J'ai beaucoup aimé
Titre : Chaleur humaine
Auteur : Serge JONCOUR
Parution : 2023 (Albin Michel)
Pages : 352
Présentation de l'éditeur :
Ceci est un roman total.
Entrelaçant l’histoire du monde et une histoire de famille, il embrasse notre présent et nos fautes passées. En quelques semaines, du début du mois de janvier 2020 à la fin du mois de mars, le quotidien d’une famille française va basculer en même temps que l’humanité.
Fuyant le confinement urbain, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux Bertranges, une ferme du Lot entre les collines et la rivière, où leurs parents vivent toujours. Les trois sœurs y retrouvent Alexandre, ce frère si rassurant avec qui elles sont pourtant en froid depuis quinze ans, ainsi que des animaux qui vont resserrer les liens du clan. Tandis que, du dérèglement climatique aux règlements de compte, des épidémies aux amours retrouvées, la nature reprend ses droits, ces hommes et ces femmes vont vivre un huis clos d’une rare intensité.
Avec Chaleur humaine, Serge Joncour nous tend un miroir vertigineux et, ce faisant, il ajoute une pierre essentielle à son œuvre.
Fuyant le confinement urbain, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux Bertranges, une ferme du Lot entre les collines et la rivière, où leurs parents vivent toujours. Les trois sœurs y retrouvent Alexandre, ce frère si rassurant avec qui elles sont pourtant en froid depuis quinze ans, ainsi que des animaux qui vont resserrer les liens du clan. Tandis que, du dérèglement climatique aux règlements de compte, des épidémies aux amours retrouvées, la nature reprend ses droits, ces hommes et ces femmes vont vivre un huis clos d’une rare intensité.
Avec Chaleur humaine, Serge Joncour nous tend un miroir vertigineux et, ce faisant, il ajoute une pierre essentielle à son œuvre.
Un mot sur l'auteur :
Serge Joncour a pratiqué différents métiers avant d'entrer en écriture. Ses romans, dont plusieurs ont été adaptés au cinéma, ont été couronnés de nombreux prix littéraires.Avis :
Nul besoin d’avoir lu « Nature humaine » pour savourer ce second volet, tendre et malicieux, des tribulations d’une famille française aux prises avec les transformations de son siècle. Nous sommes au printemps 2020 et une inquiétante épidémie pousse trois sœurs – elles qui s’étaient tant empressées, il y a une quinzaine d’années, de céder aux sirènes de la ville, à Toulouse, Rodez et Paris – à se réfugier avec mari et enfants aux Bertranges, la ferme familiale qu’à proximité de leurs parents désormais retraités, leur frère Alexandre continue de faire vivre au plus profond du Lot. Commence une cohabitation agitée, où griefs et non-dits n’auront pourtant d’autres choix que de s’effacer face à l’impondérable et brutale réalité des contingences.Mille petits riens peuplent cette chronique, au plus près du quotidien, du tsunami sanitaire qui ébranla le monde en venant lui rappeler ses fragilités. Ce sont eux qui, de personnages en images saisis par une plume fort naturellement travaillée, dessinent une docufiction saisissante de vie et de réalisme qui, avec l’incomparable puissance du roman, vient fixer dans nos mémoires cet épisode qui a surpris tout le monde mais qui en dit tant sur nos vies et sur notre place dans l’écosystème qu’est la planète. Tandis que l’on s’identifie sans peine aux attachants protagonistes diversement copiés sur la vie pour peindre la société dans son ensemble, l’on se retrouve transplanté, comme par une sorte de retour en un temps oublié par un monde vivant majoritairement hors-sol, dans un coin de nature préservé, une sorte d’image universelle de la France rurale.
Là, un Alexandre emblématique de ces agriculteurs mis au rancart par la société moderne voit soudain les regards se recentrer, alors que, dans le désarroi général des siens brutalement ramenés aux fondamentaux de la survie, il se retrouve dans le rôle inattendu de pilier de sa famille. Lui qui assistait dans l’indifférence générale à la lente mais inexorable transformation de son bout de territoire, les éoliennes bientôt plus présentes dans le paysage que les arbres décimés par les maladies et les parasites, récupère enfin un peu de l’attention et de la considération du monde, mais pour combien de temps ? De satisfactions rustiques en incidents divers imprimés en marge de ce confinement rural, le récit se colore de préoccupations environnementales débordant largement le seul contexte pandémique de la Covid-19.
Entrelaçant l’histoire mondiale à celle d’une famille, Serge Joncour nous tend un miroir de nos erreurs passées et de notre situation actuelle pour mieux nous inviter à réfléchir. Car, prévient-il, « la vie va d’une peur à l’autre, d’un péril à l’autre, en conséquence il convient de s’abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif. » (4/5)
Citations :
— Tu vois, papi, à force on n’a plus peur, lança Mathéo à son grand-père sans se retourner.
— Et t’avais peur de quoi, de la nuit ?
— Non, du virus, du confinement, tout ça…
— C’est bien. Alors dis-toi qu’un jour, de cette peur on en rira. Peut-être même qu’on la regrettera.
— Ah bon, pourquoi ?
Jean ne répondit pas tout de suite. Il avait cessé d’avancer, puis il continua tout bas, pour que personne ne l’entende, sinon Angèle dont il serra plus fort le bras :
— Parce qu’elle n’est rien au regard de toutes celles qui nous attendent.
— Et t’avais peur de quoi, de la nuit ?
— Non, du virus, du confinement, tout ça…
— C’est bien. Alors dis-toi qu’un jour, de cette peur on en rira. Peut-être même qu’on la regrettera.
— Ah bon, pourquoi ?
Jean ne répondit pas tout de suite. Il avait cessé d’avancer, puis il continua tout bas, pour que personne ne l’entende, sinon Angèle dont il serra plus fort le bras :
— Parce qu’elle n’est rien au regard de toutes celles qui nous attendent.
Jean et Angèle en restèrent là, sachant depuis longtemps qu’il en était ainsi : la vie va d’une peur à l’autre, d’un péril à l’autre, en conséquence il convient de s’abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif.
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