samedi 5 décembre 2020

Interview de Pierre Lagier, à l'occasion de la sortie de son dernier roman "Digitales pourprées" en novembre 2020

 


 

Bonjour Pierre Lagier. Vous avez publié en novembre votre dernier roman, Digitales Pourprées, chroniqué sur ce blog.

 

Vous êtes journaliste, consultant en communication et écrivain. Pouvez-vous décrire en quelques mots votre parcours ?

Mon métier de base est le journalisme. Je l'ai exercé principalement en presse écrite, et plus particulièrement au sein du journal "La Montagne" de Clermont-Ferrand.

Le choix de ce métier a été motivé par ma curiosité et le pressentiment, vérifié depuis, que l’on pouvait, à travers cette profession, se former de manière permanente et pluridisciplinaire, ce que peu d’autres activités autorisent.

La communication, que j’ai pratiquée en qualité d’enseignant et de conseil, est venue ensuite, pour répondre à la demande de personnes qui s’interrogeaient sur la manière dont travaillaient les journalistes, quels étaient leurs besoins en terme d’informations et quelle était la nature des rapports qu’il fallait avoir avec eux.

L’écriture littéraire, elle, s’est imposée quand j’ai réalisé que, pour reprendre une phrase de Mauriac : « seule la fiction ne ment pas, elle ouvre sur la vie d’un homme une porte dérobée… ». Après avoir traqué la vérité par le biais du journalisme, accéder à cette même exigence à travers le prisme de la fiction m’a paru une gageure intéressante.

 

Quand et comment êtes-vous venu à l’écriture de romans ?
Que représente pour vous l’acte d’écrire ?

Quand on me demande comment naissent mes romans, je dis souvent qu’au début il y a une phrase qui s’installe dans mon esprit et m’obsède. Je me dis que s’il en est ainsi, c’est que cette phrase renvoie à quelque chose de mystérieux, d’intime et, qui sait, peut-être d’inconscient. Ecrire, consiste donc à suivre la piste qu’ouvre cette phrase et aller au bout du bout ou, comme le disait Alain Robbe Grillet quand il définissait la littérature : « aller au bout de sa propre impasse ». C’est comme ça que j’ai écrit depuis des années bien avant qu’en 2001 « Dimanche à Miel », mon premier roman, soit publié.

 

Digitales Pourprées est à la fois un thriller et un roman ancré dans un terroir, la Corrèze. Vous vous intéressez aux secrets de famille, à la transmission d’une génération à l’autre, aux racines des personnages. Ces thèmes et ces lieux semblent revenir souvent au fil de vos différents livres. Pourquoi sont-ils si importants pour vous ?

Un écrivain qui, je crois, était Valéry, a dit qu’un romancier écrivait toujours le même livre. Ce qu’il voulait dire c’est qu’il abordait toujours le même sujet mais sous des angles différents afin de l’approfondir. Je réalise, avec ce huitième roman, que tous ceux que j’ai publiés tournent en effet autour de la thématique de la famille, de ses secrets, de l’amour, de la transmission, etc.

Si ce thème est important pour moi, c’est parce que la famille est ce qu’il y a de plus important dans ma vie. C’est ce qui lui donne un sens.

Mais, à la réflexion, je n’ai pas consciemment choisi ce thème. Ce sont ces petites phrases du début dont je parlais qui en décident, pour moi, malgré moi, mais en quelque sorte avec mon assentiment.


Le personnage de Vincent Lubin est-il totalement imaginaire ?

Je pense qu’un personnage, quel qu’il soit, n’est jamais totalement imaginaire sans non plus être le portrait, par exemple, de l’auteur. Il me semble qu’un romancier met de lui-même dans quasiment tous ses personnages. Les plus sympathiques mais aussi les autres. C’est quand même un privilège de pouvoir être un mauvais garçon littérairement parlant, tout en restant quelqu’un de respectable dans l’existence.


Le suspense est particulièrement présent dans Digitales Pourprées. Comment êtes-vous parvenu à le construire ? Avez-vous planifié à l’avance le moindre détail de cette histoire, ou sa trame s’est-elle en partie «imposée» au fur et à mesure ?

Comme je l’ai dit dans une précédente question, tout démarre par une phrase, une idée qu’ensuite je suis. J’ignore où elle va me conduire et même si elle me conduira quelque part. Quand je commence un roman, je ne sais pas comment il va se terminer, ni par quelles étapes il va passer. C’est un peu comme quand on se promène en forêt, qu’on voit un joli petit chemin et qu’on s’y engage sans savoir où il mène. C’est excitant.


En matière d’écriture, avez-vous un modèle de référence ? De quels auteurs vous sentez-vous le plus proche ?

Je n’ai pas de modèle au sens où je ne m’inspire de personne, mais mon Panthéon littéraire est plein d’auteurs très différents dont mes préférés sont certainement Marguerite Duras et Albert Camus. Mais dans les auteurs actuels, j’apprécie particulièrement Marie-Hélène Lafon et Patrick Modiano. J’ai aussi un faible pour les auteurs japonais, notamment Yoko Ogawa. Quant à me sentir proche d’un auteur, si cette proximité est affective ou admirative, ceux que je viens de citer restent mes favoris. Pour une proximité littéraire, je ne suis pas le mieux placé pour le dire. Être juge et partie n’a jamais été un gage de grande objectivité.


Avez-vous d’autres passions en dehors des livres ?

J’aime l’opéra et je répondais à un journaliste qui m’interrogeait sur ce que, dans l’idéal, j’aurais aimé faire, qu’être chanteur d’opéra m’aurait beaucoup plu, car je pense que l’on doit éprouver une jouissance tout particulière dans cet art. De manière plus accessible, j’aime aussi lire et marcher. J’apprécie également les rencontres qu’offrent la vie, qui sont généralement d’une grande richesse en raison de leur diversité.


Après ce livre tout récemment publié, avez-vous déjà d’autres projets d’écriture ?

J’écris tous les jours. J’ai, de ce fait, plusieurs romans en attente. Certains y resteront à jamais. D’autres, je l’espère, verront le jour. Deux sont actuellement entre les mains d’éditeurs. Je considère que dans cette quête de sens que représente l’écriture et cette manière d’aller « au bout de sa propre impasse », chaque roman constitue la marche d’un escalier conduisant vers une meilleure compréhension de soi. Pas pour se regarder le nombril en se disant qu’on est formidable, mais parce que mieux se connaître c’est mieux s’accepter et mieux accepter les autres, être plus civil et empathique.


Merci Pierre Lagier d’avoir répondu à mes questions.


Retrouvez ici ma chronique de Digitales Pourprées.




 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire