J'ai beaucoup aimé
Titre : Les âmes féroces
Auteur : Marie VINGTRAS
Parution : 2024 (Olivier)
Pages : 272
Présentation de l'éditeur :
« Ici, la nuit est belle. (…) Leo avance de tache de
lumière en tache de lumière et entre les deux, elle disparaît presque
entièrement. Elle est alors exactement ce qu’elle paraît être : la fille
qui glisse le long des murs, calme, discrète. La fille qui s’efface, la
fille qu’on oublie. »
Leo n’est pas rentrée et le printemps
s’entête dans sa douceur. Leo ne reviendra pas. La shérif Lauren Hobler
découvre son corps au milieu des iris sauvages. Autour de la mort
soudaine d’une jeune fille, Les Âmes féroces tisse plusieurs
destinées. Pour élucider un mystère, mais lequel ? Celui de Leo,
peut-être, et de ses silences. Celui de Lauren, coincée dans une petite
ville qui ne la prend pas au sérieux. Il y a aussi Benjamin, Seth et les
autres… Les gens de Mercy, qui pensent tous se connaître et en savent
si peu sur eux-mêmes.
Envoûtant, surprenant et d’une grande ampleur romanesque, Les Âmes féroces traque la part d’ombre de chacun.
Envoûtant, surprenant et d’une grande ampleur romanesque, Les Âmes féroces traque la part d’ombre de chacun.
Un mot sur l'auteur :
Marie Vingtras est née en 1972. Couronné par plusieurs prix, son roman Blizzard a rencontré un
vif succès en librairie. Les âmes féroces est son deuxième roman.
Avis:
Avocate de profession, Marie Vingtras aime les huis clos vénéneux où, bien à l’abri des regards, la férocité des âmes macère. Trois ans après son très remarqué premier roman Blizzard, cette passionnée de littérature américaine quitte les rudesses de l’Alaska pour les civilités d’une petite ville quelque part ailleurs aux Etats-Unis. A l’image de son climat plus tempéré, cette bourgade semble couler des jours paisibles. C’est que, en apparence moins brutal, le mal s’y fait plus insidieux.
Tout commence un jour pourtant comme les autres, lorsque le corps de Leo, une jeune fille sans histoire, est retrouvé en bordure de rivière et que l’autopsie conclut à un assassinat. A Mercy où tout le monde se connaît et où il ne se passe jamais rien, un trouble crispé s’installe. La nouvelle shérif Lauren Hobler, qui plus est l’objet de réticences mal voilées car non seulement femme mais aussi homosexuelle, patine dans une enquête peinant à percer les façades bien proprettes de la ville. Mais voilà que surgit un coupable idéal, Benjamin Chapman, un professeur de français dont on découvre à cette occasion qu’il est venu s’enterrer à Mercy suite à des accusations de détournement de mineure.
Comme dans Blizzard, quatre personnages mènent tour à tour le récit dans une succession de points de vue s’éclairant mutuellement. Découpé ainsi en quatre parties, le récit avance le temps de quatre saisons pour autant d’ambiances et de styles de narration. Au printemps du drame, la shérif en est aux questionnements et aux incertitudes : « c’était sans doute ce que les gens recherchaient ici, vivre à l’abri des regards, mais je n’étais plus tout à fait sûre que ce soit sain ». L’été vient accabler le professeur de tout le poids de ses culpabilités. L’automne déverse les révélations de celle qui, autrefois la meilleure amie de Leo, s’est peu à peu, par jalousie, muée en manipulatrice perverse, les failles et les zones d’ombre ne manquant pas dans le secret des personnalités entourant les jeunes filles. Enfin, l’hiver resserre ses griffes sur la douleur du père de Leo, jusqu’au dénouement, terrible et glaçant. Dans cette histoire, rien au final ne s‘avère ni blanc ni noir, alors que sous le vernis lisse de la tranquillité et de la respectabilité pourrissent en secret petitesses, rancoeurs et vilenies.
Maîtresse en tension et en suspense, Marie Vingtras l’est tout autant des descentes en profondeur dans l’âme humaine, dans ces replis cachés sous les apparences les plus tranquilles et ordinaires. Sous l’être social se dissimule bien des complexités et qui s’aventure en société est loin d’imaginer les invisibles courants qui font et défont les relations humaines, et parfois les vies et les réputations. « Avec le genre humain, on n’est jamais sûr de rien. »
Un second roman lui aussi très réussi, aussi addictif que crédible, pour un tableau marécageux des hypocrisies de la société américaine et de l’âme humaine. (4/5)
Tout commence un jour pourtant comme les autres, lorsque le corps de Leo, une jeune fille sans histoire, est retrouvé en bordure de rivière et que l’autopsie conclut à un assassinat. A Mercy où tout le monde se connaît et où il ne se passe jamais rien, un trouble crispé s’installe. La nouvelle shérif Lauren Hobler, qui plus est l’objet de réticences mal voilées car non seulement femme mais aussi homosexuelle, patine dans une enquête peinant à percer les façades bien proprettes de la ville. Mais voilà que surgit un coupable idéal, Benjamin Chapman, un professeur de français dont on découvre à cette occasion qu’il est venu s’enterrer à Mercy suite à des accusations de détournement de mineure.
Comme dans Blizzard, quatre personnages mènent tour à tour le récit dans une succession de points de vue s’éclairant mutuellement. Découpé ainsi en quatre parties, le récit avance le temps de quatre saisons pour autant d’ambiances et de styles de narration. Au printemps du drame, la shérif en est aux questionnements et aux incertitudes : « c’était sans doute ce que les gens recherchaient ici, vivre à l’abri des regards, mais je n’étais plus tout à fait sûre que ce soit sain ». L’été vient accabler le professeur de tout le poids de ses culpabilités. L’automne déverse les révélations de celle qui, autrefois la meilleure amie de Leo, s’est peu à peu, par jalousie, muée en manipulatrice perverse, les failles et les zones d’ombre ne manquant pas dans le secret des personnalités entourant les jeunes filles. Enfin, l’hiver resserre ses griffes sur la douleur du père de Leo, jusqu’au dénouement, terrible et glaçant. Dans cette histoire, rien au final ne s‘avère ni blanc ni noir, alors que sous le vernis lisse de la tranquillité et de la respectabilité pourrissent en secret petitesses, rancoeurs et vilenies.
Maîtresse en tension et en suspense, Marie Vingtras l’est tout autant des descentes en profondeur dans l’âme humaine, dans ces replis cachés sous les apparences les plus tranquilles et ordinaires. Sous l’être social se dissimule bien des complexités et qui s’aventure en société est loin d’imaginer les invisibles courants qui font et défont les relations humaines, et parfois les vies et les réputations. « Avec le genre humain, on n’est jamais sûr de rien. »
Un second roman lui aussi très réussi, aussi addictif que crédible, pour un tableau marécageux des hypocrisies de la société américaine et de l’âme humaine. (4/5)
Citations :
J’en ai profité pour appeler Janis et la prévenir que je rentrerais tard. Elle était déjà au courant de tout et ça m’a mis un sale goût dans la bouche de savoir que les mauvaises nouvelles circulent toujours plus vite que les bonnes.
De toute façon, on a jamais vu quelqu’un de pauvre expliquer la marche du monde à un plus riche, même chez les gosses.
Il n’y a que ceux qui ont tout ce qu’ils désirent qui peuvent marcher le nez en l’air. Les autres avancent les yeux rivés au sol en se demandant où se dissimule le prochain obstacle.
De toute façon, on a jamais vu quelqu’un de pauvre expliquer la marche du monde à un plus riche, même chez les gosses.
Il n’y a que ceux qui ont tout ce qu’ils désirent qui peuvent marcher le nez en l’air. Les autres avancent les yeux rivés au sol en se demandant où se dissimule le prochain obstacle.
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