mercredi 28 octobre 2020

[Colize, Paul] Toute la violence des hommes






J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Toute la violence des hommes

Auteur : Paul COLIZE

Parution : 2020 chez HC Editions

Pages : 320

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Qui est Nikola Stankovic ? Un graffeur de génie, assurant des performances insensées, la nuit, sur les lieux les plus improbables de la capitale belge, pour la seule gloire de l’adrénaline ? Un peintre virtuose qui sème des messages profonds et cryptés dans ses fresques ultra-violentes ? Un meurtrier ? Un fou ?
Nikola est la dernière personne à avoir vu vivante une jeune femme criblée de coups de couteau dans son appartement. La police retrouve des croquis de la scène de crime dans son atelier. Arrêté, interrogé, incarcéré puis confié à une expertise psychiatrique, Niko nie en bloc et ne sort de son mutisme que pour répéter une seule phrase : C’est pas moi.
Entre Bruxelles et Vukovar, Paul Colize recompose l’Histoire. Au-delà de l’enquête, c’est dans les replis les plus noirs de la mémoire, à travers les dédales de la psychologie et la subtilité des relations humaines qu’il construit son intrigue.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Paul Colize est né à Bruxelles, d’un père belge et d’une mère polonaise. Ses polars, à l’écriture aiguisée et au rythme singulier, sont ancrés dans le réel et flirtent avec la littérature générale. Son œuvre (Back Up, Un long moment de silence, Concerto pour 4 mains…) a été récompensée par de nombreuses distinctions littéraires dont le prix Saint-Maur en poche, le prix Landerneau, le prix Polar pourpres, le prix Arsène Lupin et le prix Sang d’Encre des lecteurs.

 

 

Avis :

A Bruxelles où, ces derniers temps, les murs ont vu fleurir de vastes fresques ultra-violentes anonymement exécutées de nuit par un graffeur de talent, un homme d’origine croate est arrêté pour le meurtre d’une jeune femme retrouvée poignardée chez elle. Alors que tout l’accuse, l’assassin présumé s’enferme dans le mutisme, se contentant de nier sans explication. Placé en observation psychiatrique, il ne semble intéressé que par le dessin, pour lequel il fait preuve d’un véritable don.

Paul Colize a inventé cette histoire à partir des vraies fresques, impressionnantes par leur taille et leur violence, parfois inspirées de tableaux célèbres de la peinture classique comme Le sacrifice d'Isaac du Caravage et Les corps des frères Witt de Jan de Baen, qui sont apparues ces dernières années sur des immeubles de Bruxelles, sans que leur controversé mais talentueux auteur se soit jamais fait connaître. L’écrivain a imaginé un personnage atteint de trouble de stress post-traumatique, qui aurait trouvé un exutoire dans l’expression graphique urbaine. Le récit alterne entre l’enfance de Nikola Stankovic pendant la guerre de Croatie, et son séjour en hôpital psychiatrique bien des années plus tard. Il nous fait vivre les terribles siège et massacre de la ville de Vukovar en 1991, nous enferme dans une souffrance psychique qui risque de déboucher sur une réclusion physique définitive faute du diagnostic adéquat, et nous interroge sur la puissance de l’art, véritable élan vital aux manifestations parfois très peu conventionnelles.

Le roman entretient le suspense autour du sort de Nikola, doublement victime de la violence des hommes puisqu’à son traumatisme répondent la répression et l’enfermement. Dans son univers de noirceur tremblotent quelques lueurs d’espoir auxquelles, tout comme le  lecteur, il va tenter de se raccrocher : son art, et l’humanité de quelques personnages atypiques et attachants.

Histoire terrible inspirée par de dérangeantes et anonymes œuvres de rues, ce livre illustre le pouvoir libérateur de l’art, cri muet universel et irrépressible, que ni l’indicible ni l’oppression ne sauront jamais faire taire. (4/5)

 

 

Citations :

Quelques années auparavant, elle avait rédigé un article dans lequel elle établissait une corrélation entre la créativité et la pathologie mentale. Selon elle, le lien entre les sujets créatifs et la schizophrénie, le trouble bipolaire ou l’autisme était probant, surtout en regard des schizophrènes et de leur capacité à créer des associations inhabituelles. (…)
— Comme vous, je suis convaincu que le souffle créatif et les troubles psychiques vont de pair. Depuis des siècles, on rapproche l’art de la folie. Déjà de son temps, Aristote disait qu’il n’existait pas de génie sans grain de folie. Ce ne sont pas les artistes dont l’œuvre est marquée par des pathologies psychiatriques qui manquent, Vincent Van Gogh, Guy de Maupassant, Edvard Munch, Salvador Dalí, Camille Claudel, la liste est longue.

Antonin Artaud, un homme qui savait de quoi il parlait, a dit que nul n’a jamais écrit, peint ou sculpté que pour sortir de l’enfer.

L’art ne peut émouvoir que les gens capables d’ouvrir leur cœur.

Un écrivain, dont le nom lui échappait, disait que les deux sciences les plus tristes étaient la psychiatrie et l’histoire ; l’une étudiait les faiblesses de l’individu, l’autre les faiblesses de l’humanité.

Il n’y a pas de liberté sans transgression. La liberté, la vraie, c’est celle que tu prends, en décidant de ne pas faire ce qu’on t’impose ou de faire ce qui est interdit.

Quand un artiste peint à visage découvert, sa personnalité prend le pas sur son œuvre. Il devient un produit de consommation. À terme, sa notoriété occulte son talent.

Elle fuyait les phénomènes de mode et les écrivains médiatiques. Les gens qui faisaient le pied de grue pendant des heures pour grappiller une dédicace et un selfie en compagnie d’un romancier à succès se couvraient de ridicule. On peut aimer les œufs brouillés sans pour autant chercher à rencontrer la poule qui les a pondus. Seul le texte compte, que son auteur soit un homme ou une femme, connu ou non, mort ou vivant.

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