J'ai beaucoup aimé
Titre : Cotton County
(The Twelve-Mile Straight)
Auteur : Eleanor HENDERSON
Traductrice : Amélie JUSTE-THOMAS
Parution : 2017 en américain (4th Estate Ltd),
2019 en français (Albin Michel)
Pages : 656
Présentation de l'éditeur :
Cotton County, Géorgie, 1930. Elma Jesup, une jeune femme blanche, fille
du métayer du domaine, met au monde deux jumeaux. L’un est blanc,
l’autre mulâtre. Accusé de l’avoir violée, Genus Jackson, un ouvrier
agricole noir, est aussitôt lynché par une foule haineuse avant que son
corps ne soit traîné le long de la route qui mène au village le plus
proche.
Malgré la suspicion de la communauté, Elma élève ses enfants de son
mieux sous le toit de son père avec l’aide de Nan, une jeune domestique
noire qu’elle considère comme sa sœur. Mais le récent drame a mis à mal
des liens fragiles qui cachent bien des secrets. Jusqu’à faire éclater
une vérité douloureuse qui va confronter chaque membre de la communauté à sa responsabilité dans la
mort d’un homme et dans la division irrévocable d’une famille.
Alternant flashbacks et points de vue avec brio, Eleanor Henderson signe une grande épopée américaine qui conjugue l’intimité d’un drame et le foisonnement d’une fresque historique sur fond de Grande Dépression. Dans la grande tradition des romans du Sud, un récit puissant, servi par des personnages de chair et de sang et par une langue d’une infinie beauté.
Alternant flashbacks et points de vue avec brio, Eleanor Henderson signe une grande épopée américaine qui conjugue l’intimité d’un drame et le foisonnement d’une fresque historique sur fond de Grande Dépression. Dans la grande tradition des romans du Sud, un récit puissant, servi par des personnages de chair et de sang et par une langue d’une infinie beauté.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Née en Grèce en 1979, Eleanor Henderson a grandi en Floride et étudié en Virginie. Son premier roman, Alphabet City
(Sonatine, 2013), a été largement salué par la presse et récompensé par
le Prix du Meilleur Roman du Los Angeles Times. Il a par ailleurs été
retenu dans la sélection des dix meilleurs livres de l’année 2011 du New
York Times et adapté au cinéma par Shari Springer Berman et Robert
Pulcini.
L’auteur vit aujourd’hui à Ithaca, New York, avec son mari et leurs deux
enfants. Cotton County est son deuxième roman.
Avis :
Nous sommes en 1930, en Géorgie, dans le sud des Etats-Unis où le racisme tue : les lynchages sont monnaie courante et Genus Jackson, employé agricole noir à la ferme de Jesup Juke, n’a pas eu le temps de fuir avant son exécution sauvage et collective. Mais qui est donc le véritable meneur de cette action punitive, liée à une double naissance, celle d’un garçon noir et d’une fille blanche déclarés jumeaux par Elma, la fille de Jesup Juke ? Genus a-t-il vraiment violé Elma déjà enceinte, comme l’affirment les Juke ?
Dans ce village isolé, cul-de-sac de la seule route non revêtue qui y conduit, la vie se déroule en un véritable huis-clos où les haines couvent telles des braises sous la cendre. Et il faut dire qu’elles se sont accumulées, depuis des générations que triomphe à Cotton County la loi du plus fort : celle du propriétaire sur les métayers et sur les employés de la filature de coton, celle des blancs sur les noirs, celle des hommes sur les femmes, celle de l’alcool de contrebande en ces temps de prohibition, et, toujours, celle du silence.
La vérité finira pourtant par éclater, entraînant avec elle la résurgence de secrets beaucoup plus anciens, et démontrant qu’à Cotton County, personne n’est vraiment ni noir ni blanc, parfois au propre comme au figuré. Ne se dévoilant que peu à peu, au fil des pages de ce long et dense récit qui tâtonne vers la lumière en de multiples allers-retours temporels, elle surprendra chaque personnage autant que le lecteur, tant chacun était prisonnier des mensonges et des silences qui rongeaient la communauté.
Construit comme un extraordinaire mille-feuilles dont la complexité contribue à restituer l’enchevêtrement des destins, les ignorances et les incompréhensions, au final les souffrances d’autant plus douloureuses et dévastatrices qu’elles demeuraient cachées, le récit plonge le lecteur dans une atmosphère noire et étouffante, une tragédie qui se renforce des perceptions tronquées de ses protagonistes et qui empile les drames de génération en génération.
Les personnages, restitués dans toute leur ambivalence, y sont profondément humains. Et c’est toute la force du livre de parvenir à expliquer sans simplifier, de mêler attachement et répulsion dans une narration dont le lecteur ne sortira pas indemne. Cotton County est en effet de ces livres qui vous hantent longtemps après leur dernière page, tant leur ambiance est parvenue à s’insinuer en vous et leurs personnages à prendre vie dans votre tête. (4/5)
Dans ce village isolé, cul-de-sac de la seule route non revêtue qui y conduit, la vie se déroule en un véritable huis-clos où les haines couvent telles des braises sous la cendre. Et il faut dire qu’elles se sont accumulées, depuis des générations que triomphe à Cotton County la loi du plus fort : celle du propriétaire sur les métayers et sur les employés de la filature de coton, celle des blancs sur les noirs, celle des hommes sur les femmes, celle de l’alcool de contrebande en ces temps de prohibition, et, toujours, celle du silence.
La vérité finira pourtant par éclater, entraînant avec elle la résurgence de secrets beaucoup plus anciens, et démontrant qu’à Cotton County, personne n’est vraiment ni noir ni blanc, parfois au propre comme au figuré. Ne se dévoilant que peu à peu, au fil des pages de ce long et dense récit qui tâtonne vers la lumière en de multiples allers-retours temporels, elle surprendra chaque personnage autant que le lecteur, tant chacun était prisonnier des mensonges et des silences qui rongeaient la communauté.
Construit comme un extraordinaire mille-feuilles dont la complexité contribue à restituer l’enchevêtrement des destins, les ignorances et les incompréhensions, au final les souffrances d’autant plus douloureuses et dévastatrices qu’elles demeuraient cachées, le récit plonge le lecteur dans une atmosphère noire et étouffante, une tragédie qui se renforce des perceptions tronquées de ses protagonistes et qui empile les drames de génération en génération.
Les personnages, restitués dans toute leur ambivalence, y sont profondément humains. Et c’est toute la force du livre de parvenir à expliquer sans simplifier, de mêler attachement et répulsion dans une narration dont le lecteur ne sortira pas indemne. Cotton County est en effet de ces livres qui vous hantent longtemps après leur dernière page, tant leur ambiance est parvenue à s’insinuer en vous et leurs personnages à prendre vie dans votre tête. (4/5)
Citation :
Lorsqu’on vous a fait du mal, il vous faut parfois faire du mal en retour à ceux que vous aimez, pour être capable de supporter l’amour que vous leur vouez.
Un livre qui me donne vraiment envie chroniques après chroniques !
RépondreSupprimerC'est à mon avis un très bon livre, à ne pas manquer !
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