dimanche 31 janvier 2021

[Palomar Custance, Francisco] Le fils du matador

 


 


J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Le fils du matador

Auteur : Francisco PALOMAR CUSTANCE

Parution : 2021 (Diagonale)

Pages : 240

 

  

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

En 1975, dans une famille espagnole immigrée en Belgique, Rodrigo rêve de devenir un grand matador comme son père, le fier et flamboyant Don Jésus. La rage au ventre, la furia au corps, Rodrigo n'a de cesse de fuir l'école pour retrouver son terrain de jeu et y affronter son taureau. A la mort de Franco, tout bascule.

Francisco Palomar Custance livre avec Le fils du matador un vibrant instantané de l'Espagne mythifiée. S'affranchir de la nostalgie du pays natal pour embrasser son avenir, telle est la quête initiatique qui colore ce premier roman.

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Né en 1963 en Belgique, de parents espagnols, Francisco Palomar Custance a suivi une formation de comédien et de mime. Il a réalisé et écrit plusieurs courts métrages.

 

 

Avis :

Installée en Belgique après avoir fui l’Espagne franquiste, la famille du jeune Rodrigo vit mal son exil. Pendant que la mère nourrit la maisonnée grâce à son emploi de femme de ménage, et que le père noie au bistrot la maladie qui le tient éloigné des Charbonnages, le fils ne rêve que de s’échapper de l’école et de devenir grand torero. La mort de Franco vient soudain rebattre les cartes.

Après un court métrage homonyme en 2017, Francisco Palomar Custance revient avec la même histoire, inspirée, au moins en partie, de sa propre enfance, et cette fois développée sous la forme d’un roman. Rejetant la réalité grise et triste d’une famille émigrée sans guère d’horizon ni de ressources, Rodrigo se réfugie dans ses fantasmes d’un pays natal de cocagne, où les vacances perpétuelles évitent aux enfants le souci de l’école, mais surtout, où son père, pense-t-il, était un héros, à l’opposé de cet homme aujourd’hui absent et démissionnaire, miné par l’alcool et la dépression.

Le récit, à hauteur de ce garçon de onze ans, possède le charme et l’authenticité des souvenirs et des émotions de l’enfance, tandis que, de rires en serrements de coeur, le lecteur se retrouve invité dans les rêves candides et rebelles d’un gamin turbulent, en mal de repères et en quête d’idéal. La tendresse amusée se teinte vite d’inquiétude, au fur et à mesure que le fils s’évade dans un avenir de chimères et le père dans un passé magnifié par la nostalgie. Alors que, dans cette famille, seules femme et fille rassemblent le courage d’affronter la réalité matérielle, père et rejeton s’enferment dans une bulle imaginaire dont on se prend à redouter l’inéluctable et désastreuse explosion.

Tout sonne juste dans ce roman habité par l’émotion tendre et mélancolique de l’auteur, qui retrace l’écrasant désarroi de parents déracinés, et revit les rêves et les illusions d’un enfant confusément en quête d’un bonheur familial perdu dans l’exil. Un bien joli roman, que l’on n'a aucune peine à imaginer, cette fois, en long métrage ! (4/5)

 

Citation :

Un Espagnol des grands espaces ensoleillés comme lui ne pouvait pas s’acclimater à un tel travail aussi rapidement. Il fallait des siècles pour s’accoutumer à ce pays, pour accepter que sa pluie glaciale et pénétrante vous tombe dessus continuellement. Un pays où il fallait vivre l’été à toute vitesse comme si son retour était remis en question chaque année.


 

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