J'ai beaucoup aimé
Titre : Vagabond
Auteur : Franck BOUYSSE
Parution : 2013 (Editions Ecorce)
2017 (Le Livre de Poche)
Pages : 126
Présentation de l'éditeur :
L'homme est traqué.
L'homme joue du blues chaque soir dans un obscur bar de la rue des Martyrs.
Lorsqu'il dérive vers son hôtel, au milieu de la nuit, il lui arrive de dialoguer avec des clochards et autres esprits égarés.
Il lui arrive de s'effondrer sur les pavés des ruelles antiques et de s'endormir, ivre ou épuisé. Il lui arrive aussi de ne jouer sur scène que pour une femme qu'il semble être le seul à voir.
Mais l'homme est traqué.
Pas par un tueur. Ni par un flic.
Quelque chose comme des ombres.
L'homme joue du blues chaque soir dans un obscur bar de la rue des Martyrs.
Lorsqu'il dérive vers son hôtel, au milieu de la nuit, il lui arrive de dialoguer avec des clochards et autres esprits égarés.
Il lui arrive de s'effondrer sur les pavés des ruelles antiques et de s'endormir, ivre ou épuisé. Il lui arrive aussi de ne jouer sur scène que pour une femme qu'il semble être le seul à voir.
Mais l'homme est traqué.
Pas par un tueur. Ni par un flic.
Quelque chose comme des ombres.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Franck Bouysse est né en 1965 et partage sa vie entre Limoges et sa Corrèze natale. Grossir le ciel a
rencontré un succès critique et public et a obtenu le Prix Polar SNCF
en 2017 ainsi que le prix Sud Ouest / Lire en poche, le prix
polar Michel-Lebrun, le prix Calibre 47 et le prix Polars
Pourpres. Franck Bouysse est également l’auteur aux éditions de La
Manufacture de Livres de Plateau, prix des lecteurs de la foire du livre de Brive, Glaise, et de Né d’aucune femme, prix Psychologies magazine.
Avis :
Un guitariste de blues presque clochard, sale et imbibé d’alcool, erre de bar en bar au gré de maigres cachets. Seule la musique le tient encore debout, lui qui a perdu l’envie depuis qu’Alicia, sa compagne à la ville comme à la scène pendant quinze ans, l’a quitté en lui brisant le coeur. Mais voilà qu’une affiche annonce un prochain concert : de cette femme justement, désormais riche et célèbre…
La désespérance la plus noire emplit cette histoire de dérive vagabonde, où la musique constitue la dernière et fragile amarre qui retient un homme à la lisière de la folie. Anéanti par la fin d’un amour qui résonne douloureusement en écho à ce qui semble une carence parentale, mais aussi peut-être comme une fuite sur la route du succès musical, cet homme écorché et sans nom, qui ne semble plus se nourrir que de bière et de la fumée de ses cigarettes, met tout ce qui subsiste de ses rêves et de son âme dans les notes qu’il extirpe de ses tripes et de sa guitare. Dans l’indifférence générale, il ne lui restera bientôt plus qu’un acte insensé et suicidaire pour attirer l’attention, faute de mieux.
La plume que j’ai tant admirée dans les romans ultérieurs de Franck Bouysse est bien là : magnifique, poétique, travaillée… Peut-être un peu trop, comme encombrée d’une recherche excessive, forcée dans des effets qui manquent parfois de naturel et finissent par se perdre dans un certain hermétisme. Tantôt éblouie, tantôt désarçonnée, je me suis sentie davantage impressionnée que charmée par ce texte, qui parvient en si peu de pages à vous noyer dans un puits noir et sans fond : celui du désespoir d’un homme trahi au plus profond de lui-même, par on ne sait plus si c’est une femme devenue musique ou une musique devenue femme.
C’est donc plus admirative que totalement séduite que je referme ce bref roman d’une étrange et poétique beauté, qui m’a laissé la sensation d’une nage en eau noire, à la surface d’abysses absorbant toute lumière. (4/5)
Les cris muets de son enfance à lui, qui l’avaient amené à fuir bien des fois, parce que la fuite est la seule chose qui reste aux hommes civilisés. Parce que l’affrontement fait toujours couler le sang et qu’on peut sortir indemne de la fuite, jamais de l’affrontement. Avec le sentiment d’avoir fait ce compromis-là, quand il avait laissé une chance à ses parents de devenir meilleurs dans leur absence.
L’homme pensa que pouvoir imaginer différents scénarios de vie, c’était un peu comme jouer à être Dieu, et il se demanda si c’était ça, la vie, être en quête de souffrances au travers des autres, pour souffrir moins soi-même, ce qui produit des nœuds dans la corde qu’est l’existence. Puisque tous les actes guidaient vers la souffrance, même les moments de bonheur, comme des soupirs de plaisir dans une respiration continue, des arcs-en-ciel décomposant la lumière à la perfection et disparaissant dans le vide.
Je sais plus qui disait que quelqu’un qui affirme qu’il est arrivé, c’est qu’il allait pas bien loin.
La désespérance la plus noire emplit cette histoire de dérive vagabonde, où la musique constitue la dernière et fragile amarre qui retient un homme à la lisière de la folie. Anéanti par la fin d’un amour qui résonne douloureusement en écho à ce qui semble une carence parentale, mais aussi peut-être comme une fuite sur la route du succès musical, cet homme écorché et sans nom, qui ne semble plus se nourrir que de bière et de la fumée de ses cigarettes, met tout ce qui subsiste de ses rêves et de son âme dans les notes qu’il extirpe de ses tripes et de sa guitare. Dans l’indifférence générale, il ne lui restera bientôt plus qu’un acte insensé et suicidaire pour attirer l’attention, faute de mieux.
La plume que j’ai tant admirée dans les romans ultérieurs de Franck Bouysse est bien là : magnifique, poétique, travaillée… Peut-être un peu trop, comme encombrée d’une recherche excessive, forcée dans des effets qui manquent parfois de naturel et finissent par se perdre dans un certain hermétisme. Tantôt éblouie, tantôt désarçonnée, je me suis sentie davantage impressionnée que charmée par ce texte, qui parvient en si peu de pages à vous noyer dans un puits noir et sans fond : celui du désespoir d’un homme trahi au plus profond de lui-même, par on ne sait plus si c’est une femme devenue musique ou une musique devenue femme.
C’est donc plus admirative que totalement séduite que je referme ce bref roman d’une étrange et poétique beauté, qui m’a laissé la sensation d’une nage en eau noire, à la surface d’abysses absorbant toute lumière. (4/5)
Citations :
L’homme pensa que pouvoir imaginer différents scénarios de vie, c’était un peu comme jouer à être Dieu, et il se demanda si c’était ça, la vie, être en quête de souffrances au travers des autres, pour souffrir moins soi-même, ce qui produit des nœuds dans la corde qu’est l’existence. Puisque tous les actes guidaient vers la souffrance, même les moments de bonheur, comme des soupirs de plaisir dans une respiration continue, des arcs-en-ciel décomposant la lumière à la perfection et disparaissant dans le vide.
Je sais plus qui disait que quelqu’un qui affirme qu’il est arrivé, c’est qu’il allait pas bien loin.
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