lundi 21 décembre 2020

Interview de Jean-Pierre Bonnet, à l'occasion de la sortie de son roman Histoires à réécrire en novembre 2020

 


 

Bonjour Jean-Pierre Bonnet. Vous avez publié en novembre votre dernier roman, Histoires à réécrire, chroniqué sur ce blog.


Pouvez-vous décrire en quelques mots votre parcours ?

J’ai au départ une formation dite « scientifique », puisque je suis ingénieur de formation et que j’ai fait une carrière dans l’industrie, pour gagner ma vie comme on dit, mais j’ai toujours écrit depuis l’âge de 20 ans. Je change complètement de vie dans les années 95 et participe à une entreprise de presse qui publie des revues mensuelles entre autres. Cette aventure m’amène au journalisme. Mes premiers romans cohabitent un certain temps avec la presse, mais depuis quelques années, à raison de la publication d’un roman par an, j’ai dû abandonner le métier de correspondant de presse.


Quand et comment êtes-vous venu à l’écriture de romans ? Que représente pour vous l’acte d’écrire ?

Jeune, j’écrivais de petites pièces de théâtre. De mes connaissances acquises en faisant le journaliste, j’ai tiré un premier roman policier, caricaturant la vie locale, celle où j’habite, l’île de Ré, imaginant un fait divers angoissant pour les Rétais : on fait sauter le pont ! Ce roman a un certain succès local. A la même période, pour me changer les idées, je fais le chemin de Compostelle (voie de Vézelay 1850 kms) et, fort du premier succès, j’en tire un recueil de nouvelles qui lui aussi marche bien. Je décide alors de me consacrer uniquement à l’écriture : nous sommes en 2004.


Quels sont les sujets qui vous inspirent ? Vous reconnaissez-vous dans l’Ecole de Brive ?

J’aime bien écrire sur les rapports humains, dans la cellule familiale, mais aussi dans le travail, la vie dans la cité, etc. La complexité du non-dit, des « quiproquos » qui engendrent des erreurs tragiques, des personnages qui « se ratent » : finalement l’amour et la haine sont très proches… Oui, bien sûr l’école de Brive a constitué ma base de lancement : les grands du domaine m’ont servi de « phares », quelques uns ont bien voulu me donner des conseils. Aujourd’hui, j’écris aussi des romans policiers et je crois que mes sujets pourraient s’inscrire dans une thématique plus générale.


Vos personnages et vos histoires sont-ils totalement imaginaires ? Comment vous imprégnez-vous du cadre de vos livres ?

L’histoire est toujours imaginaire, mais mes personnages sont toujours réels. A savoir, je prends des gens normaux que je place dans des situations « anormales ». Le lecteur doit pouvoir s’identifier, « qu’aurais-je fait à sa place ? » Je m’intéresse beaucoup à l’histoire récente de 1940 à l’an 2000. C’est tout proche, et pourtant il y a eu tellement de bouleversements dans notre cadre de vie que l’on s’imagine que c’est déjà de l’histoire ancienne. Je fais toujours un gros travail d’iconographie, pour être très précis sur l’environnement, les époques, le mode de vie de mes personnages : comment s’habillaient-ils, qu’écoutaient-ils à la radio ? Qu’est-ce qui se projetait dans les salles de cinéma ? Quels évènements politiques ? Quels faits divers ?… Cela amène mes lecteurs (en tous les cas ceux qui partagent mon grand âge) à me confier « on a replongé dans notre passé, nos souvenirs. » Par ailleurs, sans doute parce qu’elles ne sont pas toutes glorieuses, certaines années ne sont pas souvent évoquées : le lendemain de la guerrre avec l’épuration, les années de la quatrième république avec la guerre d’Indochine, les années avec celle d’Algérie… Alors j’aime enquêter sur ces époques.

 

Parlez-nous d’Histoires à réécrire. Pourquoi cette histoire en particulier ?

Ce n’est pas la première fois que je reviens sur un sujet qui parle d’une enfance difficile. Cette fois la vengeance, le désir de comprendre pourquoi tant d’infamie, guident mon héros. J’avais envie également d’évoquer le monde de l’écriture, puisque mon héroïne féminine est une auteure à succès. Son comportement avec son mal d’écriture et la rencontre écrivain-lecteur, m’ont semblés propices à amener une touche plus légère au roman. Quant à l’argument du livre, j’avais déjà noté dans mon entourage la différence de traitement entre des enfants d’une même fratrie. Certains étaient choyés et adulés, d’autres rejetés et oubliés. Les différences physiques ou la conduite des enfants n’expliquaient pas toujours ces écarts d’affection. J’ai toujours pensé qu’il pouvait y avoir d’autres raisons, plus secrètes, plus intimes : les enfants expiant alors des fautes dont ils ne sont en rien responsables.


En matière d’écriture, avez-vous un modèle de référence ? De quels auteurs vous sentez-vous le plus proche ?

Etant un grand lecteur (la chance m’a fait tombé en lecture très jeune) j’ai beaucoup de modèles ! Hélas aussi dans des genres très différents. Se sentir proche de l’un d’eux serait faire preuve de fatuité. Je me contenterais de mentionner Marcel Pagnol dont la trilogie des « souvenirs d’enfance » m’a toujours bouleversé.

 

Avez-vous d’autres passions en dehors des livres ?

La marche bien sûr (on ne fait pas trois fois le camino sans raison). Les voyages, s’il n’y a pas trop de temps d’avion… J’adore Venise, Rome, Barcelone, Lisbonne, la vallée du Nil (quand elle était accessible).


Après ce livre tout récemment publié, avez-vous déjà d’autres projets d’écriture ?

Bien sûr ! Avec les problèmes de cette année, il y a même désormais un trop plein de manuscrits ! J’en ai deux sous le coude, aptes à l’envoi, et un autre que je peaufine.

 

Merci Jean-Pierre Bonnet d’avoir répondu à mes questions.


Retrouvez ici ma chronique d'Histoires à réécrire.




 


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