Coup de coeur 💓
Titre : Le royaume enchanté
(The Magic Kingdom)
Auteur : Russell BANKS
Traduction : Pierre FURLAN
Parution : 2022 en anglais (Etats-Unis)
2024 en français (Actes Sud)
Pages : 400
Présentation de l'éditeur :
En 1971, Harley Mann, alors âgé de quatre-vingt-un ans, confie son
histoire tragique à un magnétophone. Bande après bande, chapitre après
chapitre, il revisite son adolescence et raconte l’installation de sa
famille dans les marécages de Floride – à quelques encâblures de ce qui
allait devenir Disney World – pour rejoindre une communauté de Shakers,
pieuse et abstinente. La colonie rejette toutes les tentations
extérieures et suit assidûment son credo : “Les mains au travail et le
cœur à Dieu.” Mais lorsque Harley tombe éperdument amoureux d’une jeune
femme et entame avec elle une relation clandestine, sa loyauté envers
les Shakers et leur vision conservatrice du monde s’effrite et
finalement se brise.
Une éblouissante tapisserie, tissant les fils de
l’amour et de la foi, de la mémoire et de l’imagination, sur ce que
signifie regarder en arrière et accepter sa place dans l’histoire.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Russell Banks est né en 1940 dans le Massachusetts et a
grandi dans le Vermont. Aîné de quatre enfants, il est issu d’un milieu
ouvrier et d’une famille instable et précaire (il n’a pas douze ans
quand son père déserte le foyer familial), le contexte de cette enfance
marquera fortement son œuvre littéraire. Il entreprend des études supérieures à Colgate University qu’il
interrompt rapidement. À l’âge de vingt ans, il est marié et père d’une
première fille. Pour gagner sa vie, il exerce divers métiers comme
plombier, vendeur de chaussures, pompiste, mais il découvre aussi la
lecture et dévore la littérature classique et moderne américaine. Il
commence à écrire. Quelques années plus tard, il reprend brillamment ses études à
l’université de Caroline du Nord dont il sortira diplômé en 1967. Il
fait à cette époque la rencontre décisive du romancier Nelson Algren qui
lui confirmera sa vocation d’écrivain. Après avoir divorcé, il se remarie et devient père de trois autres
filles. Avec sa famille, il voyage, s’installe un temps en Jamaïque,
s’éprend de Cuba, de la Floride. Il enseigne dans plusieurs établissements supérieurs, université
Columbia, Sarah Lawrence College, universités du New Hampshire et de New
York, puis celle de Princeton où longtemps, il sera professeur de creative writing aux côtés de Joyce Carol Oates et de Toni Morrison.
Son premier roman paraît aux États-Unis en 1975 et il accède à une
reconnaissance internationale au milieu des années 1980. Avec plus de
vingt romans publiés, Russell Banks s’est imposé comme l’un des plus
grands écrivains américains de sa génération, construisant une œuvre
progressiste et anticonformiste, animée de la nécessité de faire
entendre les voix de ceux que la société a abandonnés, et où toujours la
dénonciation de toutes les formes d’injustice ou de violence occupe une
place essentielle. L’œuvre de Russell Banks est une remise en cause du
mythe américain.
Écrivain prolifique, il a également publié des poèmes, des nouvelles
et des essais dans diverses revues. Plusieurs de ses romans ont été
adaptés au cinéma : De beaux lendemains, réalisé par Atom Egoyan (ce film a obtenu à Cannes en 1997 le Grand Prix du jury et le Prix de la critique internationale), Affliction, réalisé en 1997 par Paul Schrader, Trailer Park réalisé en 2010 par Jonny et Patrick Muhlberger. Paul Schrader a également adapté Oh, Canada, avec Richard Gere dans le rôle principal, dont la sortie est annoncée en 2024.
Russell Banks a reçu de nombreux prix et distinctions parmi lesquels
le Prix Ingram Merrill, le Prix de la nouvelle St. Lawrence, le Prix
O’Henry, celui du Best American Short Story, le Prix John Dos Passos, le
Prix de littérature de l’Académie américaine des arts et lettres, le
Common Wealth Award for Literature 2011. Continents à la dérive et Pourfendeur de nuages ont été finalistes du Prix Pulitzer en 1986 et 1998.
Membre de l’Académie américaine des arts et des sciences, Russell
Banks a été, de 2001 à 2004, le troisième président du Parlement
international des écrivains, après Wole Soyinka et Salman Rushdie, puis
le fondateur de Cities of Refuge North America, un réseau de lieux d’asile pour des écrivains menacés ou en exil.
En 2022, il a reçu un hommage spécial pour l’ensemble de son œuvre du Prix du Meilleur Livre étranger, à Paris.
Il était marié à la poétesse Chase Twichell. Il s’est éteint le 7 janvier 2023 à New York. L’ensemble de son œuvre est publié aux éditions Actes Sud.
Avis :
Dans son ultime roman, publié juste avant sa mort en janvier 2023, Russell Banks poursuit son questionnement du rêve américain au travers d’un paradis perdu, domaine d’une modeste communauté shaker en Floride, devenu aujourd’hui miroir aux alouettes de l’industrie du loisir.
L’auteur qui, dans ses livres, a si souvent adopté le point de vue des laissés pour compte en Amérique s’attaque cette fois au mythe du self-made-man au travers d’un récit désespérément nostalgique. Au soir de son existence depuis longtemps solitaire, un homme décide de se confier à des bandes magnétiques. L’on découvre son histoire depuis l’enfance, en une narration sans faux-semblants révélant une âme déchirée et sans plus d’illusions face à son combat d’une vie avec le Bien et le Mal.
Né au tournant du XXe siècle, Harley Mann a connu la misère la plus noire avant de faire fortune dans la spéculation immobilière. Son dernier coup fut la vente à l’empire Disney des terres qui devaient servir à l’implantation du grand parc d’Orlando. Des terres sur lesquelles il avait fait main basse après avoir contribué à la déroute de leurs propriétaires, une communauté utopiste de shakers, proches des quakers, qui l’avait charitablement recueilli avec les siens quand ils étaient littéralement au fond du trou.
Ce n’est qu’après les avoir trahis parce qu'irrésistiblement attiré par l’amour et l’argent, que Harley devait réaliser la bonté des shakers et son bonheur perdu, lui qui par avidité et vanité s’était exclu tout seul de leur « royaume enchanté », ce jardin d’Eden certes régi par des règles austères, entre chasteté, dévotion et communisme, mais pourvoyant simplement aux besoins de chacun.
Une infinie tristesse imprègne le récit de cet homme, enferré par de mauvais choix dans une voie sans retour dont il a pu, depuis, longuement mesurer tout ce qu’elle lui a fait perdre, à lui mais aussi, par sa faute, à d’autres qui ne demandaient rien. A travers cette utopie humaniste détruite au profit d’un matérialisme bassement individualiste, c’est ni plus ni moins ce que nous avons appelé le progrès de la civilisation et qui a abouti à la société de consommation et à ses nouveaux modes d’asservissement, à la disparition de la nature sauvage et à la mise en péril de la planète, que questionne Russell Banks dans ce chant du cygne parabolique.
Écrivain connu pour ses engagements humanistes, Russell Banks nous livre une dernière histoire crépusculaire, à la fois fresque intense et envoûtante traversée par un puissant souffle narratif, et réflexion mélancolique sur ce que nous coûte l’avidité matérielle de notre civilisation. A nous prendre pour des dieux, égoïstes et souverains, nous ne nous contentons pas de nous exclure nous-même du paradis terrestre, nous faisons tout pour le détruire. Coup de coeur. (5/5)Je devrais probablement m’abstenir de le dire ici, mais j’ai vu et entendu des choses au cours de ma vie – et je les ai vues et entendues ici, dans ma ville de St. Cloud, Floride – qui me poussent parfois à me demander si l’esclavage est vraiment fini aujourd’hui. Ou si les Blancs n’ont pas réussi à simplement lui donner un autre nom. Quand ils défendaient leur fidélité à l’égard de leur credo socialiste façon Ruskin, mes parents fustigeaient constamment ce qu’ils appelaient le “capitalisme à salaire d’esclave”. S’ils étaient vivants aujourd’hui, quel nom donneraient-ils à l’entreprise de M. Walt Disney, ici, au sud-ouest d’Orlando, où il est inutile pour un Noir, homme ou femme, qui cherche un emploi légitime de se présenter avec son visage à la peau sombre ? Tout change, et pourtant, comme disent les Français, tout reste pareil. L’esclavage, c’est ce qui produit les effets de l’esclavage, voilà ce que je dis. Les Blancs arrivent à échanger leur labeur contre un paiement, même si c’est contre une fraction minuscule de ce que vaut leur labeur, et les Noirs sont enchaînés et forcés à travailler pour rien dans les prisons et dans des équipes employées au bord des routes que les gens dépassent chaque jour à toute vitesse dans leurs voitures climatisées.
Que diraient Père et Mère s’ils connaissaient mon histoire ? Que dirait Mère Ann Lee, ce puits de sagesse et de piété des Shakers ? Ou l’Aîné John Bennett et l’Aînée Mary Glynn aujourd’hui disparus, ces deux Shakers communistes et dévoués à l’esprit clair et à l’âme noble ? Que me diraient-ils aujourd’hui ? Et s’ils pouvaient parler entre eux, que diraient-ils de moi ?
Ce sont leurs voix antiques que j’entends à l’intérieur de moi depuis que j’ai commencé à raconter mon histoire, l’histoire de mon enfance et de ma jeunesse chez les Shakers de la Nouvelle-Béthanie à Narcoossee, Floride, en y insérant tout ce qui a conduit aux événements dramatiques qui se sont déroulés là en 1910 et 1911 après que je suis devenu homme, et les malheureuses conséquences de ces événements. Quand je parle dans mon magnétophone, les voix de ces femmes et de ces hommes morts depuis longtemps me remplissent la tête. Elles ont même commencé à s’infiltrer dans ma voix, dans les mots et les phrases que j’emploie dans mon récit, et à les modeler. C’est comme si je n’avais jamais appris à parler comme l’homme qu’en fait je suis devenu, à savoir un de ces Blancs de Floride, petits commerçants à vie qui ne font montre d’aucun enthousiasme religieux ou politique remarquable, aucune appartenance de classe visible. Je suis le genre de Républicain ou de Démocrate qui s’inscrit en tant qu’Indépendant, le protestant ou le catholique qui ne pratique plus et coche la case “chrétien”, l’Anglo-Américain qui se voit comme simplement Américain, l’être humain de sexe mâle qui se croit juste humain, le Blanc qui pense ne pas avoir de couleur.T
Elle est la personne que j’ai été pendant la plus grande partie de ma vie d’adulte et dont, au fil des ans, j’ai pris la voix. Mais quand j’enclenche l’interrupteur de mon Grundig TK46 et que je rembobine la bande pour rejouer mon récit d’aujourd’hui, comme je viens de le faire, je n’entends pas la voix neutre, moderne, passe-partout et américaine de cette personne-là. J’entends à la place une voix qui n’a encore jamais été enregistrée, pas même par Thomas Edison, une voix parlant dans un autre siècle, le XIXe, et dans un autre pays, les régions sauvages du Centre-Sud de la Floride, une voix venue de loin dans le temps comme dans l’espace. Une voix que je reconnais à peine. Ma voix.
Rien qu’en nous présentant à la porte de la maison de maître et en demandant du travail et un abri, nous avions soumis nos vies aux besoins, aux règles, aux protocoles et aux priorités de la plantation Rosewell. Nous avions franchi une ligne qui séparait deux mondes, comme si nous avions échangé une planète contre une autre, et désormais nous n’avions plus qu’un souci, celui d’apprendre les règles et les principes qui gouvernaient ce nouveau monde.
La planète qui avait jadis été notre chez-nous se situait dans un autre univers. C’était aussi simple que ça. Les règles, les priorités, les principes et les lois physiques d’autrefois ne s’appliquaient plus, pas même en tant que points de comparaison mesurables. Pour survivre, il nous fallait apprendre aussi vite que possible une logique et une cohérence nouvelles qui se révélaient à nous incessamment, car la plantation était rigoureusement autodéfinie, close sur elle-même selon une logique et une cohérence absolues.
Peau noire ou peau blanche, nous n’étions évidemment pas des esclaves. En tout cas pas des esclaves-marchandises. Nous étions plutôt comme des travailleurs réduits au servage par contrat, bien que pour nous la période de servitude ne soit pas fixée et puisse s’allonger en vertu du système comptable que notre pauvreté permettait à la plantation Rosewell d’utiliser et qui, dans tout le Sud à cette époque, était également celui de nombreuses autres plantations et sociétés d’exploitation minière ou forestière. Mais contrairement aux Noirs, ce n’était pas la couleur de notre peau qui nous avait rendus criminellement pauvres aux yeux de l’État. C’était le fait que Père et Mère se soient si longtemps et si bêtement consacrés au rêve ruskinite d’une “nation qui vient”.
Au fil du temps, nous avons appris indirectement, par des rumeurs et des commérages, que les Blancs, hommes et femmes, qui vivaient et travaillaient avec nous étaient presque tous des gens condamnés pour crime et qui avaient avec eux leurs enfants illégitimes. Il s’agissait de petits voleurs, de pickpockets, de prostituées, ou de Blancs et de Blanches arrêtés pour avoir cohabité avec une Noire ou un Noir, ou encore de ces gens qui étaient ce qu’on appelait à l’époque des sodomites. Ils étaient tous pauvres, incapables de s’acquitter de leurs amendes ou de leurs frais de justice. Ces frais et amendes avaient été payés aux shérifs de comté et aux juges dans tout l’État de Géorgie et même jusqu’au Mississippi et en Alabama par M. Couper lui-même. La dette devrait être remboursée par le condamné, homme ou femme, au taux d’un dollar par jour jusqu’à ce que la somme due soit égale à zéro. Échéance qui pouvait facilement être repoussée jusqu’à un futur indéfini, comme Mère s’en rendit compte à la fin du premier mois lorsque le coût de la nourriture, de l’hébergement et des articles indispensables qu’elle avait achetés à crédit au magasin de la compagnie pour nourrir, habiller et loger ses enfants fut déduit de notre salaire. Le solde était toujours négatif. Ce solde négatif était considéré comme un prêt de la part de la plantation, et Mère devait payer un intérêt sur la somme globale. Mois après mois, sa dette augmentait. Elle n’a jamais diminué d’un iota.
C’est ce qui se produit chez ceux qui sont totalement vaincus. Ils cessent de parler. Se plaindre serait exprimer l’espoir que la situation s’améliore. Nous n’avions pas cet espoir.
J’ai appris que ceux à qui on a tout volé voleront n’importe lequel de ceux à qui on n’a pas tout volé. Dans des conditions de vie dégradante, il n’y a pas de solidarité. C’est pourquoi, après notre deuxième journée de travail, quand nous sommes rentrés d’un pas pesant des champs de coton, nous avons découvert que nos tentes avaient été vidées, qu’on nous avait volé tout ce que nous avions transporté de Waycross. Même nos couvertures s’étaient envolées, et si nous n’avions pas suivi les instructions du surveillant nous demandant d’apporter aux champs, avec nous, nos couverts et notre assiette, eux aussi auraient disparu. Mère s’est rendue à l’intendance pour demander à l’intendant de remplacer les couvertures volées, et leur coût – soit cinq jours de travail pour chacun de nous, les cinq Mann – est venu s’ajouter à son compte. L’intendant lui a déclaré que dorénavant, si elle et ses enfants voulaient conserver leurs couvertures, il faudrait que nous les prenions avec nous chaque fois que nous quittions la tente.
J’ai appris que ceux qu’on fait travailler presque littéralement à mort ne désirent que très peu la compagnie des autres. Tels des animaux blessés, ils veulent surtout qu’on les laisse tranquilles, qu’ils puissent se blottir dans un coin pour tenter de récupérer assez d’énergie pour continuer à vivre un jour de plus. De toute façon, la société n’existait pas, à la plantation Rosewell, sauf dans les champs ou sur le chemin qui y menait, ou parfois au début de la journée quand nous échangions quelques saluts rapides en grimpant à bord des wagons branlants qui nous transportaient vers nos lieux de labeur. Personne ne révélait quoi que ce soit de son passé ni de ce qui l’avait amené à se retrouver emprisonné à la plantation Rosewell. Ceux qui ne peuvent pas s’imaginer d’avenir ont du mal à se remémorer leur passé, ou du moins à en parler, car le passé ne peut pas avoir été pire que le présent et, par conséquent, le décrire et se le remettre complètement en tête serait une affaire douloureuse qu’on évite.
J’ai appris que les enfants comme les adultes, les femmes aussi bien que les hommes, les Blancs autant que les Noirs, en situation de dégradation vont entraîner tous ceux qu’ils peuvent dans cette dégradation. C’est du haut vers le bas que s’exercent alors la violence et le vol, la domination et les abus sexuels, la manipulation et le contrôle, la tromperie, l’escroquerie, le sadisme.
Quand j’y repense, je suis encore stupéfait par le pouvoir coercitif de ceux qui, généralement par hasard, en viennent à nous entourer. Les humains ne sont ni rigoureusement des animaux de meute comme les loups, ni des animaux de troupeau comme les moutons, mais quand ils se rassemblent en groupes unis par des liens très forts, ils se conduisent autant comme des meutes que comme des troupeaux. Ils s’organisent instinctivement de telle sorte qu’un ou deux d’entre eux soient placés au sommet, comme dans une meute, tandis que le reste s’entasse dessous selon des degrés toujours plus faibles d’autorité et d’indépendance. En même temps, ils adoptent les buts et les besoins plus généraux du troupeau. Bien que fondamentalement instable, cette façon est néanmoins celle par laquelle s’organisent les sociétés humaines – adhésion simultanée à l’autorité et au groupe.
(…) la Floride, dès ses débuts, avait servi de réceptacle aux détritus du monde. C’était là qu’allaient ceux qui n’avaient plus de perspectives ailleurs et qui ne s’étaient pas encore installés dans le désespoir, qui croyaient qu’il existait toujours une faible chance de pouvoir repartir de zéro et que personne ne remarquerait leurs échecs passés ni ne leur en tiendrait rigueur le temps qu’ils retrouvent leurs repères et tentent un nouveau départ.
Durant ma propre vie, ce sont les réfugiés des guerres et des pogroms d’Europe, les survivants des camps de concentration qui ont émigré en Floride. Quelques décennies plus tard, ceux qui fuyaient Cuba, Haïti et l’Amérique centrale ont débarqué sur ces côtes, alors que depuis toujours des retraités en provenance des États du Nord viennent ici, en quête d’un endroit au soleil où finir les quatre-vingt-dix ans qui leur sont alloués et se retrouvent à somnoler sur le banc d’un parc ou à lancer des appâts depuis un bateau à moteur en alu de chez Sears, Roebuck voguant sur des eaux peu profondes, ou encore à frapper des balles de golf pendant que, derrière eux, enfants et petits-enfants – les leurs comme ceux de tous les autres – arrivent dans des breaks, attirés vers le sud comme par une doline de la taille de l’État tout entier, doline qui les verse dans le monde du rêve américain, le Royaume enchanté, la plantation récréative de Disney.