lundi 11 novembre 2019

[Blondel, Jean-Philippe] La grande escapade






J'ai beaucoup aimé

Titre : La grande escapade

Auteur : Jean-Philippe BLONDEL

Année de parution : 2019

Editeur : Buchet-Chastel

Pages : 272






 

 

Présentation de l'éditeur :

La Grande Escapade raconte l’enfance - un territoire que Jean-Philippe Blondel a jusqu’à présent refusé d’explorer dans ses romans. Les années 70, la province, l’école Denis-Diderot en briques orange, le jardin public, le terrain vague. Et surtout, les habitants du groupe scolaire. Cette troupe d’instits qui se figuraient encore être des passeurs de savoir et qui vivaient là, avec leurs familles.

1975-1976 ou des années de bascule : les premières alertes sérieuses sur l’état écologique et environnemental de la terre ; un nouveau président de droite qui promet de changer la société mais qui nomme Raymond Barre premier ministre ; les femmes qui relèvent la tête ; la mixité imposée dans les écoles...

Il y a les Coudrier, les Goubert, les Lorrain et les Ferrant ; il y a Francine, Marie-Dominique et Janick. Il y a des coups de foudre et des trahisons. De grands éclats de rire et des émotions. Tous les personnages sont extrêmement incarnés. On y est ! Dans l’ambiance et le décor. Et le lecteur peut suivre, page après page, Jean-Philippe Blondel qui nous fait faire le tour du propriétaire de ce monde d’hier.


Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Jean-Philippe Blondel est né en 1964. Marié, deux enfants, il enseigne l'anglais en lycée et vit près de Troyes, en Champagne-Ardennes. Il publie en littérature générale et en littérature jeunesse depuis 2003.


Avis : 

1975. L'évolution des moeurs post-soixante-huitarde touche peu peu les familles et les instituteurs du groupe scolaire Denis Diderot. Enfants comme adultes, tous voient avec plus ou moins de bonheur leur quotidien se transformer, qui avec la fin de l'enfance, qui avec la remise en cause de l'autorité à l'ancienne, le développement de nouvelles pratiques pédagogiques et l'émancipation féminine.

Jean-Philippe Blondel revisite ses souvenirs d'enfant pour nous livrer une chronique amusée et nostalgique inspirée de ses années en école primaire dans les années soixante-dix, où beaucoup de ses contemporains trouveront un écho à leur propre vécu.

C'est tout autant le point de vue des adultes que des enfants qui s'y exprime, par le biais d'une large brochette de personnages croqués avec une joyeuse lucidité, dans toutes leurs contradictions et leurs faiblesses d'humains ordinaires que l'auteur s'amuse, toujours avec tendresse, à pousser jusqu'à la cocasserie.

Cette malice bienveillante qui décrypte aussi bien le monde de l'enfance, - la camaraderie et les disputes, les jeux et les bêtises, les rapports avec les parents, les instituteurs et les filles, les prémices de l'adolescence -, que l'univers complexe des adultes, - la psychologie de chacun, l'éducation et ses méthodes, les relations entre enseignants et avec les parents, les conflits familiaux, la place de la femme dans le foyer et dans la vie professionnelle, l'évolution des moeurs et la liberté sexuelle -, m'a fait penser par sa drôlerie à un Petit Nicolas version années soixante-dix. Ici, pas vraiment de personnage central, même si le jeune Philippe Goubert déroule un fil rouge aux sonorités autobiographiques, mais une vaste fresque centrée sur l'école, où, sous la plaisanterie et au fil de mille détails peints avec autant de justesse que de finesse, transparaissent toutes les transformations de la société d'alors : sociales, familiales, sexuelles...

Ce livre, écrit dans un style dont l'humble retenue fait tout le charme, fait mouche à chaque page, pour le plus grand plaisir du lecteur : on rit, on sourit, on s'attendrit, on se rappelle : que le monde et le métier d'enseignant que connaît bien l'auteur ont changé depuis cette époque ! La même fresque aujourd'hui serait-elle aussi drôle ? (4/5)


Citations : 

Ce qu’on souhaite avant tout, c’est que rien ne change radicalement et que chacun puisse  vivre  son existence  comme  il  l’entend,  tout  en  ayant  bonne  conscience parce que quelqu’un d’autre s’occupe des milieux défavorisés. Bref, on est de  gauche, quoi. D’une gauche de la couleur du rosbif qu’on sert régulièrement lors de ces repas. Pas saignant. Ni bien cuit. Juste à point.

Ceux-ci se prononcent en faveur du travail féminin (on n'est pas au Moyen Age et puis on ne crache pas sur un salaire supplémentaire) mais froncent le sourcil devant les velléités d'indépendance de leurs épouses. 


Jusqu’à il y a peu, tout semblait si simple. On écoutait ses parents. On tentait de les dépasser. On amassait de l’argent et des responsabilités parce qu’on accomplissait bien les tâches qui nous incombaient. On montait tranquillement l’échelle sociale, tous ensemble, le confort dans les logements, l’eau chaude, les cuisinières électriques, la machine à laver, le monde entier marchait vers un avenir meilleur où les hommes et les femmes auraient davantage de temps à consacrer à leurs loisirs. Parfois, oui, il y avait des mouvements révolutionnaires, des insurrections, des centaines de morts dans les pays d’Amérique latine ou d’Asie, un mois de mai révolté en France, mais, bon an mal an, dans leurs rafiots, les hommes tenaient plus ou moins le cap. Et puis il y avait eu, quoi, un raté, une faiblesse, on avait failli tomber et en se relevant, on avait remarqué que le monde s’était légèrement modifié. On s’était dit que ce n’était pas si grave, tout semblait avoir repris sa place, mais très vite il avait fallu se rendre à l’évidence, les lignes avaient bougé, révélant des failles, des gouffres, des abîmes, de nouvelles aspirations se faisaient jour, des revendications, des décisions.


La Ronde des Livres - Challenge 
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