J'ai aimé
Titre : L'enfant de sel
Auteur : Estelle THARREAU
Parution : 2025 (Taurnada)
Pages : 287
Présentation de l'éditeur :
Adrien Destive disparaît après avoir rencontré Apolline, une adolescente
tourmentée, fille d’un restaurateur en faillite. Rapidement, le cadavre
d’un autre garçon est découvert tandis que des phénomènes inexpliqués
obligent la journaliste, Marion Stravi, à renouer avec des techniques
d’investigation paranormales qui pourraient être la clé pour sauver
Adrien.
Racisme, omerta, assassinats et vaudou. Entre doutes et certitudes, Marion se lance dans une course effrénée, plongeant au cœur du mal qui couve dans la ville de Salins.
Racisme, omerta, assassinats et vaudou. Entre doutes et certitudes, Marion se lance dans une course effrénée, plongeant au cœur du mal qui couve dans la ville de Salins.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Estelle Tharreau est l’auteure d’une dizaine de romans, dont La Peine du bourreau
(Prix du Roman Noir des Bibliothèques & des Médiathèques de Grand
Cognac, et Prix Spécial Dora-Suarez, catégorie « Frissons », en 2021), Il était une fois la guerre (Prix Dora-Suarez, catégorie « Passion », en 2023), et Le Dernier festin des vaincus (Prix Chien Jaune, catégorie « Adulte », en 2024).
Avis :
A Salins, la réhabilitation des thermes entreprise par un certain Julien Destive sonne l’expulsion de Marc Carrière après des années de vains efforts à faire tourner un restaurant au bord de la faillite. Aussi, lorsque le fils Destive disparaît au lendemain de sa rencontre avec la fille Carrière, le mobile pourrait sembler tout trouvé si d’étranges phénomènes ne venaient intriguer la journaliste d’investigation dépêchée sur place et la mettre sur la piste d’une vieille histoire empreinte de magie vaudoue que les deux adolescents pourraient avoir déterrée pour leur plus grand péril. Malgré ses réticences face à l’irrationnel, la jeune femme amenée à s’intéresser à la religion vaudoue va en même temps découvrir que le racisme hérité de l’époque esclavagiste perpétue des ravages particulièrement violents dans cette petite ville aux apparences si tranquilles.
Addictifs et plaisants à lire, les romans noirs d’Estelle Tharreau se renouvellent dans un registre chaque fois différent pour, sous couvert d’une intrigue déstabilisante se prêtant à la restitution d’une atmosphère méphitique, mettre le doigt sur un problème de société. Le racisme et ses dérives violentes sont ici l’occasion de s’intéresser au vaudou qui, bien loin des seules pratiques occultes auxquelles on l’assimile souvent, s’avère une religion parmi d’autres, d’ordre cosmique et issue des cultes animistes africains. Et comme dans toutes les religions, la foi s’étage « de la croyance bienveillante au fanatisme meurtrier », l’on tient dans cette histoire le motif d’une confrontation féroce entre deux folies extrémistes, celle du ségrégationnisme blanc le plus dur et celle d’une riposte noire n’ayant trouvé que sa croyance en l’occulte pour exprimer sa détresse et sa colère.
Ambiance plombée, péripéties inquiétantes et suspense bien mené d’un côté, sujet intéressant que l’on aurait toutefois aimé un peu plus approfondi de l’autre : tous les ingrédients d’une veine caractéristique qui sait chaque fois se réinventer pour surprendre sont réunis pour un nouveau thriller à l’atmosphère particulière, aux couleurs du paranormal, que l’on parcourra avec plaisir, que l’on y croit ou non. Quelle que soit la religion, tout est question de foi, pour le meilleur ou pour le pire. (3,5/5)
Addictifs et plaisants à lire, les romans noirs d’Estelle Tharreau se renouvellent dans un registre chaque fois différent pour, sous couvert d’une intrigue déstabilisante se prêtant à la restitution d’une atmosphère méphitique, mettre le doigt sur un problème de société. Le racisme et ses dérives violentes sont ici l’occasion de s’intéresser au vaudou qui, bien loin des seules pratiques occultes auxquelles on l’assimile souvent, s’avère une religion parmi d’autres, d’ordre cosmique et issue des cultes animistes africains. Et comme dans toutes les religions, la foi s’étage « de la croyance bienveillante au fanatisme meurtrier », l’on tient dans cette histoire le motif d’une confrontation féroce entre deux folies extrémistes, celle du ségrégationnisme blanc le plus dur et celle d’une riposte noire n’ayant trouvé que sa croyance en l’occulte pour exprimer sa détresse et sa colère.
Ambiance plombée, péripéties inquiétantes et suspense bien mené d’un côté, sujet intéressant que l’on aurait toutefois aimé un peu plus approfondi de l’autre : tous les ingrédients d’une veine caractéristique qui sait chaque fois se réinventer pour surprendre sont réunis pour un nouveau thriller à l’atmosphère particulière, aux couleurs du paranormal, que l’on parcourra avec plaisir, que l’on y croit ou non. Quelle que soit la religion, tout est question de foi, pour le meilleur ou pour le pire. (3,5/5)
Citations :
On est loin de ce que j’imaginais sur le vaudou. Il faut dire que je n’aie jamais eu l’occasion de bosser sur le sujet. Je pense que j’en connais autant que la plupart des gens. C’est-à-dire, rien. En fait, cette religion est issue de la spiritualité de nombreuses ethnies brassées par la traite négrière et l’esclavage, mais il en est resté une certaine unité inspirée de la vision africaine du monde et de la place que l’Homme y occupe. Dans le vaudou, l’Homme a une place centrale dans l’univers, mais le groupe prime sur l’individu. Ce n’est pas tout ; les forces immatérielles sont omniprésentes dans l’espace et l’Homme peut leur donner rendez-vous en un point matériel. Après avoir tout lu, j’en suis arrivée à la même conclusion que tes parents : à l’heure actuelle, les adeptes eux-mêmes n’ont conservé que le rituel, mais ne savent plus lui donner son sens profond.
– C’est-à-dire ?
– Le vaudou a été un moyen de traduire les violences et la détresse pendant les années de traite et de ségrégation. Il a fini par constituer une forme de menace pour la vision blanche et dominante de cette époque. De fil en aiguille, entre réalités sociales et fantasmes, la spiritualité vaudoue a été caricaturée, dénigrée jusqu’à être assimilée à de la magie noire, à de la sorcellerie de sauvages dans l’imaginaire collectif. Mais, il y a une vraie compréhension du matériel et de l’immatériel. Une interprétation qui n’est pas plus idiote que ce que l’on peut trouver dans les autres religions. Le reste relève simplement de la foi. Tu y crois ou tu n’y crois pas.
– Mais le vaudou peut mener à quels actes ?
– À tous ceux que tu pourrais rencontrer dans n’importe quelle autre religion. Encore une fois, tout dépend de ta foi et de ton degré de dévotion. Ça part de la croyance bienveillante jusqu’au fanatisme meurtrier. »
– C’est-à-dire ?
– Le vaudou a été un moyen de traduire les violences et la détresse pendant les années de traite et de ségrégation. Il a fini par constituer une forme de menace pour la vision blanche et dominante de cette époque. De fil en aiguille, entre réalités sociales et fantasmes, la spiritualité vaudoue a été caricaturée, dénigrée jusqu’à être assimilée à de la magie noire, à de la sorcellerie de sauvages dans l’imaginaire collectif. Mais, il y a une vraie compréhension du matériel et de l’immatériel. Une interprétation qui n’est pas plus idiote que ce que l’on peut trouver dans les autres religions. Le reste relève simplement de la foi. Tu y crois ou tu n’y crois pas.
– Mais le vaudou peut mener à quels actes ?
– À tous ceux que tu pourrais rencontrer dans n’importe quelle autre religion. Encore une fois, tout dépend de ta foi et de ton degré de dévotion. Ça part de la croyance bienveillante jusqu’au fanatisme meurtrier. »
Les esclaves ont reçu la liberté, mais sans compensation financière ou terre à cultiver. L’État a indemnisé les propriétaires esclavagistes qui ont pu réemployer leurs anciens esclaves dans des conditions quasi similaires puisque ces derniers n’avaient rien pour survivre.
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