dimanche 17 janvier 2021

[Dillard, François-Xavier] Prendre un enfant par la main

 


 

 

J'ai aimé

 

Titre : Prendre un enfant par la main

Auteur : François-Xavier DILLARD

Parution : 2020 (Belfond)

Pages : 336

 

  

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Lorsque vous lâchez la main de votre enfant, êtes-vous certain de pouvoir la serrer de nouveau un jour ?
Quatre ans après la disparition de leur fille Clémentine dans le naufrage d’un voilier, Sarah et Marc sont rongés par la culpabilité et la tristesse. Jusqu’à ce que de nouvelles voisines emménagent sur le même palier avec leur enfant, Gabrielle, dont la ressemblance avec Clémentine est troublante. Au contact de cette adolescente vive et enjouée, Sarah reprend peu à peu goût à la vie. Mais lorsque le destin de Gabrielle bascule dans l’indicible, les démons que Sarah avait cru pouvoir retenir se déchaînent une seconde fois.
Prends ma main, mon cœur. Ne la lâche pas, quoi qu’il arrive. Serre-la fort !

 

Un mot sur l'auteur :

Né en 1971, François-Xavier Dillard écrit depuis 2012. Il a publié : Un vrai jeu d'enfant (2012, Fais-le pour maman (2014), Austerlitz 10.5 (co-écrit avec Anne-Laure Béatrix, 2016), Ne dis rien à papa (2017), Réveille-toi ! (2018).

 

 

Avis :

Marc et Sarah ne se sont jamais remis de la perte de leur fille de dix ans, Clémentine, disparue en mer alors que leur voilier essuyait une tempête. Leur émotion est donc immense lorsque, quatre ans après la catastrophe, une adolescente ressemblant beaucoup à la défunte emménage avec ses deux mères dans leur luxueux immeuble des beaux quartiers de Paris. Entre Sarah et Gabrielle se noue très vite un lien affectif fort, qui ne va pas tarder à s’avérer déterminant quand la jeune fille se retrouvera dans de bien sales draps…

Le roman exploite le thème immensément sensible et dramatique de la perte d’un enfant, une tragédie encore plus difficile à surmonter quand, au chagrin, vient se mêler le sentiment de culpabilité d’avoir failli dans son rôle de parents. A ce premier désastre s’en ajoute ici un second : celui de la souffrance de la fratrie qui se sent à jamais supplantée, dans l'âme des parents, par l’enfant disparu. C’est cette facette de l’histoire, annoncée par la très juste citation d’Annie Erneaux en introduction - « Les parents d’un enfant mort ne savent pas ce que leur douleur fait à celui qui est vivant. » -, qui m’a semblé la plus intéressante et la plus touchante.

Car, pour le reste, l’auteur n’y va tellement pas avec le dos de la cuillère que l’émotion s’en trouve presque soufflée par une sorte de surenchère dans le sensationnel. Que ce soit pour Marc et Sarah, mais aussi pour cet autre personnage qui, – n’en jetez plus, la cour est pleine -, a vécu un drame similaire, la puissance du séisme est telle qu’elle les jette dans une série de paroxysmes bien plus à même de servir la dramaturgie que la crédibilité du roman. 

Si la finesse de l’intrigue peut donc s’avérer décevante, le lecteur pourra néanmoins se laisser envahir par la montée d’une tension souvent explosive, jusqu’à la surprise d’un dénouement d’une tristesse infinie. Plus qu’un véritable suspense, c’est d’ailleurs la perception d’une situation constamment sur le point de dévisser qui entretient l’angoisse. Le rythme est soutenu, le style efficace et l’évocation puissante, faisant de cette lecture un moment captivant et plaisant.

Au final, c’est sur une impression mitigée que je referme ce livre. Certes addictif, enlevé et d’une construction maîtrisée, il m’a durablement gênée par l’impression d’une surenchère, un peu facile et sensationnelle, d’effets dramatiques nuisant à sa vraisemblance. (3/5)

 

Citations :

— Tout à l’heure, vous avez dit que vous ne saviez pas si Sarah était folle ou simplement malheureuse… Vous savez ce qu’a écrit Emil Cioran à ce sujet ?  
— Sans doute quelque chose de pas très gai…  
— Non, pas très, mais de très juste. Il a dit : « La folie n’est peut-être qu’un chagrin qui n’évolue plus »…


 

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