J'ai beaucoup aimé
Titre : Reine
Auteur : Pauline GUENA
Parution : 2024 (Denoël)
Pages : 256
Présentation de l'éditeur :
« Il se réveille en sursaut. Les cris et les rires des enfants ne sont
pas ceux de l’école du village, mais c’est bien l’odeur sèche du béton
et celle, suffocante, de la tôle chauffée à blanc qui ont mêlé dans sa
sueur et dans la crasse les années et les lieux. Il se redresse, sa
prise sur l’arme resserrée, aux aguets. Les enfants se sont tus. Comme
les oiseaux. »
Marco est tueur à gages. C’est un professionnel fiable et efficace qui a toujours honoré ses contrats. Jusqu’à ce jour d’été où Marco va tuer par amour.
Sa cavale commence. À ses trousses, le milieu, la police et un jeune journaliste en quête de gloire. Devant lui, rien d’autre que l’été qui n’en finit pas, et la femme qu’il aime.
Marco est tueur à gages. C’est un professionnel fiable et efficace qui a toujours honoré ses contrats. Jusqu’à ce jour d’été où Marco va tuer par amour.
Sa cavale commence. À ses trousses, le milieu, la police et un jeune journaliste en quête de gloire. Devant lui, rien d’autre que l’été qui n’en finit pas, et la femme qu’il aime.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Pauline Guéna est romancière et scénariste. Elle est notamment l’autrice du Fleuve (prix du Premier Roman Edmée-de-La-Rochefoucauld, 2004), de L’Amérique des écrivains (avec Guillaume Binet, Grand Prix des lectrices de Elle, 2014) et de 18.3, une année à la PJ (2020). L’adaptation de 18.3 au cinéma par Dominik Moll, sous le titre La Nuit du 12, a reçu sept césars en 2023, dont celui du meilleur film.
Avis :
Léan est journaliste, rubrique des faits divers. Lui qui rêve de journalisme politique ne se doute pas encore qu’une affaire pourtant misérable va bousculer sa vie. Le patron d’un bar miteux a été abattu dans la nuit. Les caméras de surveillance ont tout filmé, le coupable est un certain Marco, tueur à gages chevronné qui n’a cette fois pris aucune précaution pour se couvrir. Il y a aussi un témoin, Reine, la jeune femme qui travaillait au bar. Mutique face aux interrogatoires de police, elle porte sur le corps de nombreuses traces de sévices. Il apparaît très vite que cette Equatorienne exilée en France vivait exploitée et maltraitée par le bistrotier, un homme violent impliqué dans divers trafics, et que c’est l’amour qui a inopinément poussé le tueur à abattre le tortionnaire. Un crime sans préparation, sur le point de faire tomber ce jusqu’ici insaisissable professionnel du meurtre sur commande.
Ce qui frappe dans le récit, c’est d’abord l’extrême réalisme des scènes et des personnages. L’auteur est scénariste, en plus d’avoir suivi, il y a quelques années, le quotidien de la PJ de Versailles. Quelques plans suffisent pour suggérer, autour de la scène de crime, d’abyssales ellipses de violence et de noirceur que les enquêteurs de police avec Reine et notre journaliste en ce qui concerne Marco vont chacun de leur côté nous aider à combler. Les parcours respectifs de Reine et de Marco sont dès l’enfance distordus par une brutalité inexorable qui ne leur laisse aucune chance. Elle subit en silence, victime résignée rebondissant sans espoir de calvaires en nouvelles épreuves. Lui a tiré à lui le manche de la violence, l’empoignant jusqu’à en faire son gagne-pain. Ces deux-là ne pouvaient que se reconnaître, unis par une souffrance semblable pourtant destinée à les séparer. S’extirpe-t-on jamais de l’engrenage du mal, que l’on reste victime ou que l’on passe bourreau ?
Dans une grande économie de moyens et en séquences particulièrement visuelles, Pauline Guéna réussit à suggérer la complexité derrière la scène de crime la plus limpide. L’un a tué, l’autre est complice, mais responsabilités et culpabilités vont bien au-delà de leur couple. Et sans exonérer le meurtrier dont le portrait dans son ensemble pèse lourd dans la noirceur, force est de voir en lui l’être humain acculé quasiment de naissance, sans jamais le choix des armes.
Polar bref et efficace, mais plus encore roman social inspiré d’une réalité brutale, un livre coup de poing, noir et bien serré, où les racines du mal s’avèrent bien plus intriquées que l’on ne voudrait le croire. (4/5)
Ce qui frappe dans le récit, c’est d’abord l’extrême réalisme des scènes et des personnages. L’auteur est scénariste, en plus d’avoir suivi, il y a quelques années, le quotidien de la PJ de Versailles. Quelques plans suffisent pour suggérer, autour de la scène de crime, d’abyssales ellipses de violence et de noirceur que les enquêteurs de police avec Reine et notre journaliste en ce qui concerne Marco vont chacun de leur côté nous aider à combler. Les parcours respectifs de Reine et de Marco sont dès l’enfance distordus par une brutalité inexorable qui ne leur laisse aucune chance. Elle subit en silence, victime résignée rebondissant sans espoir de calvaires en nouvelles épreuves. Lui a tiré à lui le manche de la violence, l’empoignant jusqu’à en faire son gagne-pain. Ces deux-là ne pouvaient que se reconnaître, unis par une souffrance semblable pourtant destinée à les séparer. S’extirpe-t-on jamais de l’engrenage du mal, que l’on reste victime ou que l’on passe bourreau ?
Dans une grande économie de moyens et en séquences particulièrement visuelles, Pauline Guéna réussit à suggérer la complexité derrière la scène de crime la plus limpide. L’un a tué, l’autre est complice, mais responsabilités et culpabilités vont bien au-delà de leur couple. Et sans exonérer le meurtrier dont le portrait dans son ensemble pèse lourd dans la noirceur, force est de voir en lui l’être humain acculé quasiment de naissance, sans jamais le choix des armes.
Polar bref et efficace, mais plus encore roman social inspiré d’une réalité brutale, un livre coup de poing, noir et bien serré, où les racines du mal s’avèrent bien plus intriquées que l’on ne voudrait le croire. (4/5)
Citations :
On n’en finit pas à sa guise avec la vie. On attend, on patiente, on endure. On ne s’appartient pas, on est au monde.
Sous la peau brûlante de Marco, les morts s’agitent et suppurent de ses plaies comme s’ils voulaient sortir. Il marche entre les carcasses, son grand-père sur ses jambes arquées se détourne de lui avec une moue de mépris, Gentellini est assis par terre, l’air étonné, sur une table d’autopsie gît le corps de Pépé Lanzaro, le garçon qui pleurait dans la cabane en Guyane, Lee-Roy, pleurniche d’un air accusateur ; il aperçoit la flamme folle des cheveux de la femme enceinte dont il n’a jamais su le nom, reconnaît ce matelot avec qui il aimait jouer aux cartes assassiné par un amant dans son sommeil, plus loin, un Marocain à plat ventre gratte la terre avec ses doigts, et le chien de son grand-père le fixe de ses yeux vairons et gronde, découvrant ses crocs.
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