mardi 10 mars 2020

[Rash, Ron] Par le vent pleuré





Coup de coeur 💓

 

Titre : Par le vent pleuré (The Risen)

Auteur : Ron RASH

Traductrice : Isabelle REINHAREZ

Parution : en américain en 2016,
                en français en 2017 chez Seuil 

Pages : 208

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Dans une petite ville paisible au cœur des Appalaches, la rivière vient de déposer sur la grève une poignée d’ossements, ayant appartenu à une jeune femme. Elle s’appelait Ligeia, et personne n’avait plus entendu parler d’elle depuis un demi-siècle.

1967 : le summer of love. Ligeia débarque de Floride avec l’insouciance et la sensualité de sa jeunesse, avide de plaisirs et de liberté. C’est l’époque des communautés hippies, du Vietnam, de la drogue, du sexe et du Grateful Dead. Deux frères, Bill et Eugene, qui vivent bien loin de ces révolutions, sous la coupe d’un grand-père tyrannique et conservateur, vont se laisser séduire par Ligeia la sirène et emporter dans le tourbillon des tentations. Le temps d’une saison, la jeune fille bouleversera de fond en comble leur relation, leur vision du monde, et scellera à jamais leur destin – avant de disparaître aussi subitement qu’elle était apparue.

À son macabre retour, les deux frères vont devoir rendre des comptes au fantôme de leur passé, et à leur propre conscience, rejouant sur fond de paysages grandioses l’éternelle confrontation d’Abel et de Caïn.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Ron Rash, né en Caroline du Sud en 1953, a grandi à Boiling Springs et obtenu son doctorat de littérature anglaise à l’université de Clemson. Il a écrit à ce jour quatre recueils de poèmes, six recueils de nouvelles – dont Incandescences (Seuil, 2015), lauréat du prestigieux Frank O’Connor Award, et cinq autres romans, récompensés par divers prix littéraires : Sherwood Anderson Prize, O. Henry Prize, James Still Award. Une terre d’ombre (Seuil, 2014) a reçu le Grand Prix de Littérature policière. Ron Rash vit en Caroline du Nord et enseigne la littérature à la Western Carolina University.

 

 

Avis :

Les restes d’une jeune femme sont soudain retrouvés, près de la rivière qui borde cette petite ville tranquille de Caroline du Nord : il s’agit de Ligeia, disparue quarante-six ans plus tôt, en 1969, à l’issue d’un été où elle avait fréquenté en cachette les deux frères Bill et Eugène. Petits-fils du tout-puissant médecin, tyrannique et conservateur, qui tenait alors sous sa coupe, non seulement sa famille, mais aussi toute la ville, ils avaient alors été fascinés par la liberté de comportement de cette jeune hippie venue de Californie, qui les avait initiés au sexe, à l’alcool et à la drogue. Cette découverte macabre est pour les deux hommes, aujourd’hui sexagénaires, un fracassant retour du passé, qui va poser de bien sombres questions quant à leur responsabilité dans la mort de Ligeia.

La vérité psychologique des personnages rend parfaitement crédible cette histoire, d’ailleurs inspirée d’un véritable fait divers. Au-delà de l’affaire criminelle qui entretient suspense et curiosité, c’est à une plongée étouffante dans la société de cette petite ville américaine de la fin des années soixante que nous convie Ron Rash, à l’époque où le vent nouveau de la liberté se heurtait parfois violemment à l’autorité conservatrice.

Alors que la méchanceté et la noirceur du grand-père n’en finissent pas d’atterrer toujours plus le lecteur, les portraits de Ligeia et des deux frères prennent peu à peu une densité dramatique dont on sait l’inéluctable explosion, sans toutefois parvenir à s’en figurer le moment ni le comment. L’effet de surprise reste ainsi intact jusqu’au bout, dans un dénouement implacable et glaçant, où le poids de la responsabilité n’échoit clairement pas au plus grand coupable.

Instantané d’une époque en mutation et d’un détonnant conflit de générations, ce récit noir d’une lâche impuissance face à la tyrannie se lit en un souffle. Il vous laisse hanté par la question du doute et de la culpabilité, par cette infinie expiation qui aura été le corollaire d’une liberté chèrement payée. Coup de coeur. (5/5)

 

 

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