J'ai beaucoup aimé
Titre : Que du vent
Auteur : Yves RAVEY
Parution : 2024 (Minuit)
Pages : 128
Présentation de l'éditeur :
Mais pourquoi me demander ça à moi ? Parce que j’étais disponible,
malgré mes ennuis ? Parce que j’habitais juste en face, et que Miko, son
mari, qui m’invitait souvent à la pêche à la mouche, n’y verrait que du
feu ?
Je lui ai demandé si c’était parce qu’elle n’avait pas d’autre solution ? Véritablement, Sally ne savait pas dans quoi elle s’embarquait en ma compagnie.
Je lui ai demandé si c’était parce qu’elle n’avait pas d’autre solution ? Véritablement, Sally ne savait pas dans quoi elle s’embarquait en ma compagnie.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Yves Ravey est né à Besançon (Doubs) en 1953.
Avis:
Rien ne marche dans la vie de Barnett, le narrateur, ancien militaire revenu à la vie civile. Sa société d’ambulances est en dépôt de bilan, sa femme a demandé le divorce et son fils l’a rayé de son existence. Imperturbable, il se maintient à flot en revendant des produits d’entretien discount qu’il stocke dans un entrepôt accolé à sa maison et se contente d’observer de loin ses seuls voisins : Sally, une séduisante rousse mariée à Miko, patron d’une blanchisserie, et, un peu plus loin, un autre couple de leurs amis, Samantha et Steve. Mais voilà que Barnett est invité à prendre un verre chez Sally et Miko, et que, de confidences en rapprochements, il se retrouve bientôt, non seulement l’amant de sa voisine, mais aussi le complice de son plan tordu visant, si ce n’est à éliminer le mari, du moins à l’alléger des fortes sommes liquides échappées à la comptabilité de son entreprise pour venir s’entasser dans son coffre. Foireuse au possible, l’affaire ne tarde pas à tourner en eau de boudin, pour une fin aussi absurde qu’improbable.
Jubilatoirement caricaturale dans son pastiche de mauvais feuilleton américain, l’histoire ciselée avec l’économie de moyens et l’ironie qui sont les marques de fabrique de l’auteur revêt très vite une autre dimension qui finit presque par reléguer l’intrigue à l’arrière-plan. Au travers du point de vue du narrateur, un loser si pathétiquement aveuglé par le déni qu’il en perd toute capacité de réflexion et de remise en cause en même temps qu’il se retrouve prêt, en parfait opportuniste, à toutes les compromissions susceptibles de le conforter dans le bourbier de médiocrité qu’est sa vie, se déploie, de petites touches en menus détails semés comme autant d’indices dans les dialogues et les comportements des personnages, une peinture terriblement juste et crédible de la faiblesse et de la noirceur humaines. Narcissiquement plus prompt à se laisser leurrer qu’à écouter ses doutes tant il peut être tentant de préférer l’illusion à une réalité trop sordide, notre homme ne demandera finalement qu’à se laisser manipuler, faisant fi de ses derniers scrupules et vestiges de moralité.
Un nouveau bijou de concision et d’ironie de la part d’un auteur passé maître dans la peinture des petitesses ordinaires, celles que l’on commet en se donnant malgré tout bonne conscience, dans un déni égoïste et narcissique effaçant scrupules et remords. (4/5)
Jubilatoirement caricaturale dans son pastiche de mauvais feuilleton américain, l’histoire ciselée avec l’économie de moyens et l’ironie qui sont les marques de fabrique de l’auteur revêt très vite une autre dimension qui finit presque par reléguer l’intrigue à l’arrière-plan. Au travers du point de vue du narrateur, un loser si pathétiquement aveuglé par le déni qu’il en perd toute capacité de réflexion et de remise en cause en même temps qu’il se retrouve prêt, en parfait opportuniste, à toutes les compromissions susceptibles de le conforter dans le bourbier de médiocrité qu’est sa vie, se déploie, de petites touches en menus détails semés comme autant d’indices dans les dialogues et les comportements des personnages, une peinture terriblement juste et crédible de la faiblesse et de la noirceur humaines. Narcissiquement plus prompt à se laisser leurrer qu’à écouter ses doutes tant il peut être tentant de préférer l’illusion à une réalité trop sordide, notre homme ne demandera finalement qu’à se laisser manipuler, faisant fi de ses derniers scrupules et vestiges de moralité.
Un nouveau bijou de concision et d’ironie de la part d’un auteur passé maître dans la peinture des petitesses ordinaires, celles que l’on commet en se donnant malgré tout bonne conscience, dans un déni égoïste et narcissique effaçant scrupules et remords. (4/5)
Citation :
Deux choses nous rapprochaient, Sally et moi, je le savais : la fuite et l’argent.
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