mercredi 3 avril 2019

[Bordes, Gilbert] La garçonne




J'ai beaucoup aimé

Titre : La garçonne

Auteur : Gilbert BORDES

Editeur : Presses de la Cité

Parution : 2019

Pages : 312



Accédez à mon interview de Gilbert Bordes à l'occasion de la sortie de La garçonne en cliquant ICI




 

Présentation de l'éditeur :   

On appelait Louison "la Garçonne", braconnière solitaire des bois de Sologne en ces années 1930. Presque dix ans plus tard, au terme d'un long exil dans le nord du Canada, elle revient sur les lieux d'un drame qu'elle n'a jamais oublié. A la fois par désir de vengeance et en quête de ses origines...

A vingt ans, sa beauté rousse ensorcelante et son indépendance dérangent. Celle qu'on surnomme "la garçonne" aime s'aventurer la nuit tombée dans la profondeur des bois pour braconner. Les villageois s'interrogent : pourquoi cette orpheline est-elle la protégée du puissant comte de Cressey ? Un soir de novembre 1937, deux hommes l'agressent. Un traumatisme dans sa chair qui va bouleverser pour toujours son rapport à la vie, à la mort. Emportant avec elle ses secrets, Louison décide un jour de quitter son village de Sologne. Loin de ceux qui ont veillé sur elle, enfant, loin de ceux qui la haïssent... Et loin aussi de celui qui n'a jamais cessé de l'aimer.
Pour mieux fomenter sa vengeance ? Quand les années noires de l'Occupation auront révélé, parmi les habitants de Saint-Roch, les valeureux et les lâches...

Gilbert Bordes, éternel conteur de la nature et des âmes.

 

 

Avis :

A la fin des années trente, dans ce village de Sologne proche de Sully-sur-Loire, la vie n’est pas toujours tendre et on a vite fait d’invoquer le Diable pour trouver un bouc-émissaire à ses malheurs. Ainsi, la jeune Louison, avec sa flamboyante chevelure rousse, ses allures de sauvageonne indomptable et ses origines pas très claires, suscite des commérages qui, de jalousie en dépit, prendront vite des dimensions haineuses. Lorsque violée, elle tombe enceinte, elle est bientôt pointée du doigt comme une créature maléfique, une sorcière. La guerre survient, exacerbant courage chez les uns, lâcheté chez les autres. Dans les années qui suivent la libération, l’heure est au règlement de comptes, parfois très anciens.

Dans l’écrin de nature d’une Sologne qu’il connaît bien et évoque avec tendresse, l’auteur restitue très justement les égoïsmes, petitesses et rancoeurs qui peuvent tisser le quotidien d’un petit village où chacun a son mot à dire sur tout le monde. Gare à l’étranger, celui qui n’est pas du pays comme celui, pourtant du cru, qui sortant de la norme communément admise, dérange et inquiète. Et quoi de plus perturbant qu’une fille qui entend mener sa vie à sa guise, sans souci des usages et du qu’en dira-t-on, au grand dam du curé, des hommes subjugués mais dépités par son indépendance, des femmes qui n’ont jamais osé s’offrir les mêmes libertés.

Ecrite avec une efficace et fluide sobriété, l’histoire entretient un certain suspense alors que les tensions s’exacerbent et que les secrets se dérobent. Cette immersion historique en campagne solognote m’a charmée en toute simplicité. J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture dont le thème central m’a évoqué Les Dames de Brières de Catherine Hermary-Vieille.
Il est dangereux d’être une fille libre dans les lieux et les époques où les femmes ne le sont pas.

Merci à Gilbert Bordes et aux Presses de la Cité pour leur confiance.



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