vendredi 6 mars 2020

[Mattern, Jean] Une vue exceptionnelle





J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Une vue exceptionnelle

Auteur : Jean MATTERN

Editeur : Sabine Wespieser

Année de parution : 2019

Pages : 136

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

David déserte Londres quand la femme dont il s’apprêtait à adopter le petit garçon le quitte. À Paris, il s’installe dans un appartement avec une grande baie vitrée sur la Seine. Lorsqu’un homme l’aborde sur un banc de l’île aux Cygnes, en contrebas de chez lui, il accepte sans arrière-pensée de lui montrer sa vue exceptionnelle.

Vingt-cinq ans plus tard, David et Émile habitent ensemble le lieu de leur rencontre. Émile, jeune interne à l’époque, est à présent un neurochirurgien réputé. David, tout à ses biographies de musiciens oubliés et à sa vie harmonieuse avec Émile, est parfaitement heureux. Mais la courte période où il a failli devenir père se rappelle à lui comme un rêve obsédant… et le vertige le saisit. Émile le sait, dont les certitudes et la froideur clinique vacillent le jour où, sur son carnet de rendez-vous, il voit inscrit le nom du fils perdu de son compagnon.

Subtil interprète de la complexité des émotions, Jean Mattern interroge ici, avec beaucoup de délicatesse, ces vies que nous aurions pu vivre si le destin en avait décidé autrement.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Jean Mattern est né en 1965 dans une famille originaire d’Europe centrale. Il suit des études de littérature comparée en France à la Sorbonne, avant d’être responsable des droits étrangers aux éditions Actes Sud puis responsable des acquisitions de littérature étrangère aux éditions Gallimard, principalement pour les collections « Du monde entier » et « Arcades ». Il est aujourd'hui éditeur responsable du domaine étranger chez Grasset.

Dans chacun de ses romans, la question de la transmission occupe une place prépondérante : après Les Bains de Kiraly (Sabine Wespieser éditeur, 2008) – qui a été traduit en sept langues –, il publie, toujours chez Sabine Wespieser éditeur, De lait et de miel en 2010, puis Simon Weber en 2012, et, en mai 2018, Le Bleu du lac, très remarqué par les libraires et la critique. Aux éditions Gallimard il a publié un roman, Septembre (2015), ainsi qu'un essai, De la perte et d'autres bonheurs (2016), dans la collection « Connaissance de l'Inconscient ». Son nouveau roman, Une vue exceptionnelle, est paru à nouveau chez Sabine Wespieser éditeur lors de la rentrée littéraire 2019.

 

 

Avis :

Quitté par la femme dont il était sur le point d’adopter l’enfant, David s’est réfugié à Paris, dans un appartement avec vue panoramique sur la Seine. Le temps a passé. Désormais quinquagénaire, il partage depuis vingt-cinq ans sa vie et sa vue exceptionnelle avec Emile, un chirurgien. Pourtant, une ombre s’obstine à assombrir son existence : jamais il n’est parvenu à oublier cette paternité manquée, qui l’obsède jusqu’à l’en rendre malade.

Ce bref roman est construit sur des coïncidences impossibles. Curieusement, cela importe peu, tant il est porté par le canon à trois voix de ses personnages, David, Emile et leur jeune voisine Clarice. Contraints aux choix décisifs que la vie réserve, ceux-ci restent déchirés par les possibles entrevus et à jamais perdus, par ces pages qu’ils croyaient tournées et qui continuent à les empoisonner de regrets d’autant plus pernicieux qu’ils ont cru pouvoir les oublier. Tous trois gravitent autour d’un amour qui leur a parfois manqué enfants et qu’ils continuent leur vie durant à rechercher comme des papillons attirés par une lampe, dans une quête affective douloureuse, mais irrépressible. Alors, touché et saisi par le réalisme de leur présence, on en oublie les improbables hasards qui réunissent leur triangle autour du même absent.

Le style est sobre, aucun sentimentalisme ne vient brouiller le texte qui, pourtant, n’est qu’émotion subtilement suggérée : celle-ci parvient, en quelques traits simples, à dessiner l’âme des personnages et à leur donner une saisissante consistance. Et l’on reste confondu par ce récit express, qui, en si peu de pages, réussit à concentrer tant de sensibilité et d’intensité. (4/5)

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