jeudi 28 février 2019

[Slimani, Leïla]







             BILAN DE LECTURE :


              6  Livres lus : 

 

              3  Coups de coeur (5/5)
              2 Beaucoup aimés (4/5)
              1  Aimé (3/5)








BIOGRAPHIE :

Leïla Slimani, née le 3 octobre 1981 à Rabat au Maroc, est une journaliste et écrivain franco-marocaine. Elle a notamment reçu le prix Goncourt 2016 pour son deuxième roman Chanson douce.


BIBLIOGRAPHIE :

(Les 💓 indiquent mes coups de coeur et leur intensité)


    -     La Baie de Dakhla : Itinérance enchantée entre mer et désert (2013)
  💓    Dans le jardin de l'ogre (2014)
💓💓  Chanson douce (2016)
    -     Le diable est dans les détails (2016)
    -     Sexe et mensonges : La vie sexuelle au Maroc (2017)
    -     Simone Veil, mon héroïne (2017)
    -     Comment j'écris : Conversation avec Eric Fottorino (2018)
  💓    Le pays des autres 1 (2020)
    -      Le parfum des fleurs la nuit (2021)
    -      Le pays des autres 2 - Regardez-nous danser (2022)


[Slimani, Leïla] Chanson douce






 

Coup de coeur 💓💓

Titre : Chanson douce

Auteur : Leïla SLIMANI

Editeur : Gallimard

Parution : 2016 (Prix Goncourt 2016)

Pages : 240








Présentation de l'éditeur :

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d'un cabinet d'avocats, le couple se met à la recherche d'une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l'affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu'au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c'est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l'amour et de l'éducation, des rapports de domination et d'argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
 

 

Avis :

Un couple engage une nounou pour ses enfants, qui s'avère la perle absolue. La jeune femme prend de plus en plus d'importance au sein de la famille, et, peu à peu, se met en place un mécanisme d'aliénation qui va aboutir à la catastrophe. 
Le roman s'ouvre d'emblée, comme un choc, sur la scène finale du drame, harponnant d'emblée le lecteur et installant une tension qui ne va plus le lâcher jusqu'au point final. Peu à peu, dans un style neutre et implacable, va se dévoiler l'engrenage qui a piégé les personnages. Leur psychologie est habilement explorée, et chacun de frissonner en s'identifiant à eux. D'ailleurs, que savons-nous réellement des personnes qui nous entourent ? Savons-nous percer les simples apparences et ne pas rester aveugle à la souffrance ? Combien de signes avant l'irréparable ? 
Nul doute que si vous avez une nounou, vous ne la verrez plus du même oeil après cette lecture. Un immense coup de coeur pour ce livre coup de poing, riche d'une très juste observation de notre société. (5/5)
 

 

Du même auteur sur ce blog :

 

 
 


 

[Slimani, Leïla] Dans le jardin de l'ogre





 

Coup de coeur 💓

 

Titre : Dans le jardin de l'ogre

Auteur : Leïla SLIMANI

Editeur : Gallimard

Parution : 2014

Pages : 224








Présentation de l'éditeur :

"Une semaine qu'elle tient. Une semaine qu'elle n'a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Elysées, du musée d'Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n'a pas bu d'alcool et elle s'est couchée tôt. Mais cette nuit, elle en a rêvé et n'a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s'est introduit en elle comme un souffle d'air chaud. Adèle ne peut plus penser qu'à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d'un pied sur l'autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu'on la saisisse, qu'on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu'elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit. Elle voudrait n'être qu'un objet au milieu d'une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu'on lui pince les seins, qu'on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l'ogre".
 

 

Avis :

La présentation par l'éditeur m'avait fait fuir. Mon immense coup de cœur pour Chanson douce m'a fait revenir vers ce roman dérangeant sur la nymphomanie. Que de souffrances et de détresse chez Adèle, incapable de mettre fin à sa fuite en avant destructrice, ne récoltant que honte et solitude de son effroyable addiction. Et quelle consternation lorsqu'on comprend la cause profonde de son comportement, tellement indicible qu'elle n'est que suggérée par l'auteur. Car l'ogre a un visage, le plus impensable de tous, même si personne autour d'Adèle ne s'en doute le moins du monde. Cet ogre a dévasté Adèle dès l'enfance, la rendant incapable d'aimer, de s'aimer et de se sentir aimée : Adèle n'a plus d'existence qu'au travers du désir d'autrui. 

En ne faisant que suggérer l'indicible d'Adèle, Leïla Slimani parvient à faire ressentir au lecteur le poids du tabou et de la chape de silence qui enferment la jeune femme dans sa névrose. 

J'ai terminé ce livre avec un grand sentiment de tristesse, pour la descente aux enfers d'Adèle, mais aussi pour le désarroi de son mari et leur isolement à tous les deux. Tout comme Chanson douce, Le jardin de l'ogre est un électrochoc, qui vous saisit dès la première ligne et vous poursuit bien au-delà du point final. Les deux romans ont en commun des enfances fracassées, des enfants "dévorés", par les adultes les plus proches. (5/5)

 

 

Citation :

Les gens insatisfaits détruisent tout autour d’eux.
 

 

Du même auteur sur ce blog :

 
 





[Slimani, Leïla] Le diable est dans les détails





 

J'ai aimé

Titre : Le diable est dans les détails

Auteur : Leïla SLIMANI

Editeur : Editions de l'Aube

Parution : 2016

Pages : 64








Présentation de l'éditeur : 

« Leïla Slimani a reçu le prix Goncourt 2016 pour Chanson douce paru chez Gallimard. Remarquée dès son premier roman, Dans le jardin de l'Ogre, publié lui aussi chez Gallimard, Leïla Slimani a obtenu un immense succès de librairie. Ce livre-ci rassemble les textes qu'elle a écrits pour Le 1. Six petits bijoux, chacun doté d'une force qui impressionne, servis par une plume déliée, un regard tout en finesse, qu'il s'agisse de courtes nouvelles à la Tchekhov - Le diable est dans les détails - ou de textes engagés : ainsi Intégristes je vous hais, rédigé dans l'urgence et la rage au lendemain des attentats du 13 novembre 2015. Nous vous proposons ainsi de mieux connaître les multiples facettes d'une jeune auteure dont la voix n'a pas fini de nous interpeller, tantôt par un murmure, tantôt par un cri. » Éric Fottorino, Directeur de l'hebdomadaire Le 1.
 

 

Avis :

Eric Fottorino signe l'introduction de ce très court recueil de nouvelles et de chroniques de Leïla Slimani, parues dans le 1, hebdomadaire qu'il dirige et qui traite chaque semaine une grande question d'actualité à travers les regards d'artistes et d'experts. 
Ces textes écrits entre fin 2014 et début 2016, au lendemain des attentats islamistes commis en France, sont un cri de colère. A l'heure où d'autres refusent d'offrir leur haine aux terroristes, Leïla Slimani clame la sienne, déplorant la faiblesse des réactions des gouvernements occidentaux ligotés dans leurs conflits d'intérêts : vente d'armes, relations avec le Qatar... 
Leïla Slimani se révèle une femme passionnée et engagée, consciente des devoirs de dissidence et de lutte contre l'obscurantisme de la littérature, terreau de liberté, d'ouverture d'esprit et de tolérance. Elle dit ici clairement et courageusement ce qu'elle pense, dans son style incisif et percutant. (3/5)

 

 

Citation :

Parce qu'elle est un immense espace de liberté, où l'on peut tout dire, où l'on peut côtoyer le mal, raconter l'horreur, s'affranchir des règles de la morale et de la bienséance, la littérature est plus que jamais nécessaire. Elle ramène de la complexité et de l'ambiguïté dans un monde qui les rejette. Elle peut ausculter, sans fard et sans complaisance, ce que nos sociétés produisent de plus laid, de plus dangereux et de plus infâme. Elle demande du temps dans un monde où tout est rapide, où l'image et l'émotion l'emportent sur l'analyse. Mais pour jouer pleinement son rôle, elle doit être à la hauteur d'elle-même et de ces idéaux.
 

 

Du même auteur sur ce blog :


[Lange, Eric] Le sauveteur de touristes

 

 

 

 

 

 J'ai aimé

 

Titre : Le sauveteur de touristes

Auteur : Eric LANGE

Editeur : Taurnada

Parution : 2015

Pages : 268









Présentation de l'éditeur : 

« Je suis le sauveteur de touristes. C'est mon métier, une sorte de détective privé ne travaillant que sur des affaires de touristes en perdition. Les cas les plus courants sont les emprisonnements pour trafic et consommation de drogues illégales, mais les plus intéressants sont les disparitions, volontaires ou non.
Cette histoire est celle de ma première enquête. Elle m'entraîne à New York, Bangkok, Goa, Tanger et Alice Springs, à la recherche d’Émilie. Émilie, la fille qui peut détruire notre monde. Si elle le veut. »
Un roman passionnant au croisement du thriller, du carnet de route et de l'aventure.
 

 

Avis :

Un reporter de guerre, licencié après un "différend" avec son patron, se retrouve contraint à la reconversion professionnelle. Il devient détective privé, spécialisé dans la recherche de touristes disparus. Sa première enquête l'emmène sur les traces d'une jeune Française volatilisée en Thaïlande. Le lecteur se met en sa compagnie à sillonner la planète en tout sens et se retrouve entraîné dans des aventures échevelées qui, par certains côtés, ne dépareraient pas celles de James Bond : méchant mégalomane capable de détruire l'humanité, technologies futuristes, décors dépaysants et rebondissements multiples sont autant d'ingrédients qui tiennent en haleine jusque la fin originale. 

Au-delà du thriller et du récit d'aventure teintés de science-fiction, ce roman est aussi une satire sociale au ton mordant : tout en fustigeant le tourisme de masse aveugle aux réalités sordides des pays traversés, ainsi que les medias uniquement occupés à vendre des émotions au détriment de leur vrai devoir d'information, Eric Lange soulève les questions de l'extrème-virtualité et de l'intelligence artificielle sans conscience. 
J'ai trouvé cette lecture agréable et addictive, mais j'en émerge mitigée et un peu sur ma faim : trop rapide pour creuser complètement les nombreux thèmes abordés, trop exagérée pour convaincre tout à fait, elle m'a en tout cas donné l'envie de découvrir un peu plus cet auteur dont j'ai apprécié le cynisme provocateur et l'humour sarcastique. (3/5)

mercredi 27 février 2019

[Diamant, Anita]




 

 

         BILAN DE LECTURE :


          5  Livres lus : 

 

          4  Coups de coeur (5/5)
          1  Aimé (3/5)


 

 

 

 

 

BIOGRAPHIE :

Anita Diamant est américaine, née en 1951. Après des études de Littérature Comparée et d'Anglais aux Etats-Unis, elle a commencé sa carrière en 1975, comme journaliste freelance, publiant des articles dans des magazines (Boston Globe magazine, Parenting magazine, New England Monthly, Yankee, Self, Parents...). Elle est l'auteur de 5 romans, dont le plus connu est The Red Tent. Le plus récent, Boston Girl est également un best-seller. Elle a aussi écrit plusieurs guides de pratique juive contemporaine, ainsi qu'une autobiographie. Elle vit à Newton dans le Massachusetts. Elle y est la présidente fondatrice de Mayyim Hayyim : centre spirituel et éducatif autour du Mikvé (bain rituel utilisé pour l'ablution nécessaire aux rites de pureté familiale dans le judaïsme. C'est l'un des lieux centraux de la vie communautaire juive, avec la synagogue et l'école juive).


BIBLIOGRAPHIE (uniquement les romans) :

(Les 💓 indiquent mes coups de coeur et leur intensité)

 

💓💓  The Red Tent (1997), en Français : La tente rouge (2000)
    -      Good Harbor (2002)
  💓    The Last Days of Dogtown (2005) 
  💓    Day After Night (2009)
  💓    The Boston Girl (2014), en Français : Boston Girl (2016)


THEMES RECURRENTS :

Religion juive, place du féminin dans notre civilisation, portraits de femmes, région de Cape Ann / Boston / Dogtown (Massachusetts, côte Nord-Est des USA)

[Diamant, Anita] Boston Girl






Coup de coeur 💓

 

Auteur : Anita DIAMANT

Traducteur : Sarah DALI

Titre : Boston Girl

Parution originale : 2014 chez Scribner

Parution française : 2016 chez Hugo Roman 

Pages : 342






 

 

Présentation de l'éditeur :  

The Boston Girl, c’est Addie Baum, née en 1900 de parents immigrés polonais, peu préparés et plutôt suspicieux à l’égard de la culture américaine qui tentent d’élever leurs trois filles dans la tradition juive de l’Europe de l’Est. Mais la curiosité et l’intelligence d’Addie la propulse dans un tout autre monde, fait de jupes courtes, de films, de livres et de nouvelles opportunités pour les femmes. Un monde dans lequel une fille termine le lycée, va à l’université, a une carrière et trouve l’amour par elle-même.

Le récit commence en 1985, lorsque la petite-fille d’Addie lui demande :  "Comment es-tu devenue la femme que tu es aujourd’hui ?" Et Addie, alors âgée de 85 ans, entreprend le récit de sa vie, à partir de 1915, année où elle rejoint un groupe de lecture pour filles, découvre sa voie et se fait des amis qui lui permettent de fuir son quotidien. Petit à petit, elle envisage un avenir différent, bien loin de celui de sa famille et ces changements ne se feront pas sans souffrance et sacrifice ; avec en arrière-plan les transformations culturelle et politique de l’époque telles que le mouvement des Suffragettes ou l’entrée en guerre des Etats-Unis.

Addie raconte son parcours avec tendresse pour la jeune fille naïve qu’elle était, avec empathie pour la femme qu’elle est devenue, le tout avec humour. Ainsi voir cette jeune femme s’élever de sa condition, trouver son chemin grâce à la littérature, et traverser les bouleversements sociopolitiques du début du XXe siècle est absolument réjouissant et captivant.

Anita Diamant dresse un magnifique portrait d’une femme qui, tout à la fois représente et a contribué à créer, la définition de la femme moderne.
  

 

Avis :

Addie Baum naît à Boston en 1900, de parents pauvres, juifs polonais fraîchement immigrés. Alors que ceux-ci tentent, envers et contre tout, d'élever leurs enfants dans la tradition juive, Addie fait tout pour s'intégrer dans la société américaine et devenir une femme moderne. Au fil des évènements majeurs du XXème siècle, elle va vivre l'émancipation féminine : travailler, opérer des choix nouveaux pour l'époque, faire preuve d'indépendance. 

Anita Diamant nous livre un beau portrait de femme, vivant et attachant, reflet de tout le chemin parcouru par la condition féminine en un siècle. Le récit est porté par la voix d'Addie, qui, vieille dame, se raconte à sa petite-fille. Cela apporte à l'histoire une intéressante mise en perspective et une touchante coloration légèrement nostalgique. Addie est une femme de tempérament et sa vie riche en rebondissements s'avère captivante. Peut-être un peu trop pour être totalement réaliste ? Addie incarne l'émancipation progressivement acquise de la femme moderne, l'optimisme, la volonté et le succès. Elle réussit tout ce qu'elle touche, quand nombre des femmes qui l'entourent illustrent les drames auxquels elle échappe : mariages arrangés malheureux, opprobre en cas de relations hors mariage, suicides, avortements clandestins, maltraitance, impossibilité de faire des études... La réalité est sans doute plus subtile et plus compliquée, plusieurs générations s'avérant souvent nécessaires pour réussir les grandes mutations. 

Quoi qu'il en soit, même si peut-être parfois un peu trop simpliste et rapide, ce roman est à la fois intéressant (que de chemin parcouru en un siècle !) et très plaisant à lire. On retrouve ici plusieurs thématiques récurrentes dans l'oeuvre d'Anita Diamant : la judaïcité, de beaux portraits de femmes, la côte du Massachusetts (Boston, Cape Ann, Dogtown), dans une version encore une fois complètement différente de celle de ses précédents romans, et elle aussi hautement recommandable. Coup de coeur. (5/5)


Du même auteur sur ce blog : 



[Diamant, Anita] Good Harbor





J'ai aimé

Auteur : Anita DIAMANT

Titre original : Good Harbor

Parution originale : 2002

Editeur : Scribner

Pas de traduction française

Pages : 256









Présentation de l'éditeur :  

Anita Diamant, whose rich portrayal of the biblical world of women illuminated her acclaimed international bestseller The Red Tent, now crafts a moving novel of contemporary female friendship.

Good Harbor is the long stretch of Cape Ann beach where two women friends walk and talk, sharing their personal histories and learning life's lessons from each other. Kathleen Levine, a longtime resident of Gloucester, Massachusetts, is maternal and steady, a devoted children's librarian, a convert to Judaism, and mother to two grown sons. When her serene life is thrown into turmoil by a diagnosis of breast cancer at fifty-nine, painful past secrets emerge and she desperately needs a friend. Forty-two-year-old Joyce Tabachnik is a sharp-witted freelance writer who is also at a fragile point in her life. She's come to Gloucester to follow her literary aspirations, but realizes that her husband and young daughter are becoming increasingly distant. Together, Kathleen and Joyce forge a once-in-a-lifetime bond and help each other to confront scars left by old emotional wounds.

  

Avis :

A Gloucester, sur la côte du Massachusetts, au Nord-Est des Etats-Unis, deux femmes se lient d'amitié : Kathleen, la soixantaine, bibliothécaire pour enfants, vient d'apprendre son cancer du sein, nouvelle qui la terrifie et fait ressurgir les fantômes de proches disparus. Joyce, la quarantaine, vient d'acquérir une résidence secondaire dans la ville, où elle se réfugie pour tenter d'écrire un roman et fuir un foyer désormais souvent déserté par un mari de plus en plus accaparé par son travail et leur fille en plein crise d'adolescence. 

L'écriture fluide et pleine de sensibilité rend la lecture plutôt plaisante. Toutefois, l'histoire, trop "ordinaire" à mon goût, n'a pas réussi à me captiver et ne me laissera pas de souvenir notable. En somme, le livre relate, sans profondeur particulière, le mal être de deux femmes banales dans une vie banale de nos jours aux Etats-Unis. Anita Diamant a choisi un environnement qu'elle connaît bien : elle habite la même région, pour laquelle elle partage ici son attachement, et elle fait elle aussi partie d'une communauté juive qui semble, d'après l'ensemble de ses publications, beaucoup compter pour elle. Au-delà de ses deux caractéristiques, rien de vraiment remarquable et donc un bilan en demi-teinte pour une lecture juste correcte qui sera vite oubliée. (3/5) 


En cliquant sur les titres, accédez à mes autres chroniques de livres d'Anita Diamant :

 

[Diamant, Anita] Day After Night





Coup de coeur 💓

 

Auteur : Anita DIAMANT

Titre : Day After Night

Parution : 2009

Editeur : Scribner

Pas de traduction française

Pages : 320









Présentation de l'éditeur :  

Named a Best Book of the Year by The Washington Post and The Salt Lake Tribune.
Just as she gave voice to the silent women of the Hebrew Bible in The Red Tent, Anita Diamant creates a cast of breathtakingly vivid characters—young women who escaped to Israel from Nazi Europe—in this intensely dramatic novel.

Day After Night is based on the extraordinary true story of the October 1945 rescue of more than two hundred prisoners from the Atlit internment camp, a prison for “illegal” immigrants run by the British military near the Mediterranean coast south of Haifa. The story is told through the eyes of four young women at the camp who survived the Holocaust: Shayndel, a Polish Zionist; Leonie, a Parisian beauty; Tedi, a hidden Dutch Jew; and Zorah, a concentration camp survivor. Haunted by unspeakable memories and losses, afraid to hope, the four of them find salvation in the bonds of friendship and shared experience even as they confront the challenge of re-creating themselves in a strange new country.

Diamant’s triumphant novel is an unforgettable story of tragedy and redemption that reimagines a singular moment in history with stunning eloquence.
  

 

Avis :

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la Palestine, alors sous mandat britannique, n'a pas encore été partitionnée entre état arabe et état juif. Peuplé d'un tiers de Juifs pour deux tiers d'Arabes, ce territoire voit les conflits entre les deux communautés se multiplier, alors qu'affluent les survivants de l'Holocauste. L'immigration juive en Palestine est contingentée de manière draconienne, et les arrivants se retrouvent parqués dans des camps de réfugiés.

Anita Diamant nous emmène dans le camp d'Atlit et nous fait partager l'attente de plusieurs femmes en provenance de toute l'Europe. Suspendue entre un passé insupportable avec lequel il faut apprendre à vivre, et un avenir bien incertain, chacune subit sa détention comme elle peut. J'ai commencé cette lecture avec appréhension, craignant d'avoir du mal à affronter l'indicible. Celui-ci plane comme un fantôme sur le récit, mais est toujours abordé de manière contenue, au travers de flash-backs retraçant le parcours de chacune de ces femmes. Qu'elles réagissent par la volonté d'oublier, la colère ou la dépression, presque toujours la vie est la plus forte, et à travers la souffrance, c'est la reconstruction d'une nouvelle existence qui est tout l'enjeu ici.

De nombreux romans ou films (tout au moins français) retraçant la fuite de Juifs pendant l'Occupation s'arrêtent au passage de nos frontières. Pourtant, au-delà, l'inconnu ne fait que commencer : comment reconstruire une nouvelle existence après avoir tout perdu, jusqu'à toute confiance en l'humanité ? Anita Diamant nous livre un très beau roman sur un sujet immensément difficile, écrit avec beaucoup d'empathie, de pudeur et de compassion. Coup de coeur. (5/5)

 

Du même auteur sur ce blog : 


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[Diamant, Anita] La tente rouge


 

 

Coup de coeur 💓💓

 

Auteur : Anita DIAMANT

Traducteur : Lisa ROSENBAUM

Titre original : The Red Tent

Parution originale : 1997

Parutions en Français :

Première édition en 2000 chez Robert Laffont, sous le titre La Fille de Jacob. Réédition en poche par Charleston en 2016.

Adaptation télévisée : 2014 par Lifetime TV

Pages : 412





 

Présentation de l'éditeur : 

1 500 av. J.-C., aux confins du désert.
Dina, la seule fille de Jacob, un puissant patriarche, vit dans l'ombre de la tente rouge, cet endroit interdit aux hommes où les femmes de la tribu échangent secrets et rites ancestraux. Ainsi goûte-t-elle, très jeune, aux fruits défendus : une liberté et une indépendance inimaginables au temps de la Bible.
Devenue femme à son tour, Dina succombe aux délices de l'amour et se donne à Shalem, l'homme qu'elle aime, bravant ainsi les interdits de son clan. Cela, les fils de Jacob ne peuvent l'admettre. Par une nuit d'épouvante, le destin de Dina bascule.
Pour survivre, elle est contrainte de se réfugier en Égypte, et d'enfouir dans sa mémoire les secrets de sa jeunesse. Parviendra-t-elle un jour à vivre pleinement ?
« Ce livre célèbre les femmes et les filles, ainsi que les mystères de la vie. » - Los Angeles Times
  

 

Avis :

Nous sommes en 1500 avant JC, en bordure du désert de Canaan. 
Dans la tribu de Dina, seule fille du puissant patriarche Jacob, la tente rouge est un endroit strictement réservé aux femmes, qui, parfois en compagnie de leurs enfants, s'y confinent pendant leurs menstrues. Elles y échangent secrets et rites ancestraux, dont s'imprègne ainsi Dina dès son plus jeune âge. Devenue femme, celle-ci enfreint les interdits de sa communauté en se donnant à l'homme qu'elle aime. Ses frères ne pensent qu'à venger leur déshonneur et s'ensuit une terrible nuit où Dina est contrainte de s'exiler en Egypte pour sauver sa vie.

Le premier intérêt de ce roman a été pour moi la découverte d'une très vieille histoire biblique, racontée d'une manière très humaine et vivante, parfaitement réaliste, sans prosélytisme religieux. Anita Diamant a choisi le point de vue des femmes, en centrant le récit sur Dina, montrant comment le féminin et la procréation ont pu revêtir un caractère sacré à cette époque. Le récit rythmé est soutenu par un style fluide et agréable, qui sait rendre passionnante la découverte d'une facette des fondations de notre culture et civilisation. 
Une bonne surprise et un coup de coeur. (5/5)

 

Du même auteur sur ce blog :

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[Diamant, Anita] The Last Days of Dogtown


 

 

Coup de coeur 💓

 

Auteur : Anita DIAMANT

Titre : The Last Days of Dogtown

Parution : 2005

Editeur : Scribner

Pas de traduction française

Pages : 320








Présentation de l'éditeur :  

“An excellent novel. A lovely and moving portrait of society’s outcasts…affirms the essential humanity of its poor and stubborn residents, for whom each day of survival is a victory” (The New York Times Book Review).
Set on the high ground at the heart of Cape Ann, the village of Dogtown is peopled by widows, orphans, spinsters, scoundrels, whores, free Africans, and “witches.” Among the inhabitants of this hamlet are Black Ruth, who dresses as a man and works as a stonemason; Mrs. Stanley, an imperious madam whose grandson, Sammy, comes of age in her brothel; Oliver Younger, who survives a miserable childhood at the hands of his aunt; and Cornelius Finson, a freed slave. At the center of it all is Judy Rhines, a fiercely independent soul, deeply lonely, who nonetheless builds a life for herself against all imaginable odds.
Rendered in stunning, haunting detail, with Anita Diamant’s keen ear for language and profound compassion for her characters, The Last Days of Dogtown is an extraordinary retelling of a long-forgotten chapter of early American life.
  

 

Avis :

Anita Diamant a imaginé la vie des habitants d'un lieu aujourd'hui disparu : Dogtown, à l'époque du récit village moribond que ses derniers habitants quittent un à un. 

On retrouve le cadre géographique qui tient tant à coeur à Anita Diamant et qui abritait déjà son précédent roman (Good Harbor) : Cape Ann, sur la côte du Massachusetts, au Nord-Est des Etats-Unis. Cette fois, nous sommes au milieu du XIXème siècle. 

Dogtown est un surnom, car n'y subsistent que quelques parias et laissés pour compte, que les quolibets ravalent au rang de chiens. Dans ce village misérable en train de tomber en ruines, la vie n'est plus en fait qu'une survie. 

On y suit le destin des habitants : veuves, orphelins, prostituées, esclaves affranchis, ivrognes, autant de malheureux, pauvres diables, chiens perdus sans collier, que la ville voisine considère comme le rebut de la société, mais qu'Anita Diamant nous dépeint avec tendresse, dans toute leur humanité, leur détresse et leur dignité. 

Après ma déception à la lecture de Good Harbor, j'ai retrouvé ici avec plaisir le souffle épique qui animait La tente rouge. Dans un cadre et une atmosphère palpables et réalistes, se succèdent une série de portraits tous vivants, crédibles et attachants, avec leur lot de mesquinerie, de violence et de cruauté, mais aussi d'entraide et d'amour. La tonalité générale du livre est mélancolique et suscite l'émotion. Coup de coeur. (5/5)


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