mardi 5 mars 2019

[Hermary-Vieille, Catherine] L'initié






Coup de coeur 💓💓

 

Titre : L'initié

Auteur : Catherine HERMARY-VIEILLE

Editeur : Plon

Parution : 1996

Pages : 382









Présentation de l'éditeur :   

Imposteur, alchimiste, guérisseur, aventurier sans scrupules pour les uns, Grand Initié ou même immortel pour les autres... rarement homme intrigua autant ses contemporains que le comte de Saint-Germain. 
C'est au cours d'une réunion mondaine, qu'en 1793 Hélie de Maisonvieille entend parler de lui pour la première fois. Et tandis qu'on n'en finit pas de s'interroger sur la véritable nature du comte, le jeune homme s'entend proposer aux convives : "Donnez-moi six mois et je vous dirai qui est le comte de Saint-Germain..." 
Pari tenu, il commence alors son enquête en Allemagne, où le comte maintenant âgé de quatre-vingt-douze ans s'est retiré.

 

 

Avis :

Au XVIIIe siècle, un jeune noble français, intrigué par l'étrange et controversée réputation du mystérieux Comte de Saint-Germain désormais âgé, gagne la confiance du vieil homme et recueille le récit de sa vie. 

Ce scénario imaginaire permet à Catherine Hermary-Vieille de nous livrer une interprétation très crédible du personnage dont, en réalité, personne n'a jamais pu percer la légende. Les rumeurs les plus fantaisistes ont couru sur son compte, la moindre n'étant pas sa prétendue immortalité. 

L'auteur nous présente un homme qui paraît extraordinairement en avance sur son temps, tellement en avance qu'il ne rencontrera qu'incompréhension et ne suscitera que malentendus parmi ses contemporains : gênant et dangereux pour ceux qu'effraient ses idées éclairées, séduisant pour ceux qu'une perception très raccourcie de son savoir fait saliver de cupidité, il se retrouvera seul au bout de son parcours vers la Connaissance et la Sagesse, ne laissant à la postérité que le souvenir d'une mystification. 

Catherine Hermary-Vieille lui prête les idées du Siècle des Lumières, prônant l'usage de la raison face à l'obscurantisme religieux, chacun devant être libre de penser par lui-même pour se responsabiliser, développer sa spiritualité et oeuvrer au bien commun. S'y ajoute l'ouverture d'esprit d'un libre-penseur ayant beaucoup voyagé et s'étant confronté à la culture orientale, prêchant la tolérance, l'égalité et la fraternité. 

Au-delà de la découverte très convaincante d'un personnage historique hors du commun dont je ne connaissais pas grand chose, ce roman est aussi une réflexion sur le sens de la vie et la spiritualité qui ne m'a pas laissée indifférente. Encore une lecture très recommandable de cet auteur qui écrit vraiment fort bien. (5/5)

 

 

Citations :

 

Garde vive ta lumière intérieure. C'est elle, non la lampe qui la diffuse, qui est importante.
J'ai une philosophie, pas de religion. Ce que j'ai découvert vient de moi car je suis issu du Tout et destiné à y retourner. Tout est. Rien n'est.
Sans l'amour de Dieu, mon enfant, rites, hiérarchies et doctrines retomberaient instantanément en poussière. Cet amour n'a nul besoin d'être proclamé si tu le ressens profondément dans ton coeur. Dieu t'a créé pour que tu Le découvres, L'aimes et Le rejoignes seul. Tu en as la force.
Nos biens sont comme de l'eau qui court à travers les doigts. Nul ne peut la retenir mais cela ne signifie nullement que l'eau est perdue. Elle s'évapore, ou rejoint une nappe souterraine pour venir rafraîchir et désaltérer d'autres créatures. La plus grande force est la paix de l'esprit.

Les espoirs des hommes sont bien au-delà de leur courage, et ils se plaisent à rêver de miracles capables de remédier à leur manque de caractère.

Dieu, qui est infini, indéterminé et éternel, ne peut donner de limites. Si je tombais dans le ridicule de Le faire parler, je dirai qu'Il ignore ce mot. L'homme est une parcelle du Tout que vous pouvez appeler Dieu si cela vous plaît. Energies matérielle et spirituelle se prolongent. - Mais les lois, la religion, le patriotisme, tous ces codes moraux ne sont-ils pas nécessaires ? - Ce sont des limites. L'homme doit rester libre en face de lui-même. (...) Chacune de nos pensées, chacun de nos actes sont suivis d'effets inéluctables. Chacun paye pour ses propres erreurs. Les religions menacent et pardonnent comme un père qui fait les gros yeux avant d'offrir un bonbon. Voilà encore qui est traiter l'homme en enfant. Mais qui se sait responsable de lui-même comprendra qu'il se leurre et se corrigera. 

Qui peut prétendre imposer sa vérité ? Plus que d'autorité, l'homme a besoin d'exemples. Qui est prêt à tout perdre, les découvre seul et les suit.

Dans la Bible et le Nouveau Testament, Dieu s'ingénie à reprendre d'une main ce qu'il a offert de l'autre. Le paradis terrestre se change en lieu d'exil et de mort, la femme devient serpent, les frères se tuent, le peuple choisi est jeté en exil, les rois d'Israël se couvrent la tête de cendre, Jésus est lapidé et crucifié. Ne voyez-vous pas la main de l'homme dans ces incohérences ? La religion des prophètes est la discipline des peuples dans l'enfance dont l'obéissance à la loi est la seule vertu. Il ne faut ni l'exalter, ni la condamner. On ne peut affirmer à priori que l'Ecriture soit vraie et divine. Elle ne l'est que si la raison y trouve la lumière et la vérité.

Il n'y a qu'une seule vérité, c'est la raison. Renoncez à réfléchir et vous devenez esclave.

Chacun est responsable de soi. Dieu n'est pas un dû mais une récompense. Il ne s'impose pas, Il se découvre. Il ne juge ni ne punit, seul l'homme se juge et se punit lui-même. Ne laisse pas un corps éphémère et mortel garder par avidité, sensualité ou conformisme ton âme prisonnière. Libère-toi...

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