvilles, la forêt du Kamtchatka et la jungle népalaise, où survie rime parfois avec sauvagerie et cruauté.
J’avais adoré Il reste la poussière. Cette fois, Animal vient se classer parmi mes lectures les plus marquantes. Je vais m’empresser de me procurer les autres livres de Sandrine Colette, passés et à venir. Très grand coup de coeur.



Citation :

Dans les contes, se dit Hadrien depuis sa somnolence, les personnages n’ont de cesse d’échapper aux monstres qui peuplent la nuit et les bois. Lior, elle, leur court derrière. Elle entre dans les collines obscures, écarte les lianes et les ronces, écoute les bruits vers lesquels elle se précipite en silence – grognements, râles, déchirements. Pourquoi, nom de Dieu, pense Hadrien. Pour voir. Pour éprouver l’effroi. Pour essayer encore une fois de croire que, lorsqu’on les a tués, les monstres ne renaissent pas, nulle part, ni dans la forêt ni dans la tête. 


Le coin des curieux :

Le Népal n'est pas qu'un pays de montagnes, froid et sec. Il y existe aussi une zone de collines tempérées et une plaine subtropicale, où la jungle est peuplée de tigres. 
Sur les dix dernières années, la population de tigres au Népal a d'ailleurs doublé, résultat du programme de conservation de ces animaux, soutenu par le WWF et Leonardo DiCaprio. Si l'on peut s'en réjouir, la promiscuité résultant du grignotage progressif des terres sauvages par l'homme n'est pas sans créer des conflits, les fauves s'attaquant parfois au bétail domestiqué dont dépend la survie de nombreuses communautés.
Il y a parfois des victimes humaines, notamment en Inde, mais pas toutes accidentelles. En 2017, au Nord-Est de l'Inde, à la frontière népalaise, les autorités ont relevé une concentration anormale de personnes, toutes âgées, tuées par des tigres  : il semblerait que des familles très démunies aient sacrifié leurs aînés pour toucher de l'argent de l'Etat en réparation du drame.


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