lundi 5 avril 2021

[Bordes, Gilbert] La prisonnière du roi

 


 


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Titre : La prisonnière du roi

Auteur : Gilbert BORDES

Parution : 2021

Editeur : Les Presses de la Cité

Pages : 384

 

 

  

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur : 

Ingeburge, princesse danoise de grande beauté, devient reine de France le 15 août 1193. Or, dès le lendemain, le roi Philippe Auguste la répudie et la place sous la protection de Guilhem de Ventadour, colosse tonitruant, chevalier troubadour maniant aussi bien l’épée que la vielle. Ainsi commence un amour insensé entre le chevalier et la reine sans trône, enfermée dans des couvents successifs. Bientôt le pape s’en mêle et exige de Philippe Auguste qu’il reprenne son épouse. Refus du roi qui pousse l’affront jusqu’à se remarier avec Agnès de Méranie. En 1200, le pape décrète « l’interdit » sur le royaume de France : plus de messe, églises fermées à la prière, sacrements interdits…. A la mort d’Agnès, Philippe fait revenir Ingeburge près de lui. Mais il l’a fait enfermer dans le fort d’Etampes où elle demeurera treize longues années, très mal traitée. Durant tout ce temps, Guilhem et Ingeburge se rapprochent. N’écoutant que son sentiment, le chevalier trahit le roi pour rejoindre la prisonnière. Leur cavale amoureuse, courte, sera d’une grande intensité.
Guilhem est condamné au billot. Mais le roi lui fait grâce et Guilhem se cloître dans un monastère au bord de la Dordogne. Ingeburge elle, retrouve son sort de prisonnière jusqu’en 1213 où le roi la reprend près de lui, à sa place de reine.
Mais jamais, il ne partagera sa couche.

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Né en Corrèze, Gilbert Bordes est l’auteur d’une quarantaine de romans. Il a obtenu le prix RTL Grand Public pour La Nuit des hulottes et le prix Maison de la Presse pour Le Porteur de destins. Les Presses de la Cité ont notamment publié Le Cri du goéland, Le Barrage (dans la collection Trésors de France), Chante, rossignol, La Garçonne et Le Testament d’Adrien.

 

 

Avis :

En 1193, la princesse danoise Ingeburge épouse Philippe Auguste et est sacrée reine de France. A la consternation générale, dès le lendemain de la nuit de noces, Philippe réclame la dissolution du mariage. Il ne l’obtiendra pas, et Ingeburge, qui ne consentira jamais à sa répudiation, est enfermée pendant vingt ans dans différents couvents, puis, dans de terribles conditions, à la forteresse d’Etampes. Qu'à cela ne tienne, le roi se remarie. Bigame, il est excommunié par le pape qui jette l’interdit sur le royaume de France, y suspendant toute activité cléricale au grand dam de la population épouvantée et au bord de la révolte. La mort en couches de "l'épouse ajoutée" lève l’interdit, mais il faudra attendre l’an 1213 pour que Philippe Auguste se résigne à restituer ses droits d’épouse et de reine à Ingeburge. Celle-ci reprendra sa place comme si de rien n’était…

Habitant d’Etampes et auteur de nombreux romans historiques, Gilbert Bordes ne pouvait qu’être sensible aux ombres du passé, qu’avec un peu d’imagination, on est tenté de faire revivre autour des vestiges de l’ancienne forteresse royale qui dominait la ville. Des siècles d’histoire qui nous ont laissé cette unique tour, l’auteur a retenu l’incroyable et aujourd’hui méconnu destin de la reine Ingeburge : une femme à la personnalité sans aucun doute hors du commun, qui, bafouée et maltraitée de la pire manière et pour les plus obscures raisons, jamais ne lâcha prise et réussit, après vingt ans de résistance misérable et solitaire, à reprendre sa place sans broncher, et à s’entendre intelligemment avec l’époux qu’elle devait haïr…

A sa manière bien à lui, et même si le récit passe par quelques scènes d’exécutions sanglantes, l’auteur a recréé une version relativement tendre de cette histoire, traversée par une romance longtemps chaste entre l’héroïne emprisonnée et un chevalier proche du roi, chargé de ses nombreux transferts. Guerrier fruste au grand et droit coeur, c’est aussi entre ses mains que, comme dans tous ses livres, Gilbert Bordes place l’un de ces instruments à cordes qui lui sont si chers, puisque l’homme se fait à l’occasion troubadour en jouant de la vielle. 
 
On l’aura compris, tout en s'inspirant d’un fond et de personnages historiques réels, l’écrivain reste fidèle à son univers romanesque où la méchanceté et la cruauté trouvent toujours une sorte de contrepoids. Si l’ensemble en acquiert une certaine légèreté un peu idéaliste et ses personnages un parfum de fantasme, la lecture coule facilement, offrant un agréable moment de détente sans prétention et l’avantage d’un aperçu historique qui ne laissera personne indifférent : il est de ces destins dont la réalité dépasse toute fiction… (3/5)

 

Citations : 

- " Si le roi, un mois après notre avertissement, ne reprend pas en grâce la reine et ne lui accorde pas l'honneur qui lui est dû, alors tu jetteras l'interdit sur toutes ses terres, de telle sorte qu'on n'y célèbre aucun office et qu'on n'y administre aucun sacrement, à l'exception du baptême des enfants et de l'absolution des mourants..."
- Il n’osera pas ! s’exclama Philippe.
- A ce qu’on m’en a dit, c’est un homme déterminé, plus enclin à porter l’épée que la tiare. Ce n’est pas un pape ordinaire. Il n’est pas prêtre et ne peut dire la messe.
- Qu’est-ce que cela change ?
- Tout, sire. Il n’est pas aussi proche de Dieu que l’était Célestin. Le temporel l’intéresse autant que les voies du paradis. Il se comporte comme un roi, pas comme le vicaire de Jésus.

L’interdiction d’enterrer les morts en terre consacrée rendait l’air de Paris irrespirable. Les cadavres étaient parfois abandonnés aux portes des cimetières fermés à double tour ou dans les ruelles, les nombreux jardins et bosquets. C’était temps d’abondance pour les chiens errants et les nuées de corbeaux.
Dès les premiers jours, un commerce lucratif se développa près des cimetières. Des trouées avaient été percées dans les murs, fossoyeurs et prêtres se faisaient payer des sommes exorbitantes pour enterrer de nuit les morts dans les caveaux de famille.

Le peuple grondait. Il se heurtait aux gardes groupés en batailles qui n’hésitaient pas à le charger. (…)
Les messes noires remplaçaient celles des églises. On se rassemblait dans les caves, ou dans les clairières. Des astrologues annonçaient le retour des temps sauvages où les hommes se mangeraient entre eux, où des monstres sortiraient des entrailles de la terre pour semer la terreur, boire le sang et engrosser les femme , qui accoucheraient de démons cornus.

 

 

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