dimanche 3 mars 2019

[Decoin, Didier] Les trois vies de Babe Ozouf






J'ai beaucoup aimé

Titre : Les trois vies de Babe Ozouf

Auteur : Didier DECOIN

Editeur : Seuil

Parution : 1983

Pages : 384








 

Présentation de l'éditeur :

Là-haut, tout au bout de la France, c'est la Hague, terre de granits et de landes fauves, qui poignarde l'une des mers les plus dangereuses du monde. Babe Ozouf, Catherine et Carole sont filles de la Hague. Leur saga - qui s'étend sur trois générations - est scandée par un même geste, un acte que l'amour inspire : faire naître la lumière et le feu dans la nuit. Par trois fois, ce geste simple et fatal provoquera un naufrage : naufrage de navires et naufrage de trois destins.   Emmenée par deux gendarmes, Babe Ozouf va vivre une mise à l'épreuve qui sera aussi une délivrance. Sa fille Catherine, mariée à quinze ans, connaîtra l'exil, de l'autre côté de l'océan. Et Carole, la fille de Catherine, sera irrésistiblement rappelée vers cette falaise, lieu de rencontre avec la nuit et le brouillard. Trois hommes traverseront la vie de ces jeunes femmes : Michael Bernstein, le pianiste ; le peintre Louis Asfrid et le mystérieux Recruteur qui hante les quais de Liverpool. Ils apprendront que l'amour est aussi ce calme effrayant qui précède et annonce les tempêtes.  "La Hague, dit l'auteur, ne m'a pas inspiré ce roman : elle me l'a imposé. Je l'ai écrit dans la solitude, le tumulte et la passion, à l'image du pays étrange qui l'a fait surgir."
 

 

Avis :

Si vous avez lu ma précédente critique d’Avec vue sur la mer, vous avez compris que Didier Decoin est viscéralement attaché à la Hague. S’inspirant de multiples détails vécus, il a magnifié cette passion en une étrange et obsédante histoire, qu’il relate à sa façon remarquablement sensorielle : éclats de lumière des phares de Goury et d’Aurigny, mugissement du vent et fracas des vagues sur les rochers, nuées sombres ou brumes ouatées, eau qui gifle ou qui imprègne, puissante odeur de la mer et goût du sel sur les lèvres, érotisme prégnant… 

L’atmosphère du livre embarque le lecteur pour un voyage dans un bout du monde propice aux mythes, comme celui des naufrageuses. De 1800 à 1944, de mère en fille, trois femmes vont se voir irrémédiablement et dramatiquement liées, par une troublante répétition du destin, à cette pointe rocheuse dans la mer, où les hommes s’accrochent comme des berniques à une existence âpre et isolée. Une sorte d’acharnement du sort les transformera à leur corps défendant en vecteur du mal, mi-anges, mi-sorcières, objets de fantasme et de vénération, que l’amour brûlera au propre comme au figuré. 

Une certaine magie imprègne ce récit envoûtant et subtil, qui classe encore une fois Didier Decoin parmi les grands romanciers. (4/5)

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