dimanche 3 novembre 2024

[Quentin, Abel] Cabane

 



 

Coup de coeur 💓

 

Titre : Cabane

Auteur : Abel QUENTIN

Parution : 2024 (Observatoire)

Pages : 480

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur : 

Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie.

Les résultats de l’IBM 360, alias « Gros Bébé », sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu’on le connaît s’effondrera au cours du XXe siècle. Au sein de l’équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d’Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l’opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l’énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop. Certains disent qu’il est devenu fou.

De la tiède insouciance des seventies à la gueule de bois des années 2020, Cabane est le récit d’une traque, et la satire féroce d’une humanité qui danse au bord de l’abime.

Après Sœur (sélection prix Goncourt 2019) et Le Voyant d’étampes (prix de Flore, finaliste Renaudot et sélection Goncourt 2021), Cabane est le troisième roman d’Abel Quentin.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :   

Abel Quentin est l’auteur d’un premier roman très remarqué, Sœur (sélection prix Goncourt et finaliste du prix Goncourt des lycéens 2019).

 

 

Avis:   

S’inspirant du retentissant rapport Meadows qui, grâce à la dynamique des systèmes, démontrait dès 1972 qu’à défaut de mesures visant à inverser la tendance, les projections de croissance économique et démographique mènent tout droit le monde à un effondrement, Quentin Abel noue une intrigue aussi vaste que dérangeante autour de la passivité qui, cinquante ans après et malgré la réalisation à date de toutes les prédictions chiffrées de cette modélisation, continue à nous caractériser.

Rebaptisée dans le roman « rapport 21 », cette publication tout à fait réelle est l’occasion pour l’écrivain d’imaginer le parcours de quatre jeunes scientifiques, recrutés par un éminent professeur de Berkeley – « la Harvard de l’Ouest » dont « le corps enseignant comptait onze Nobel » – pour modéliser, grâce aux tout premiers superordinateurs, notre système de croissance en fonction de ses différents ingrédients et facteurs. Les premiers secoués par leurs terribles conclusions, soudainement lâchés par leur mentor couru se mettre à l’abri, ils vont chacun opter pour une stratégie différente, incarnant au final l’ensemble des attitudes aujourd’hui adoptées dans la société face à la catastrophe annoncée.

L’optimiste couple d’Américains Mildred et Eugene Dundee, convaincu qu’une fois informées, « les sociétés n’allaient pas sombrer sans réagir », entame à travers le monde une longue croisade médiatique à tout crin. Ces Cassandre en sortiront désabusés et brisés pour se retirer au vert, à la tête d’un petit élevage biologique.
Le polytechnicien français Paul Quérillot, assez vite convaincu qu’incapables de « nous révolter contre nous-mêmes », nous continuerions comme si de rien n’était, renverser le « système technicien » revenant à « vouloir inverser un courant maritime, ou la rotation de la Terre », se lance, perdu pour perdu, dans une course égoïste à l’argent – après tout, « Qu’est-ce qu’elles ont fait pour nous les générations futures ? »
Enfin, Johannes Gudsonn, le presque autiste génie des mathématiques, disparaît tout simplement des radars et, réfugié dans la cabane à l’origine du titre, hésite entre plusieurs voies alternatives, comme celles des mathématiciens Grothendieck et Kaczynski, devenus, l’un militant anti-techniciste à la tête du groupe Survivre et Vivre, l’autre activiste anarcho-écologiste surnommé Unabomber en raison de ses activités terroristes.

Ainsi, des quatre lanceurs d’alerte à l’origine tout feu, tout flamme, ne reste au final que le petit tas de cendres de leur impuissance et de leurs désillusions, et au bout d’un demi-siècle, le navrant constat d’un échec : parmi les différents scénarios envisagés par le modèle de 1972, le monde n’a pas dévié d’un pouce de sa trajectoire initiale vers l’effondrement. Sans colère, tout au plus ironique mais surtout profondément mélancolique, le texte qui, mêlant personnages réels et fictifs, établit une rétrospective documentée et solide tout en entretenant le suspense autour de la disparition du chercheur suédois, ne laisse globalement guère de place à l’optimisme. Face à ce « système technicien » qui, « dirigé par personne », « obéit à sa logique propre, morne et implacable », « aliénant les êtres humains sans cesse davantage, interdisant que l’on questionne son utilité, et a fortiori sa participation au bonheur humain », « chaque invention de merde appelant une autre invention de merde, sans que personne ne songe à enrayer cette routine », ne subsiste au fond qu’un incommensurable sentiment de solitude, ne menant ici qu’au retrait du monde, au suicide ou à la folie.

Un roman tout à fait passionnant, qui fait le tour de nos inactions face à l’urgence climatique avec un sens du détail n’entravant jamais la fluidité du texte, pour tenter de nous arracher, au moins le temps de sa lecture, ces oeillères qui nous font garder la vue courte, myopes comme des taupes face à un avenir moins concret que le présent immédiat. Coup de coeur. (5/5)

 

 

Citations :

Berkeley : la Harvard de l’Ouest. Le corps enseignant comptait onze Nobel. L’excellence des universités de la côte est, sans leur morgue et leur arrogance WASP. La flamme de la connaissance, au milieu des danses indiennes et du crachotement des ghetto-blasters. La physique atomique et Jimi Hendrix.
 

Les quatre trimaient depuis près de deux ans sur la mission que leur avaient confiée les commanditaires : « analyser les causes et les conséquences à long terme de la croissance sur la démographie et sur l’économie mondiale », et aussi sur la question incidente, posée dans les termes d’une brutale simplicité, par des gens qui ne se payaient pas d’à-peu-près : « Les activités humaines peuvent-elles poursuivre leur croissance de façon durable, face aux limites des ressources naturelles non renouvelables, de la surface des terres arables et de la capacité d’absorption de la pollution par les écosystèmes ? »
 

Ce schéma décrivait ce qui se passerait si la croissance industrielle et démographique suivait son cours, sans que l’on fasse rien pour la juguler. Symbolisés par des courbes en trait plein, les indices de l’abondance (consommation alimentaire par terrien, production industrielle, espérance de vie, etc.) dépassaient la capacité de charge de la planète vers 2020, indiquée par une courbe en pointillé. Puis ils chutaient brutalement, en 2050. Ce qui signifiait un effondrement des conditions matérielles d’existence et une diminution brutale de la population mondiale, dans la deuxième partie du XXIe siècle.
 

Elle était optimiste, elle croyait en l’homme, disait-elle avec son sourire franc et courageux. Il suffisait d’informer les gens, si les gens étaient informés ils agiraient en conséquence. C’était son nouveau credo : « Quand les gens sauront, il y aura une onde de choc et il y aura une réaction », lançait-elle en rejetant sa mèche en arrière, d’un coup de tête (et alors Quérillot avait l’impression qu’avec ce geste elle rejetait sa féminité encombrante, au lieu de quoi elle ne parvenait qu’à être plus désirable encore). Pour elle, les choses étaient simples : les sociétés humaines n’allaient pas sombrer sans réagir. Le scénario catastrophe, ce-qui-se-passera-si-les-choses-suivent-leur-cours-tranquille, était un épouvantail utile. Il indiquait la voie du redressement. Mais il ne se produirait pas.
 

Plus tard, avec le recul, le couple comprit qu’ils avaient été reçus par ces gens parce qu’ils ne se sentaient pas menacés. Ils avaient accueilli les deux chercheurs très affablement parce qu’ils savaient qu’aucune vérité scientifique ne pourrait renverser cette chose si puissante : le désir d’accumulation qui consumait le ménage américain ; son désir obsessionnel d’acquérir un réfrigérateur, une télévision dernier cri et de brûler de l’essence comme un possédé, sur les routes asphaltées, au volant d’une voiture plus belle que celle de son voisin.
 
 
L’avenir des États-Unis dans deux ou dix ans, disait-on en substance aux Dundee, est une chose sérieuse. L’avenir du monde dans cent ans ne l’est pas. L’avenir du monde est une préoccupation oiseuse, une lubie bizarre pour tout dire. Si on se préoccupe de l’avenir du monde alors on oublie l’avenir des États-Unis et pendant ce temps-là les Chinois n’oublient pas l’avenir de la Chine, eux. Les Russes n’oublient pas l’avenir de la Russie, eux. Et pendant que vous rêvez tout haut, pendant que vous lisez l’avenir dans vos graphiques et vos modèles compliqués, vous vous faites voler. Les Chinois et les Russes vous font les poches en riant. Ils vous nettoient les poches, littéralement. L’avenir du monde est une préoccupation de perdant, de raté, de poissard, ça déprime tout le monde et rapidement les gens vous fuient comme si vous aviez la peste. Les gens n’avaient pas envie qu’on les angoisse avec des images de destruction et de mort. Ils en avaient eu envie un peu, un moment, à présent ils en avaient assez. Ils ont aimé se faire peur, parce que la vie était incroyablement douce, et que l’on pouvait se payer ce luxe-là, de penser aux siècles à venir. À présent la vie est un peu moins douce. Depuis la fin de l’année 1973 la crise est là, avec son cortège de craintes et ses queues aux stations-service, et les Américains ne veulent plus entendre ces histoires de monde qui danse au-dessus d’un volcan. Voilà ce que disaient les voix fatiguées et polies de leurs interlocuteurs. De plus en plus fatiguées, de moins en moins polies.


Votre travail est important. Cependant il est trop vaste, trop abstrait. Il faut que les gens fassent dans leur froc. On ne fait pas dans son froc en lisant un modèle de système dynamique. Les gens feront dans leur froc (je veux dire, vraiment) devant des phénomènes naturels, décrits par le menu. L’effet de serre. Le réchauffement dû à l’effet de serre. L’océan qui engloutit les îles du Pacifique, le désert qui bouffe l’Andalousie, des pays entiers devenus inhabitables. Le reste suivra. L’effet de serre, c’est la mère de toutes les batailles.


Il faut modifier notre regard sur les choses, Paul. Regarder chaque morceau de terre comme une parcelle d’un tout épuisable et fini. Éprouver la surface limitée de toute chose. Mentalement. Et dans le même temps, éprouver l’emprise humaine sur le monde. Son emprise grandissante. Chaque hectare de nature sauvage irrémédiablement perdu. Il faut laisser la panique gagner, et tirer toutes les conséquences du rapport. Cela signifie : inverser la direction du monde. Inverser la force énorme d’expansion.


Que voulaient-ils, les journalistes ? Une phrase définitive et spectrale sur les « années perdues », un mot sur l’ambiance de Berkeley. Ou bien un énième commentaire sur la personnalité de Mildred et de Eugene, sur l’extraordinaire force dégagée par ce couple. Ils se réveillaient tous les dix ans, pour faire des papiers sur le « rapport de l’Apocalypse » (qui était devenu, ces derniers temps, « le rapport qui avait eu tort d’avoir raison trop tôt »).


À l’époque, le livre avait été un best-seller. Il n’était pas le premier consacré à l’urgence écologique, mais le rapport 21 avait, le premier, apporté une vision panoramique et chiffrée du système-monde. Le premier, il avait démontré scientifiquement l’impasse de la croissance dans un monde fini. Il avait été violemment critiqué, aussi. Il était effarant de lire un livre vieux de cinquante ans qui disait tout. 


(…) ces frondeurs magnifiques dénonçaient la « tyrannie du Nombre », un joug plus pernicieux que la tyrannie de la Force. Celle-ci, au moins, avait un visage et des quartiers généraux : le Nid d’Aigle d’Hitler, ou le bureau de Staline. La Force était un adversaire qui avançait à visage découvert, prenait des places au grand jour, s’arrogeait des territoires. Le bruit des bottes était épouvantable mais c’était encore un bruit, et l’on pouvait s’exercer à le reconnaître. Le « système technicien » ne faisait pas de bruit, lui. Il n’avait pas de visage non plus, ni de quartiers généraux. Il n’était dirigé par personne. Il obéissait à sa logique propre, morne et implacable : la technique seule peut résoudre les problèmes engendrés par la technique. Aliénant les êtres humains sans cesse davantage, interdisant que l’on questionne son utilité, et a fortiori sa participation au bonheur humain. La technique est autonome, alertaient les penseurs-mutins. Chaque invention de merde appelle une autre invention de merde, sans que personne ne songe à enrayer cette routine. Qui aurait osé mettre en question la sortie d’une nouvelle génération d’iPhone ? En 2023, c’eût été aussi incongru que de vouloir inverser un courant maritime, ou la rotation de la Terre. Emprise invisible, mille fois plus sournoise que celle du fascisme. Contre elle, il était difficile de se révolter. Il aurait fallu, pour s’en libérer, nous révolter contre nous-mêmes.


Eh oui, on ne le dit jamais assez : ce sont les hippies qui ont fait le monde moderne. Sacré paradoxe, hein ? Parmi les jeunes gars qui bidouillaient des ordinateurs dans leur garage, beaucoup croyaient dur comme fer que l’informatique n’allait pas se faire avaler par le capitalisme. Qu’elle serait un espace alternatif. D’un côté nous détestions l’armée, Wall Street, et de l’autre nous étions persuadés que la technologie allait sauver le monde. On lisait des livres de science-fiction, et on se passionnait pour les soucoupes volantes et les dômes géodésiques. On voulait revenir aux valeurs primitives tout en bidouillant des ordinateurs. C’était sauvage, et aussi… ridicule. La technologie ne peut pas être contrôlée. C’est un train sans conducteur, lancé à toute vitesse. Comment veux-tu détourner un fleuve furieux ? Il n’y a rien à faire. Ce qui peut être inventé sera inventé. Si l’état de nos connaissances nous permet de créer une application pour se filmer l’intérieur du fion, cette application verra le jour. Moi, j’ai toujours dit : perdu pour perdu, autant être celui qui la met sur le marché. Donc, j’ai fait du blé comme tout le monde. 


Les inégalités étaient un des cancers abordés par le rapport 21. De façon curieuse, d’après Mildred Dundee et ses collègues, elles participaient de la frénésie consommatrice. Une société inégalitaire consommait plus, écrivaient les auteurs. Ce, à cause d’un phénomène appelé consommation ostentatoire, forgé par un sociologue américain au début du XXe siècle. Il se résume assez simplement : chaque classe sociale veut imiter celle du dessus, et notamment ses habitudes de consommation (les « signes extérieurs de richesse »). De cette manière, les inégalités entretiennent une compétition mortifère et alimentent la spirale infernale qui conduit à l’épuisement des ressources.


Un monde sans diable est très angoissant. Presque aussi angoissant qu’un monde sans Dieu. Le rapport 21 a mis au jour un mal sans visage, un crime collectif dénué d’intention criminelle : la croissance. Des milliards d’individus qui, pris isolément, ne poursuivent aucune intention malveillante : ils vont pourtant entraîner la mort de millions d’autres, provoquer des famines, noyer les deltas.


 

vendredi 1 novembre 2024

[Levison, Iain] Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques

 

 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Les stripteaseuses ont toujours
            besoin de conseils juridiques
            (The Whistleblower)

Auteur : Iain LEVISON

Traduction : Emmanuelle et Philippe
                      ARONSON

Parution : en anglais (Etats-Unis) et
                  en français en 2024 (Liana Lévi)

Pages : 272

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur : 

Mille dollars de l’heure. Un tarif qui ne se refuse pas quand on est avocat commis d’office obligé de passer ses journées, dimanches compris, à plancher sur les dossiers attristants de petits malfaiteurs sans envergure. Puis à négocier des peines avec un procureur plus puissant que soi mais tellement moins compétent. Alors Justin Sykes, lassé par ce quotidien déprimant, accepte pour ce tarif de se mettre un soir par semaine au service des filles d’un gentlemen’s club et de passer la nuit dans le motel d’en face. Sans trop chercher à comprendre. Parce que, c’est bien connu, les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :   

Iain Levison, né en Écosse en 1963, a grandi aux États-Unis. Avec son premier livre, Un petit boulot, il rencontre un succès immédiat en France. Critiques drôles et cinglantes de la société américaine, trois de ses romans ont été adaptés au cinéma.

 

 

Avis:   

« Ça fait onze ans que j’essaie de sauver le monde, et le monde continue de courir à sa perte. » Las et désabusé, l’avocat commis d’office Justin Sykes n’en poursuit pas moins, en Sisyphe dévoué, sa désespérante défense de la veuve et de l’orphelin, lorsqu’on lui propose mille dollars de l’heure pour donner des conseils juridiques aux stripteaseuses du Kittie Gentleman’s Club, une boîte minable de la banlieue de Philadelphie. L’affaire a beau paraître louche, notre homme et narrateur, si lucide dans son humour noir quant aux travers de la justice américaine, se laisse naïvement embarquer dans cet inattendu et lucratif à-côté.

Bien sûr, ses ennuis ne font que commencer. Et tandis qu’il continue à se démener avec sa pile de dossiers, riant jaune des injustes absurdités de la machine judiciaire américaine quand les peines souvent se négocient, sans procès, entre avocat et procureur, un procureur élu et tenu de faire campagne, par conséquent largement plus politique que compétent, la balance de la justice penchant toujours de toute façon du côté du pouvoir et de l’argent pourvu qu’elle respecte cette « seule et unique règle incontournable : l’injustice ne peut être flagrante », Sykes se retrouve confronté au monde de la grande criminalité, de ses accointances jusqu’au coeur de l’appareil judiciaire et au risque de se retrouver lui-même l’une de ces causes perdues dont il se fait habituellement le défenseur. Heureusement, le personnage a de la ressource et de la chance, et, entre frisson et sourire chez le lecteur, saura jongler en maître avec les pièces dont il dispose dans ce consternant jeu de dupes.

Entré dans l’écriture avec le récit ironique des petits boulots de ses débuts, Iain Levison n’a depuis cessé, usant de la dynamique du polar et d’un humour noir fabuleusement caustique, de dénoncer dans ses romans les réalités politiques et sociales aux Etats-Unis. Après la précarité et la relégation de toute une partie de la population américaine, après les dysfonctionnements de l’armée et du système politique, c’est cette fois l’échec de la justice qui fait ici l’objet d’une charge férocement satirique. 
 
Comme toujours chez cet auteur, c’est original, fantaisiste et facétieux, mais surtout, dans cette distanciation moqueuse qui ne se prend pas au sérieux, cela envoie mine de rien du bois pour un portrait sans concession d’une Amérique en pleine faillite démocratique. (4/5)

 

 

Citations :

Les pauvres sont beaux aussi ; ça dure moins longtemps, c’est tout.

Quand on décrit ses propres méfaits, si on raconte suffisamment de fois l’histoire, on finit par en devenir un innocent témoin.

 

 

Du même auteur sur ce blog :