dimanche 19 avril 2020

[Ledesma, Jordi] Ce que la mort nous laisse





J'ai aimé

 

Titre : Ce que la mort nous laisse
          
(Lo que nos queda de la muerte)

Auteur : Jordi LEDESMA

Traductrice : Margot NGUYEN BERAUD   

Parution : en espagnol en 2016,
                en français en 2019 chez Asphalte

Pages : 208

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Dans ces stations balnéaires de la Costa Dorada, sur le littoral de la Méditerranée, tous les habitants se connaissent. Le flux incessant des touristes a beau rythmer les saisons, ce sont toujours les mêmes jalousies, les mêmes rivalités, les mêmes clans. Lucía, qui a grandi ici, est belle, trop belle : elle attire tous les regards et déchaîne les commérages. Qu’il serait facile de lui imaginer une liaison avec le séduisant Ignacio Robles, fils à papa propriétaire d’une agence immobilière… Mais qui prendrait le risque de déclencher l’ire de son mari, le Crocodile, commandant local de la Guardia Civil ? Celui-ci est d’ailleurs sur une affaire délicate : un des jeunes de la ville a été retrouvé mort sur une plage, et il craint que ce cas révèle les petits trafics qu’il couvre en échange d’un pourcentage… Tous les ingrédients du drame à venir sont réunis.

Vingt ans après, le narrateur se rappelle cet été pas comme les autres. Il plonge dans ses souvenirs pour en faire revivre les acteurs et le décor. Roman de la mémoire, Ce que la mort nous laisse est également le portrait d’une ville où les antagonismes de classe sont d’une rare violence, en plein boom immobilier touristique des années 1990.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Jordi Ledesma est né à Tarragone, en 1979. Ce que la mort nous laisse est son troisième roman.

 

 

Avis :

Dans les années 1990, en plein essor touristique et immobilier de la Costa Dorada, en Catalogne, un adolescent est retrouvé mort sur une plage de Tarragone : un cadavre encombrant pour le Commandant de la Garde Civile, car l’enquête pourrait révéler ses propres compromissions dans le trafic de drogue local. Mais les ennuis de l’officier ripou ne font que commencer, sa séduisante épouse, objet des fantasmes masculins et des jalousies féminines, venant d’attirer la convoitise d’un voyou du cru…

Qu’il est noir ce tableau d’une société largement gangrenée derrière les apparences de la carte postale méditerranéenne : l’essor économique et touristique ne profite qu’à une minorité, déjà installée ou nouvellement enrichie, perpétuant les impitoyables et inextricables inégalités entre les classes sociales. Entre jeunes défavorisés et sans avenir, proies toutes trouvées pour la délinquance et les trafics en tous genres, et petits bourgeois désoeuvrés en mal de sensations, ouverts à toutes les bêtises possibles, le terrain de jeu voit inévitablement les incidents se multiplier sous la coupe de bandes de malfaisants en tous genres.

Le climat s’avère mortifère, un vrai marigot dominé par le Crocodile, ce représentant de l’ordre dont l’apparente toute-puissance cache des failles de plus en plus visibles et compromettantes : lui non plus n’est pas sorti du ruisseau sans se salir les mains et l’engrenage finira par l’emmener bien plus loin qu’il n’aurait pu l’envisager, dans une tragédie aux infortunées victimes collatérales, d’ailleurs majoritairement des femmes : mères, épouses, flirts, toutes prises au piège de leurs rêves bien vite flétris.

Ce huis-clos étouffant m’a engluée dans un cauchemar si douloureusement réaliste, que l’ennui et la désespérance des personnages m’ont au final pesé jusqu’au malaise de la déprime. Vite, un peu d’air s’il vous plaît… (3/5)


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