mardi 18 juin 2019

[Bradbury, Jamey] Sauvage





Coup de coeur 💓

 

Titre : Sauvage (The Wild Inside)

Auteur : Jamey BRADBURY

Traducteur : Jacques MAILHOS

Parution :
en américain chez William Morrow (2018) 
en français chez Gallmeister (2019)

Pages : 320





 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

A dix-sept ans, Tracy Petrikoff possède un don inné pour la chasse et les pièges. Elle vit à l’écart du reste du monde et sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités sauvages de l’Alaska. Immuablement, elle respecte les trois règles que sa mère, trop tôt disparue, lui a dictées : «ne jamais perdre la maison de vue», «ne jamais rentrer avec les mains sales» et surtout «ne jamais faire saigner un humain». Jusqu’au jour où, attaquée en pleine forêt, Tracy reprend connaissance, couverte de sang, persuadée d’avoir tué son agresseur. Elle s’interdit de l’avouer à son père, et ce lourd secret la hante jour et nuit. Une ambiance de doute et d’angoisse s’installe dans la famille, tandis que Tracy prend peu à peu conscience de ses propres facultés hors du commun.

Flirtant avec le fantastique, ce troublant roman d’initiation nous plonge dans l’intimité d’une jeune fille singulière qui s’interroge sur sa nature profonde.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Jamey Bradbury est née en 1979 dans le Midwest et vit en Alaska depuis quinze ans. Elle a été réceptionniste, actrice, secouriste et bénévole à la Croix Rouge. Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et l’engagement auprès des services sociaux qui soutiennent les peuples natifs de l’Alaska. Sauvage est son premier roman.

 

 

Avis :

Tracy a dix-sept ans et, depuis la mort de sa mère, vit avec son père et son plus jeune frère dans leur maison isolée en plein cœur de l'Alaska. La jeune fille, dotée d'instincts étrangement sauvages, ne vit que pour les grands espaces enneigés, la chasse, et ses chiens de traîneaux qu'elle entraîne pour la grande course annuelle de l'Iditarod. Sa vie bascule lorsqu'elle est victime d'une agression dans la forêt, suivie de l'arrivée chez eux d'un jeune employé qui cache sa vraie identité et ne leur sert que mensonges quant à son passé.

Doutes et suspicion s'installent alors dans l'esprit de Tracy, qui va en secret se préparer à défendre sa famille et son territoire. Les péripéties s'enchaîneront dans un lourd climat d'angoisse, la jeune fille affrontant à sa manière les menaces diffuses qui semblent peu à peu se préciser, dans un crescendo plein de surprises qui la mènera à une issue imprévue et inéluctable.

Le récit entretient l'angoisse et la curiosité dans un suspense réussi : impossible de lâcher cette histoire à l'atmosphère très particulière, où les instincts sauvages de Tracy prennent vite une dimension fantastique, dépassant la simple proximité avec la nature et les capacités de survie dans les conditions extrêmes du Grand Nord. Si j'ai parfois eu un peu de mal avec certains de ses aspects sanglants et peu ragoûtants, je me suis au final laissée emporter avec plaisir par ce roman palpitant, à l'écriture efficace et rythmée, qui plonge le lecteur dans la tête de Tracy et dans un univers bicolore de neige et de sang. Le tout est paradoxalement plutôt crédible, en dehors des capacités particulières de Tracy, qui font par ailleurs penser à certaines croyances chez quelques peuples et tribus aux origines anciennes.

Le roman fait la part belle à la nature, au travers des paysages, de la faune et des conditions climatiques de l'Alaska, dans une évocation très dynamique de ses beautés et de ses dangers. On en entend presque le silence, entrecoupé des aboiements des chiens de traîneaux...

Thriller teinté de fantastique et d'horreur, Sauvage est un roman addictif à l'atmosphère étrangement prégnante, qui pourra parfois dérouter, mais qui ne laissera personne indifférent. Coup de coeur. (5/5)

 

 

Citations :

C’était ainsi que Jesse Goodwin opérait, comme j’allais le remarquer au cours des semaines suivantes. Je ne l’ai jamais entendu faire la moindre suggestion. Il ne parlait jamais en premier, il se matérialisait en provenance de nulle part et semblait vaquer tranquillement à ses occupations, jusqu’à ce que Papa le remarque. Là, il ne disait toujours rien, attendait que Papa commence à poser des questions ou à jeter les bases de l’idée que Jesse avait déjà eue. Puis Jesse acquiesçait, disait que c’était une bonne idée, faisait en sorte que Papa ait l’impression que leur nouveau projet venait de lui. L’eau ne suit pas un cours rectiligne, elle contourne les arbres et les rochers, se faufile par les cols des montagnes, sans jamais cesser de descendre jusqu’à son but. À observer Jesse, j’ai commencé à apprendre que, pour obtenir ce que l’on veut, il est parfois plus simple de prendre son temps et de contourner les obstacles au lieu de tenter de passer en force.

Je me sentais comme toujours avec les gens, je ne sondais que des surfaces, je collais mon oreille contre un mur pour entendre le marmonnement qui émanait de l'intérieur. En regrettant de ne pas pouvoir fabriquer de porte, trouver un chemin vers le dedans.

 

 

Le coin des curieux :

L’Iditarod est la plus grande et la plus célèbre course de traîneaux à chiens : tous les ans en mars, depuis 1973, elle rassemble les meilleurs attelages au monde. Le parcours s’étire sur près de 1 800 kilomètres, entre Anchorage et Nome, en Alaska, principalement à travers la taïga : il faut entre 8 et 15 jours aux mushers et à leurs 16 chiens pour les parcourir.

Cette compétition est aussi parfois appelée « route du sérum » ou « course de la miséricorde », en raison de l’exploit qu’elle commémore : pendant l’épidémie de diphtérie qui frappa la ville de Nome au cours de l’hiver 1925, alors que les intempéries bloquaient l’acheminement de sérum par air et par mer, un attelage de chiens réussit à faire la jonction. Le leader des chiens, Balto, a sa statue près du zoo de Central Park à New York, et dans le centre d’Anchorage en Alaska.

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