mercredi 6 novembre 2019

[Bouysse, Franck] Grossir le ciel





 

Coup de coeur 💓💓

Titre : Grossir le ciel

Auteur : Franck BOUYSSE

Editeur : Manufacture de livres (2014),
              Le Livre de Poche (2016)

Pages : 240






 

 

Présentation de l'éditeur :

Les Doges, un lieu-dit au fin fond des Cévennes. C’est là qu’habite Gus, un paysan entre deux âges solitaire et taiseux. Ses journées  : les champs, les vaches, le bois, les réparations. Des travaux ardus, rythmés par les conditions météorologiques. La compagnie de son chien, Mars, comme seul réconfort. C’est aussi le quotidien d’Abel, voisin dont la ferme est éloignée de quelques mètres, devenu ami un peu par défaut, pour les bras et pour les verres. Un jour, l’abbé Pierre disparaît, et tout bascule  : Abel change, des événements inhabituels se produisent, des visites inopportunes se répètent.
Un suspense rural surprenant, riche et rare.  


Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Franck Bouysse est né en 1965 et partage sa vie entre Limoges et sa Corrèze natale. Grossir le ciel a rencontré un succès critique et public et a obtenu le Prix Polar SNCF en 2017 ainsi que le prix Sud Ouest / Lire en poche, le prix polar Michel-Lebrun, le prix Calibre 47 et le prix Polars Pourpres. 
Franck Bouysse est également l’auteur aux éditions de La Manufacture de Livres de Plateau, prix des lecteurs de la foire du livre de Brive, Glaise, et de Né d’aucune femme, prix Psychologies magazine.   


Avis :

Gus, la cinquantaine, a passé sa vie à trimer pour maintenir seul l’activité de sa ferme, isolée aux marges d’un village perdu des Cévennes. Grand solitaire, il ne fréquente guère que son voisin Abel, septuagénaire, lui aussi seul à la tête de son exploitation agricole, avec qui il échange coups de mains et coups de rouge. L’immuable quotidien des deux hommes va soudain connaître d’indésirables et inquiétantes perturbations, au fil d’événements et de visites qui vont bientôt tout faire basculer.

Franck Bouysse est une valeur sûre, dont je ne me lasse décidément pas. Sa marque de fabrique, c’est d’abord une histoire noire et terrible, aux personnages farouches et taiseux, cabossés par la vie et les épreuves, vivant dans un décor de nature aussi âpre que somptueux. C’est aussi le plaisir de la langue et du juste choix des mots, au fil de dialogues saisissants de vérité et d’images admirablement restituées.

Grossir le ciel réunit tous ces ingrédients pour nous surprendre une nouvelle fois : tout de suite intrigant et installant une tension qui ne fera que croître dans un enchaînement que rien ne laissait présager, ce récit au réalisme époustouflant nous entraîne aux côtés de personnages campés avec une grande finesse d’observation et d’analyse psychologique, dans un huis-clos rural angoissant où méfiance et soupçons s’exacerbent jusqu’à l’implosion.  

L’écriture est quand à elle impressionnante de maîtrise, sobre, juste, magnifique. Alors, quand la puissance du style rejoint celle de l’histoire et de ses personnages, cela ne peut résulter qu’en un moment fort et incontournable, un immense coup de coeur. (5/5)


Citations :

Désormais, le soleil crachait ses rayons sur les arbres déplumés, qui ressemblaient à des arêtes de gros poissons sans chair dans un charnier à marée basse.

Des gouttes d’eau provenant des toits se fracassaient sur le sol, libérées de leur état neigeux par la chaleur du soleil, faisant comme les branches liquides d’un saule pleureur, et des particules de lumières découpées dans un arc-en-ciel s’amusaient dans son champ de vision, telles des diatomées évoluant dans un organisme vivant.

Quand elle mourut, elle était presque devenue aveugle. Ses yeux ressemblaient à ceux d’une grenouille quand elle va plonger sous l’eau. Gus n’aurait su dire comment s’appelait cette maladie, mais ce n’était pas vraiment beau à regarder. Avec le recul, il pensait que le fait de ne plus voir distinctement ce qui se passait autour d’elle avait dû sacrément l’arranger, que c’était sa manière à elle de se retirer en douceur sur la pointe des pieds, de tirer sa révérence en floutant la réalité. Entendre lui suffisait amplement.

Il sortit pour l’appeler, s’attendant à ce que le chien rapplique avec ses oreilles se balançant comme des gants de toilette sur un fil à linge par grand vent, (…)

La lune était enfoncée dans le ciel, tel un bouton tout rond piqué sur un gilet de laine noir chiné.



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2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas Franck Bouysse. Merci pour votre avis

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    1. Un de mes auteurs favoris. Ravie de vous le faire découvrir, et j'espère aimer.

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