samedi 14 mars 2020

[Plamondon, Eric] Oyana






Coup de coeur 💓💓

 

Titre : Oayana

Auteur : Eric PLAMONDON

Editeur : Quidam

Année de parution : 2019

Pages : 152

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

« S’il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d’expliquer sa vie. »
Elle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au pays Basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Né au Québec en 1969, Éric Plamondon a étudié le journalisme à l’université Laval et la littérature à l’UQÀM (Université du Québec à Montréal). Il vit dans la région de Bordeaux depuis 1996 où il a longtemps travaillé dans la communication. Il a publié au Quartanier (Canada) le recueil de nouvelles Donnacona et la trilogie 1984 : Hongrie-Hollywood Express, Mayonnaise et Pomme S, publiée aussi en France aux éditions Phébus.
Taqawan (Quidam 2018) a reçu les éloges tant de la presse que des libraires et obtenu le prix France-Québec 2018 et le prix des chroniqueurs Toulouse Polars du Sud
.

 

 

Avis :

Ils se sont rencontrés à Mexico et vivent depuis vingt-trois ans à Montréal. Lui est médecin, elle dit s’appeler Nahua Sanchez, être née en France et, orpheline, avoir été élevée par ses oncle et tante au Mexique. Pourtant, lorsque les media annoncent la dissolution de l’ETA en 2018, la digue construite par Oyana pour tenir éloigné son passé rompt brutalement : elle décide enfin d’affronter la culpabilité qui la ronge depuis près d’un quart de siècle, un secret qui la tient éloignée de son pays basque natal sous une fausse identité. Elle va d’abord tenter de s’expliquer, par écrit, à travers un récit à l’intention de son compagnon, avant d’entamer son retour, chez elle, en Euskadi, pour tenter d’y exorciser ses fantômes.

L’histoire que dévoile peu à peu Oyana est l’occasion d’intéressants et parfois étonnants rappels historiques, quasi documentaires, sur le nationalisme basque et le rôle de l’ETA, mais aussi sur les liens entre pays basque et Québec, initiés par une longue tradition de chasse à la baleine qui amena les Basques à s’établir parmi les premiers à Saint-Pierre-et-Miquelon, et entretenus plus tard par une fraternité indépendantiste. C’est tout l’attachement de l’auteur pour son pays natal, le Québec, et pour la région de Bordeaux où il vit maintenant, qui transparaît ici, dans une véritable ode à ces deux coins du monde où il fait voyager le lecteur.

L’installation de ce cadre s’accompagne de la montée d’une tension savamment entretenue, qui finit par rendre la lecture proprement haletante, jusqu’à un dénouement aussi inattendu que magistral. L’on en sort pantelant et admiratif, songeur quant à la violence de l’histoire politique du pays basque, à ce qui fait l’identité d’un peuple, aux différentes formes d’engagement pour faire évoluer une cause, à commencer par la guerre et le terrorisme, et, enfin, à l’impossibilité de réparer certaines erreurs.

Court et intense, ce texte aussi addictif qu’instructif réussit, en cent cinquante pages, à livrer une réflexion sensible et intelligente sur des sujets complexes. Sa mécanique implacable et bien huilée m’a laissée sonnée et éblouie. Coup de coeur. (5/5)

 

 

Citations :

Ce n’est pas la chance qui vous quitte, c’est vous qui la quittez.

Il y a des moments dans la vie où la question du choix ne se pose pas. On ne choisit pas: on agit.

Le Territoire est un langage. Si on ne le parle pas dès l'enfance, il manque toujours quelque chose.

Chaque fois qu’un corps tombe, il tombe inutilement. Il tombe de s’être trouvé dans un camp. Et les corps tombent parce que ceux qui les font tomber ont déjà perdu. Ils n’ont plus que leurs armes pour exister. Outil des faibles et de leur bêtise. Se regrouper et s’entre-tuer. Victimes et bourreaux à ajouter aux victimes et bourreaux. Des clans qui n’existent qu’en se dressant les uns contre les autres. Soldats troupes armées prisonniers pour tracer la ligne d’une frontière un peu plus à gauche ou un plus à droite. Kalachs tanks avions de chasse pour prier à genoux vers Rome, la tête au sol vers la Mecque, les mains en l’air vers ailleurs. Tas de chairs pour la prochaine catastrophe. Nous sommes des milliards et plus personne hors d’atteinte. Nulle part où aller sinon en soi.

Ceux qui portent un rêve peuvent disparaître, cela ne fait pas disparaître leur rêve.

 

 

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