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Titre : Le conflit de l'an 2040
Auteur : Dominique GODFARD
Parution : 5 Sens (2021)
Pages : 132
Présentation de l'éditeur :
Roselyne, 98 ans, invite sa famille pour le réveillon du 31 décembre
2039. Qu’il s’agisse de sa personne, de son style de vie ou de son
vocabulaire, elle a conservé de beaux restes qui datent quelque peu,
mais ne rebutent pas Arthur, son petit-fils bien-aimé âgé de 16 ans. Au
lendemain des festivités, un terrible conflit s’abat sur une société
déjà divisée par un système générationnel clivant. Durant une année, il
va tout bouleverser sur son passage, en particulier l’existence de
Roselyne et de son entourage. Toutefois, ce conflit apprendra aux
principaux acteurs de cette histoire singulière à mieux se connaître, à
se rapprocher les uns des autres en dépit de générations différentes et à
fêter dignement la Saint-Sylvestre au 31 décembre 2040…
Roman
d’anticipation farfelu, fable rigolote ou satire déjantée ? Le conflit
de l’an 2040 s’apparente à tous ces genres et, comme la plupart des
récits liés à la futurologie, repose sur une analyse sérieuse de notre
époque tout en s’attachant à en dénoncer les travers avec une allégresse
communicative.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
Nous sommes en 2040. Roselyne, quatre-vingts-dix-huit ans, est déboussolée par ce qu’est devenu le monde. A vrai dire, il n’y a plus guère qu’avec son petit-fils préféré, Arthur, seize ans, qu’elle se sent de vraies affinités. Toutefois, lorsqu’un grave conflit générationnel bouleverse soudain la société entière, la vieille dame et les siens, amenés à surmonter leurs différences et leurs incompréhensions, apprennent à mieux se connaître et finissent par se rapprocher.
Roselyne apparaît très vite comme un avatar de l’auteur, une projection d’elle-même dans une fable mi-figue mi-raisin, où l’humour le dispute à l’inquiétude. Derrière la facétie et l’exagération satirique, s’expriment un désarroi et un questionnement sur les travers et les tendances de la société contemporaine. Tandis que le récit dessine un monde futur divisé en castes générationnelles, d’autant moins capables de se comprendre que chacun vit dans sa bulle, au sein d’un univers artificiel régenté par les réseaux sociaux, deux perspectives chagrinent particulièrement Roselyne : que, sans authentiques relations humaines, son petit-fils passe à côté de l’amour, et que le plaisir des mots et de la langue achève de tomber en désuétude.
S’il interroge et s’insurge au fil de ses observations, le texte ne se départit jamais d’une grande tendresse pour ses personnages et, malgré tout, d’un optimisme global résultant d’une sorte d’incrédulité face à l’inconcevable. Au final, menacés par le pire, les protagonistes ont suffisamment d’humanité et de bon sens pour s’en tirer, comme si ce livre n’était au fond qu’une forme d’avertissement, un signal d’alarme à destination d’un public forcément capable de réagir et de ne jamais en arriver là. L’ouvrage se garde par ailleurs de tout passéisme et manichéisme, Roselyne s’efforçant d’utiliser à bon escient les nouveaux outils et réseaux de communication qui la désarçonnent tant.
Malgré, ça et là, quelques coquilles et imperfections de style, ce livre se lit très agréablement. D’une façon originale et amusante, il nous interpelle très justement quant à l’impact des réseaux sociaux, tant sur nos relations humaines, que sur notre rapport au langage et à l’écrit. (3/5)
Roselyne apparaît très vite comme un avatar de l’auteur, une projection d’elle-même dans une fable mi-figue mi-raisin, où l’humour le dispute à l’inquiétude. Derrière la facétie et l’exagération satirique, s’expriment un désarroi et un questionnement sur les travers et les tendances de la société contemporaine. Tandis que le récit dessine un monde futur divisé en castes générationnelles, d’autant moins capables de se comprendre que chacun vit dans sa bulle, au sein d’un univers artificiel régenté par les réseaux sociaux, deux perspectives chagrinent particulièrement Roselyne : que, sans authentiques relations humaines, son petit-fils passe à côté de l’amour, et que le plaisir des mots et de la langue achève de tomber en désuétude.
S’il interroge et s’insurge au fil de ses observations, le texte ne se départit jamais d’une grande tendresse pour ses personnages et, malgré tout, d’un optimisme global résultant d’une sorte d’incrédulité face à l’inconcevable. Au final, menacés par le pire, les protagonistes ont suffisamment d’humanité et de bon sens pour s’en tirer, comme si ce livre n’était au fond qu’une forme d’avertissement, un signal d’alarme à destination d’un public forcément capable de réagir et de ne jamais en arriver là. L’ouvrage se garde par ailleurs de tout passéisme et manichéisme, Roselyne s’efforçant d’utiliser à bon escient les nouveaux outils et réseaux de communication qui la désarçonnent tant.
Malgré, ça et là, quelques coquilles et imperfections de style, ce livre se lit très agréablement. D’une façon originale et amusante, il nous interpelle très justement quant à l’impact des réseaux sociaux, tant sur nos relations humaines, que sur notre rapport au langage et à l’écrit. (3/5)
Citations :
La beauté ceint ses accompagnateurs d’une aura de fierté tout à fait incompréhensible mais bien réelle.
Il arrivait à Roselyne de se demander si ce que l’on appelle « attachement » à autrui ne deviendrait pas, le temps passant, de l’ordre de l’étouffement, de l’emprisonnement, bref d’une obligation un peu pénible dont on tolère les contraintes faute de choix ou par habitude.
La vie des personnes âgées se compliquent à la suite de l’amoindrissement de leur facultés qui les laisse sur le flanc en leur imposant des interdits toujours plus nombreux, mais aussi de l’idée qu’elles se forgent de leur âge dont elles craignent d’encombrer leur entourage : la vieillesse se fait peur à elle-même !
« C’est quoi, un youfirster, quoi ou qui ?
- Une personne qui publie des vidéos régulièrement sur Internet. Plus elle a de followers ( des abonnés à sa chaîne, si tu préfères), plus elle devient quelqu’un d’important. (…)
- Est-ce qu’il y a une chaîne You First dédiée aux mots ? demanda Roselyne.
- Oh ! Sûrement. Je ne sais pas s’il y en a beaucoup, mais si tu en faisais une, ce serait… oufissime ! Fit l’adolescent dans un sourire un brin moqueur.
- Les mots n’intéressent pas les youfirsters ?
- Si, mais seulement les mots-clefs. »
Ne passait-elle pas, en effet, son temps en la comparaison dévalorisante de son aspect physique d’aujourd’hui avec celui de la jolie jeune femme qu’elle avait été ? Comme si elle ne pouvait se défaire de la photo d’une Roselyne aux blandices éclatantes et à laquelle elle se mesurait jusqu’à éprouver une telle honte de son vieillissement qu’il lui fallait constamment rappeler son âge, à la manière d’une excuse qui désignerait le responsable de son état actuel.
Les vieux ne voient pas avec les yeux mais avec le bout de leurs doigt et de leur coeur.
Ce qu’il faut apprendre, c’est à peindre avec les mots.
Il arrivait à Roselyne de se demander si ce que l’on appelle « attachement » à autrui ne deviendrait pas, le temps passant, de l’ordre de l’étouffement, de l’emprisonnement, bref d’une obligation un peu pénible dont on tolère les contraintes faute de choix ou par habitude.
La vie des personnes âgées se compliquent à la suite de l’amoindrissement de leur facultés qui les laisse sur le flanc en leur imposant des interdits toujours plus nombreux, mais aussi de l’idée qu’elles se forgent de leur âge dont elles craignent d’encombrer leur entourage : la vieillesse se fait peur à elle-même !
« C’est quoi, un youfirster, quoi ou qui ?
- Une personne qui publie des vidéos régulièrement sur Internet. Plus elle a de followers ( des abonnés à sa chaîne, si tu préfères), plus elle devient quelqu’un d’important. (…)
- Est-ce qu’il y a une chaîne You First dédiée aux mots ? demanda Roselyne.
- Oh ! Sûrement. Je ne sais pas s’il y en a beaucoup, mais si tu en faisais une, ce serait… oufissime ! Fit l’adolescent dans un sourire un brin moqueur.
- Les mots n’intéressent pas les youfirsters ?
- Si, mais seulement les mots-clefs. »
Ne passait-elle pas, en effet, son temps en la comparaison dévalorisante de son aspect physique d’aujourd’hui avec celui de la jolie jeune femme qu’elle avait été ? Comme si elle ne pouvait se défaire de la photo d’une Roselyne aux blandices éclatantes et à laquelle elle se mesurait jusqu’à éprouver une telle honte de son vieillissement qu’il lui fallait constamment rappeler son âge, à la manière d’une excuse qui désignerait le responsable de son état actuel.
Les vieux ne voient pas avec les yeux mais avec le bout de leurs doigt et de leur coeur.
Ce qu’il faut apprendre, c’est à peindre avec les mots.
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