lundi 4 novembre 2019

[Smith, Ali] Automne





Je n'ai pas aimé

 

Titre : Automne (Autumn)

Auteur : Ali SMITH

Traductrice : Laetitia DEVAUX

Parution : 2016 en anglais (Penguin Books Ltd)
                2019 en français (Grasset)

Pages : 240

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Daniel Gluck, centenaire, ne reçoit pas d’autres visites dans sa maison de retraite que celles d’une jeune femme qui vient lui faire la lecture. Aucun lien familial entre les deux pourtant, mais une amitié profonde qui remonte à l’enfance d’Elisabeth, quand Daniel était son voisin. Elisabeth n’oubliera jamais la générosité de cet homme si gentil et distingué qui l’a éveillée à la littérature, au cinéma et à la peinture.

Les rêves – ceux des gens ordinaires, ou ceux des artistes oubliés – prennent une place importante dans la vie des protagonistes d’Ali Smith, mais le réel de nos sociétés profondément divisées y trouve également un écho. Le référendum sur le Brexit vient d’avoir lieu, et tout un pays se déchire au sujet de son avenir, alors que les deux amis mesurent, chacun à sa manière, le temps qui passe. Comment accompagner le mouvement perpétuel des saisons, entre les souvenirs qui affluent et la vie qui s’en va  ?

L’écriture d’Ali Smith explore les fractures de nos démocraties modernes et nous interroge sur le sens de nos existences avec une poésie qui n’appartient qu’à elle, et qui lui a permis de s’imposer comme l’un des écrivains britanniques les plus singuliers, les plus lus dans le monde entier.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Ali Smith est née à Inverness en Écosse. Elle se fait connaître en 1995 grâce à un recueil de nouvelles encensé par la critique, avant de poursuivre une œuvre qui compte aujourd’hui sept pièces de théâtre, cinq recueils de nouvelles et neuf romans, dont trois ont été finalistes du prestigieux Booker Prize. Automne, le premier volume d’un projet romanesque consacré aux saisons, a battu tous les records de vente pour un ouvrage littéraire dans le monde anglo-saxon.

 

 

Avis :

Elisabeth, jeune professeur d’art, n’a jamais oublié le vieux voisin, un peu excentrique mais si gentil et si cultivé, qui, lorsqu'elle était enfant, lui a fait découvrir un monde de rêves, celui de l’art et de la littérature. Elle est la seule à lui rendre régulièrement visite, dans la maison de retraite où, centenaire, il ne fait plus grand-chose d’autre que dormir. Autour d’eux et de leur tendresse, la vie de tous les jours continue, avec ses tracasseries et ses absurdités, au lendemain du Brexit qui divise l’Angleterre.

Très décousu, ce roman ressemble aux collages de l’artiste de Pop Art anglaise, Pauline Boty, qu’il met à l’honneur et m’a fait découvrir. C’est un véritable patchwork d’images et de symboles, tous représentatifs des dérives d’une société confrontée à ses contradictions jusqu’à l’aberration : une œuvre contestataire, destinée à faire sentir le malaise de l’auteur face à l’Angleterre d’aujourd’hui, au travers d’un texte surréaliste, poussé jusqu’aux limites de l’absurde.

Sans doute ce livre parle-t-il davantage aux Britanniques, qui se souviennent sans doute, eux, du scandale de l’affaire Profumo en 1963, provoquée par la liaison entre un membre du gouvernement et la danseuse de cabaret Christine Keeler, elle-même compromise par sa relation en pleine guerre froide avec un ami soviétique ? Aujourd’hui, Ali Smith dénonce les mensonges politiques qui ont conduit au Brexit et au déchirement du pays, la xénophobie et la peur des migrants, les inepties quotidiennes que vivent les citoyens confrontés à une administration tracassière et dysfonctionnelle.

Personnellement, j’ai surtout ressenti un ennui déconcerté et une croissante irritation à essayer tant bien que mal de comprendre un tant soit peu ce livre étrange et déroutant, ce « collage » littéraire à la limite de l’abscons, que j’ai dû me forcer à terminer. (1/5)

 

 

Citations :

Bonjour, dit-il. Tu lis quoi ? Elisabeth lui montra ses mains vides. Je donne l’impression d’être en train de lire ? dit-elle. Il faut toujours être en train de lire, dit-il. Même quand on ne lit pas réellement. Sinon, comment lirions-nous le monde ?

Partout dans le pays, ce n'était que tristesse et réjouissances. Partout dans le pays, ce qui venait d'avoir lieu se balançait tel un fil électrique tout à coup doté de vie car arraché à un pylône par une tempête. Il s'agitait au-dessus des arbres, des toits, des voitures. Partout dans le pays, les gens avaient le sentiment d'avoir fait ce qu'il ne fallait pas faire. Partout dans le pays, les gens avaient le sentiment d'avoir fait ce qu'il fallait faire. Partout dans le pays, les gens avaient le sentiment d'avoir tout perdu. Partout dans le pays, les gens avaient le sentiment d'avoir tout gagné. Partout dans le pays, les gens avaient le sentiment d'avoir fait le nécessaire et d'autres de ne pas l'avoir fait. Partout dans le pays, les gens tapaient sur Google : UE définition. Partout dans le pays, les gens tapaient sur Google : partir Ecosse. Partout dans le pays, les gens tapaient sur Google : passeport irlandais.

Je suis fatiguée de ces nouvelles. Je suis fatiguée de la façon dont on rend spectaculaire des choses qui ne le sont pas, dont on traite de façon simpliste des choses terribles. Je suis fatiguée du vitriol, je suis fatiguée de la colère. Je suis fatiguée de la méchanceté. Je suis fatiguée de l'égoïsme. Je suis fatiguée qu'on ne fasse rien pour empêcher ça. Je suis fatiguée de la façon dont on encourage ça. Je suis fatiguée de la violence qui existe, et je suis fatiguée de la violence à venir, qui ne s'est pas encore produite, mais qui arrive. Je suis fatiguée des menteurs. Je suis fatiguée des menteurs assermentés. Je suis fatiguée de la façon dont des menteurs ont laissé ça se produire. Je suis fatiguée d'avoir à me demander s'ils ont fait ça par bêtise ou volontairement. Je suis fatiguée des gouvernements qui mentent. Je suis fatiguée des gens qui s'en foutent qu'on leur ai menti. Je suis fatiguée que tout ça me fasse peur. Je suis fatiguée de l'animosité. Je suis fatiguée de la pusillanimosité. 

Je ne crois pas que ce mot existe, dit Elisabeth. 
Je suis fatiguée de ne pas connaître les bons mots, dit sa mère. 



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