dimanche 18 octobre 2020

[Bégué, Régis] Mon fils est de droite mais en général les choses s'arrangent

 


 


J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Mon fils est de droite, mais
            en général les choses s'arrangent

Auteur : Régis BEGUE

Parution : 2016 

Pages : 188

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Ce gosse, je vais te dire, il a même pas envie de tuer le père. C'est dire à quel point il me tient pour un moins que rien. En revanche, avec sa mère, c'est autre chose : il est bien décidé à la sauver des griffes de cette sale maladie. Mais une fois de plus, c'est moi qui vais devoir m'occuper de tout. Dès qu'il s'agit de pognon ou de combines, on préfère faire appel à Papa, bien sûr. C'est ça, la France bien pensante. Alors moi, bonne poire, je vais céder, comme toujours. Mais l'opération va s'avérer plus compliquée que prévu.

 

Le mot de l'auteur :

Comme il en avait marre de lire des romans sans intérêt, Régis Bégué a décidé d'écrire les siens. Beaucoup moins emmerdants. Il a bien fait, non ? A toi de voir.

Retrouvez mon interview de Régis Bégué en octobre 2019.

 

 

Avis :

Le narrateur a passé toute sa vie de septuagénaire à esquiver les engagements : né dans une aisance qui l’a toujours exempté de la moindre obligation professionnelle, divorcé et en froid avec son fils, grand-père d’une petite fille qu’il ne connaît pas, il s’est installé dans une routine solitaire et luxueuse, se contentant pour toute relation humaine d’allonger les chèques dont ses proches ont besoin. Mais voilà que ce fils et cette ex-épouse font soudain appel à lui pour une intervention un peu particulière qui va tous les entraîner bien au-delà de ce qu’ils auraient pu imaginer...

Cette histoire impertinente et décomplexée, rédigée sans filtre dans une langue parlée, directe et truculente, a tôt fait d’embarquer son lecteur dans une complicité amusée pleine de curiosité. Passées les premières pages un rien désarçonnantes, le temps pour le récit de trouver son rythme et d’enclencher sa construction toute vaudevillesque, et vous voilà lancé le sourire aux lèvres dans une cascade de rebondissements bourrée de clins d’oeil et d’autodérision. Directement interpellé, vous ne pourrez que vous régaler de la cocasserie des formules et des observations, en compagnie de personnages dont les situations burlesques n’empêchent pas la pertinence psychologique et la justesse des dialogues.

Sans se prendre au sérieux, ce roman finit quand même par nous tendre un miroir révélateur de quelques vérités, en particulier les difficultés de communication au sein d’une même famille, la lâcheté et les mauvaises raisons qui nous rendent incapables de sincérité, les malentendus et les ressentiments qui viennent masquer l’affection : tout ce qui fait qu’un père et un fils souffrent de se détester faute de savoir se parler, qu’un homme s’enferre dans le mensonge d’une double vie ou se comporte en véritable salaud tout en étant par ailleurs parfaitement sympathique.

Bien construit, d’une lecture fluide et prenante, ce récit caustique qui prend plaisir à nous amuser révèle un humour exempt de toute prétention et une absence totale d’illusion sur nos ambivalences humaines : autant de caractéristiques que les romans ultérieurs de l’auteur ont conservées sous une forme assagie et à chaque fois un peu plus maîtrisée. (4/5)

 

 

Citations : 

"On n'est pas toujours le fils de son père, mais on est toujours le père de son fils." (Louis Dumur)
 
"Le contraire de la "gauche caviar", la "droite sardine à l'huile", n'existe pas." (Jean-François Kahn)
 
Et c’est vrai que nous vivons des temps pas ordinaires : l’anticonformisme est devenu la règle, la norme. Mais où est donc passée la conformité ? Les rebelles sont les icônes, et ce sont les chefs d’État eux-mêmes, du monde entier ou presque, qui sont en tête du cortège pour défendre leur mémoire. On y perd son latin, faut avouer. Le dernier hommage à un journal satirique bâti sur les pavés de Mai 68 consistera donc à embrasser les CRS encadrant les manifestants. Ca laisse rêveur, ou pantois, c’est encore mieux que l’infarctus du cardiologue, c’est d’une ironie que même les gars du journal qui ont passé leur vie à dessiner des flics dans des postures obscènes, ils n’y auraient pas pensé, c’est sûr.

Ma maman à moi, en fait, elle disait toujours : « Ne t’inquiète pas, petit d’homme, ça va s’arranger ». Un bobo sur mes genoux cagneux, une mauvaise note à l’école, une défaite au championnat d’escrime du lycée (oui, je pratiquais l’escrime, étonnamment, y a qu’en France qu’on peut imaginer coller ses gosses à l’escrime, non ?), ou une énième réflexion acerbe de mon père, eh bien c’était toujours la même réponse : t’inquiète pas, ça va s’arranger. C’était pas tout à fait faux ; la plupart du temps, tout finissait bien par rentrer dans l’ordre. C’est de là que j’ai conclu ce que je crois encore aujourd’hui : en général, les choses s’arrangent.

Quand il prend cet air d’apitoiement mêlé d’agacement, on croirait mon père, Lucien. Il lui ressemble, je trouve. Mon fils, finalement assez souvent, on croirait mon père.

  

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