Coup de coeur 💓
Titre : Rares ceux qui échappèrent
à la guerre
Auteur : Frédéric PAULIN
Parution : 2025 (Agullo)
Pages : 416
Présentation de l'éditeur :
« Ce n’est pas un mercredi
agréable de fin d’été. C’est seulement un jour comme les autres, un
jour comme ceux qui ont précédé : Paris, feu et sang. »
Beyrouth, 23 octobre 1983. Un attentat visant le poste Drakkar fait près de soixante victimes françaises parmi lesquelles pourrait se trouver le fils du diplomate Philippe Kellermann. La France, directement visée, est désormais en guerre et le commandant Dixneuf se retrouve en première ligne.
Entre Beyrouth et Téhéran, après plusieurs nouvelles tentatives déjouées, Abdul Rasool al-Amine et les chefs du Hezbollah décident de changer de tactique, inaugurant une crise des otages qui occupera le paysage médiatique français pendant tout le reste des années 1980.
Mais alors que le pays n’en finit pas d’être endeuillé et que le monde politique se déchire quant à la conduite à tenir, les attentats signés Action directe se multiplient à Paris et en province.
Deuxième partie de l’ambitieuse trilogie de Frédéric Paulin consacrée à la guerre du Liban, Rares ceux qui échappèrent à la guerre se concentre sur une période de 1983 à 1986, charnière du conflit. La France prend conscience, de la plus dure des manières, des dangers qui la menacent tandis que le Liban s’enfonce chaque jour un peu plus dans la guerre…
Beyrouth, 23 octobre 1983. Un attentat visant le poste Drakkar fait près de soixante victimes françaises parmi lesquelles pourrait se trouver le fils du diplomate Philippe Kellermann. La France, directement visée, est désormais en guerre et le commandant Dixneuf se retrouve en première ligne.
Entre Beyrouth et Téhéran, après plusieurs nouvelles tentatives déjouées, Abdul Rasool al-Amine et les chefs du Hezbollah décident de changer de tactique, inaugurant une crise des otages qui occupera le paysage médiatique français pendant tout le reste des années 1980.
Mais alors que le pays n’en finit pas d’être endeuillé et que le monde politique se déchire quant à la conduite à tenir, les attentats signés Action directe se multiplient à Paris et en province.
Deuxième partie de l’ambitieuse trilogie de Frédéric Paulin consacrée à la guerre du Liban, Rares ceux qui échappèrent à la guerre se concentre sur une période de 1983 à 1986, charnière du conflit. La France prend conscience, de la plus dure des manières, des dangers qui la menacent tandis que le Liban s’enfonce chaque jour un peu plus dans la guerre…
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Frédéric Paulin écrit des romans noirs depuis presque dix ans. Il
utilise la récente Histoire comme une matière première dont le travail
peut faire surgir des vérités parfois cachées ou falsifiées par le
discours officiel. Ses héros sont bien souvent plus corrompus ou faillibles que les
mauvais garçons qu’ils sont censés neutraliser, mais ils ne sont que les
témoins d’un monde où les frontières ne seront jamais plus parfaitement
lisibles. Il a notamment écrit Le monde est notre patrie (Goater,
2016), La peste soit des mangeurs de viande (La Manufacture de livre,
2017) et Les Cancrelats à coups de machette (Goater, 2018).
Avis :
Après le premier tome Nul ennemi comme un frère, Frédéric Paulin poursuit sa trilogie sur les quinze années de la guerre du Liban, de 1975 à 1990. Le récit reprend là où il s’était arrêté, en plein attentat du Drakkar le 23 octobre 1983, un immeuble de Beyrouth où stationnaient des militaires français. Le souffle de l’explosion passe ainsi directement de la dernière page du volume précédent à la première de celui-ci, dans une continuité narrative qu’il vaut mieux aborder depuis le début. En attendant le dernier tome annoncé pour l’été 2025, ce sont les années 1983 à 1986, jusqu’à cette fois l’attentat de la rue de Rennes à Paris, que l’auteur nous raconte avec toujours autant de souffle romanesque que de rigueur historique.Mêlés aux protagonistes réels de l’époque, l’on retrouve donc les mêmes personnages fictifs qui, des désillusions du commandant Dixneuf de la DGSE au redoublement de violence du Libanais chiite Abdul Rasool al-Amine, en passant par les manoeuvres politiques du bientôt député RPR Michel Nada et de l’ex-diplomate Philippe Kellerman devenu proche conseiller du président Mitterrand, mais aussi par le désarroi du commissaire Caillaux et de sa femme juge anti-terroriste, permettent de croiser les points de vue sur ces années qui ont vu la guerre du Liban s’exporter sur le sol français.
Sans chapitre ni coupure, avec pour seules balises temporelles les faits historiques, le récit avance comme un fleuve en furie charriant les événements toujours plus violents qui, au Liban, en France, en Iran, ont pris une tournure d’une inextricable complexité. Pendant que la guerre transforme le Liban en champ de ruines, que les bombes d’Action Directe et des différents groupes islamistes installent un climat de terreur en France et que les otages tremblent pour leur vie entre les mains du Hezbollah, l’on découvre dans un étonnement consterné les dessous d’une diplomatie française minée par les rivalités et par les compromissions, les tractations concurrentes menées par les différents partis politiques à l’approche des élections présidentielles achevant d’ajouter à la confusion.
Les scènes courtes s’enchaînent sans discontinuer, sautant d’un lieu à l’autre dans une tension d’autant plus captivante que d’une crédibilité sans faille, l’auteur fondant son irréprochable rigueur d’écriture sur une documentation aussi impressionnante par sa minutie que par le naturel de sa restitution. Sans commentaire ni parti pris, le livre démonte les mécanismes et les enjeux politiques de la violence pour un tableau édifiant, souvent effarant, et toujours passionnant. Une vraie performance que cette lecture limpide et agréable du fatras au Proche-Orient. Vivement le dernier tome de la trilogie ! Coup de coeur. (5/5)
Citations :
Les deux hommes lui ont confié que les otages au Liban étaient une opportunité pour la droite. Nada s’est forcé de garder pour lui son embarras lorsque Marchiani a dit que si les otages restaient otages jusqu’aux élections législatives, c’était même une chance pour Chirac.
Marcel Carton et Marcel Fontaine, enlevés depuis le 22 mars.
Jean-Paul Kauffmann et Michel Seurat, enlevés depuis le 22 mai.
Les otages, c’est Dumas qui s’en charge – avec Védrine, Bianco et Cousseran. C’est Dumas parce que Mitterrand en a décidé ainsi. Officiellement, on ne négocie pas avec les terroristes. Officieusement, on aimerait bien que les terroristes négocient plus facilement.
(…) finalement, les otages ne sont que des produits comme les autres, des produits qui ne se négocient plus sur un marché économique ou financier, mais sur un marché politique qui, à bien y réfléchir, englobe même l’économique et le financier.
— Vous n’auriez pas dû démissionner de la DGSE, commandant. Votre pays a besoin de gens comme vous.
— Mon pays se fout des gens comme moi. Vous n’avez qu’à voir les magouilles qui empêchent les otages d’être libérés.
— Les magouilles ?
— Ça fait trois mois que vous me retenez ici alors je suis un peu largué, je vous l’accorde. Mais je sais comment les choses se passent : mon gouvernement veut faire libérer les otages parce que bientôt ce sont les élections en France. Et plein d’autres gens veulent que les otages restent des otages parce que ça arrange leurs affaires.
La rue autour d’elle est agitée par la vie mais par une vie étrange. Dix ans de guerre, et la normalité accepte le pas pressé des femmes qui vont chercher de la nourriture ou des médicaments avant de rentrer précipitamment chez elles. La normalité accepte ces bâtiments aux vitres brisées, aux murs percés d’impacts. La normalité accepte le regard méfiant des miliciens en armes qui patrouillent ou gardent l’entrée d’un immeuble qui, peut-être, abrite en son sous-sol des otages, des morts-vivants. Depuis dix ans, c’est la normalité à Beyrouth.
Ces dix dernières années qui lui ont été volées. Comme à tous les Libanais.
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