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Titre : Un bûcher sous la neige (Corrag)
Auteur : Susan FLETCHER
Traductrice : Suzanne V. MAYOUX
Parution : 2010 en anglais (Fourth Estate)
et en français (Plon)
Pages : 408
Présentation de l'éditeur :
Au cœur d'une période de désordre politique et religieux, dans l'Ecosse
des massacres et des rois rivaux du XVIIe siècle, Corrag, jeune fille
maudite accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Le révérend Charles Leslie a fait le voyage depuis l'Irlande pour venir
l'interroger sur les massacres dont elle a été témoin. Dans le
clair-obscur d'une prison putride, les ombres du révérend et de la «
sorcière » Corrag se frôlent et tremblent à la lueur de la bougie.
Mais la voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes et des terreurs qu'elle inspire, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Et Charles, peu à peu, ne voit plus en elle la créature maudite. Du coin de sa cellule, émane une lumière, une sorte de grâce, d'innocence primale. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu'il brûle d'écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi.
Chaque jour, ce récit continue, comme une longue confession, Charles suit Corrag à travers les High lands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire, entre clans ennemis et jets de pierres, de villages en grands espaces. Et chaque soir, à travers ses lettres à Jane, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son innocence est son péché, et le bûcher qui l'attend le supplice d'un agneau.
Mais la voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes et des terreurs qu'elle inspire, par-delà ses haillons et sa tignasse sauvage. Et Charles, peu à peu, ne voit plus en elle la créature maudite. Du coin de sa cellule, émane une lumière, une sorte de grâce, d'innocence primale. Et lorsque le révérend retourne à sa table de travail, les lettres qu'il brûle d'écrire sont pour sa femme Jane, non pour son roi.
Chaque jour, ce récit continue, comme une longue confession, Charles suit Corrag à travers les High lands enneigés, sous les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse des heures de chevauchée solitaire, entre clans ennemis et jets de pierres, de villages en grands espaces. Et chaque soir, à travers ses lettres à Jane, il se rapproche de Corrag, la comprend, la regarde enfin et voit que son innocence est son péché, et le bûcher qui l'attend le supplice d'un agneau.
Un mot sur l'auteur :
Susan Fletcher est née à Birmingham en 1979. Son premier roman La fille de l'Irlandais, grand succès de librairie, a reçu le prestigieux prix Whitbread. Elle a aussi publié Un bûcher sous la neige, Avis de tempête et Les reflets d’argent.
Avis :
En 1692, l'Angleterre envoya ses soldats massacrer par traîtrise les membres du clan McDonald, qui avait tardé à prêter allégeance à Guillaume III d'Angleterre : ce fut le massacre de Glencoe, dans les Highlands écossais. A partir de ce fait historique, l'auteur a brodé sa propre légende autour d'un personnage imaginaire : Corrag, jeune Anglaise issue d'une lignée de femmes ostracisées pour leur indépendance et exécutées pour sorcellerie.
Corrag attend le bûcher, lorsqu'elle reçoit dans son cachot la visite du révérend Charles Leslie, personnage réel qui, fervent jacobite, tenta de soutenir la cause des Stuart contre le roi Guillaume : c'est lui qui rendit public ce qui advint à Glencoe. Dans le roman, il vient secrètement interroger Corrag en tant que témoin du drame. La jeune femme raconte : son enfance persécutée en Angleterre, sa fuite solitaire jusqu'à Glencoe où elle fut accueillie sans préjugés, et finalement, la tragédie qui intéresse tant Charles Leslie.
Mêlant fiction et faits historiques, cette longue et vaste fresque bien construite présente plusieurs points d'accroche : campé dans le magnifique écrin de nature des Highlands qu'il met avantageusement en valeur, le récit fait agréablement découvrir un fait historique qui a marqué l'Ecosse. C'est aussi un hommage aux plus de cent mille femmes considérées "sorcières" et tuées en Europe entre les XIV et XVIème siècles, qui m'a fait penser à celui de Catherine Hermary-Vieille dans sa trilogie Les Dames de Brières.
Je n'ai malheureusement pas pu vraiment m'attacher aux personnages insuffisamment crédibles : Charles Leslie, peu fouillé, est plutôt inconsistant, basculant trop rapidement des pires préjugés à une grande estime pour la prisonnière, bêlant d'amour dans ses lettres à son épouse, où il expose en détails et sans crainte des prises de position politique qui pourraient lui valoir la mort. Jusqu'à son emprisonnement, Corrag se tire de tous les mauvais pas avec une facilité bien improbable, et fait preuve de raisonnements sans doute assez incongrus chez une paysanne sans éducation de cette époque. La fin est quant à elle un peu décevante de facilité.
On pourra aussi trouver l'ensemble parfois trop lyrique et débordant d'un excès de bons sentiments, affaibli par quelques longueurs et répétitions. Nonobstant ces défauts, le roman reste intéressant et se lit avec plaisir, porté par un souffle épique, la beauté des paysages d'Ecosse et un hommage à des hommes et des femmes qui connurent un destin cruel, causé par une diablerie toute humaine. (3/5)
Corrag attend le bûcher, lorsqu'elle reçoit dans son cachot la visite du révérend Charles Leslie, personnage réel qui, fervent jacobite, tenta de soutenir la cause des Stuart contre le roi Guillaume : c'est lui qui rendit public ce qui advint à Glencoe. Dans le roman, il vient secrètement interroger Corrag en tant que témoin du drame. La jeune femme raconte : son enfance persécutée en Angleterre, sa fuite solitaire jusqu'à Glencoe où elle fut accueillie sans préjugés, et finalement, la tragédie qui intéresse tant Charles Leslie.
Mêlant fiction et faits historiques, cette longue et vaste fresque bien construite présente plusieurs points d'accroche : campé dans le magnifique écrin de nature des Highlands qu'il met avantageusement en valeur, le récit fait agréablement découvrir un fait historique qui a marqué l'Ecosse. C'est aussi un hommage aux plus de cent mille femmes considérées "sorcières" et tuées en Europe entre les XIV et XVIème siècles, qui m'a fait penser à celui de Catherine Hermary-Vieille dans sa trilogie Les Dames de Brières.
Je n'ai malheureusement pas pu vraiment m'attacher aux personnages insuffisamment crédibles : Charles Leslie, peu fouillé, est plutôt inconsistant, basculant trop rapidement des pires préjugés à une grande estime pour la prisonnière, bêlant d'amour dans ses lettres à son épouse, où il expose en détails et sans crainte des prises de position politique qui pourraient lui valoir la mort. Jusqu'à son emprisonnement, Corrag se tire de tous les mauvais pas avec une facilité bien improbable, et fait preuve de raisonnements sans doute assez incongrus chez une paysanne sans éducation de cette époque. La fin est quant à elle un peu décevante de facilité.
On pourra aussi trouver l'ensemble parfois trop lyrique et débordant d'un excès de bons sentiments, affaibli par quelques longueurs et répétitions. Nonobstant ces défauts, le roman reste intéressant et se lit avec plaisir, porté par un souffle épique, la beauté des paysages d'Ecosse et un hommage à des hommes et des femmes qui connurent un destin cruel, causé par une diablerie toute humaine. (3/5)
Le coin des curieux :
Le massacre de Glencoe s'est déroulé dans la vallée de Glen Coe en Écosse, le 13 février 1692.
Après le renversement de Jacques II en 1688, Guillaume III d'Orange-Nassau devint roi d'Angleterre, d'Irlande et d'Ecosse. Une importante minorité fidèle aux Stuart, les Jacobites, refusa de lui prêter allégeance. C'est un retard de quelques jours dans la signature du serment d'allégeance à Guillaume par les McDonald de la vallée de Glen Coe, qui servit de prétexte au massacre. Trente-huit hommes du clan écossais furent tués par les cent vingt soldats royaux menés par un membre du clan rival des Campbell, à qui ils avaient accordé l'hospitalité. Quarante femmes et enfants moururent de froid après l'incendie de leurs maisons. Le massacre devint un symbole pour la propagande jacobite, dont une des grandes figures fut Charles Leslie, ancien prêtre de l'Église d'Irlande et protagoniste du roman Un bûcher sous la neige.
L'époque victorienne vit un regain d'intérêt pour cet évènement, qui commença à se retrouver romancé dans l'art et la littérature, comme par Walter Scott dans La Veuve des Highlands. Un mémorial a été érigé dans le village de Glencoe, où ont lieu plusieurs cérémonies commératives annuelles, organisées notamment par la Clan Donald Society d'Édimbourg et le Scottish Republican Socialist Party, mouvement nationaliste écossais.
Le souvenir du massacre est resté vif dans la mémoire populaire écossaise et a alimenté les dissensions entre MacDonald et Campbell. Jusqu'à la fin du XXe siècle, le Clachaig Inn, hôtel et pub de Glencoe, affichait sur sa porte « Pas de Colporteurs ni de Campbellnote ».
Deux frères MacDonald fuirent en Irlande et changèrent leur nom en McKern. Leurs descendants ont émigré en Argentine et en Australie lors de la Grande Famine des années 1850. L'acteur australien Leo McKern en est issu.
Après le renversement de Jacques II en 1688, Guillaume III d'Orange-Nassau devint roi d'Angleterre, d'Irlande et d'Ecosse. Une importante minorité fidèle aux Stuart, les Jacobites, refusa de lui prêter allégeance. C'est un retard de quelques jours dans la signature du serment d'allégeance à Guillaume par les McDonald de la vallée de Glen Coe, qui servit de prétexte au massacre. Trente-huit hommes du clan écossais furent tués par les cent vingt soldats royaux menés par un membre du clan rival des Campbell, à qui ils avaient accordé l'hospitalité. Quarante femmes et enfants moururent de froid après l'incendie de leurs maisons. Le massacre devint un symbole pour la propagande jacobite, dont une des grandes figures fut Charles Leslie, ancien prêtre de l'Église d'Irlande et protagoniste du roman Un bûcher sous la neige.
L'époque victorienne vit un regain d'intérêt pour cet évènement, qui commença à se retrouver romancé dans l'art et la littérature, comme par Walter Scott dans La Veuve des Highlands. Un mémorial a été érigé dans le village de Glencoe, où ont lieu plusieurs cérémonies commératives annuelles, organisées notamment par la Clan Donald Society d'Édimbourg et le Scottish Republican Socialist Party, mouvement nationaliste écossais.
Le souvenir du massacre est resté vif dans la mémoire populaire écossaise et a alimenté les dissensions entre MacDonald et Campbell. Jusqu'à la fin du XXe siècle, le Clachaig Inn, hôtel et pub de Glencoe, affichait sur sa porte « Pas de Colporteurs ni de Campbellnote ».
Deux frères MacDonald fuirent en Irlande et changèrent leur nom en McKern. Leurs descendants ont émigré en Argentine et en Australie lors de la Grande Famine des années 1850. L'acteur australien Leo McKern en est issu.
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