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Titre : Haine (Odio)
Auteur : José Manuel FAJARDO
Traducteur : Claude BLETON
Parution : en espagnol en 2020
en français en 2021 (Métailié)
Pages : 112
Présentation de l'éditeur :
Au XIXe siècle, dans les rues de Londres plongées dans le brouillard et la misère, se promène un fabricant de cannes aigri, ne trouvant aucune reconnaissance sociale, qui va s’enfoncer de plus en plus dans les bas-fonds de la ville.
Au début du XXIe siècle, dans la banlieue parisienne, nous assistons à la transformation d’un jeune homme frustré et incapable d’affronter les autres autrement que par la colère et la violence.
La mise en miroir de ces personnages révèle l’image des démons de la haine de l’autre à travers deux époques, les tire de l’anonymat, et montre les traces de leurs chemins cachés et mortifères parmi nous. L’auteur se livre à un exorcisme littéraire de notre époque. Un texte fort, pertinent et original.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
Deux hommes, deux époques, mais un dénominateur commun : la haine, née de la frustration et de la colère. Jack et Harcha se trouvent tous deux à une croisée de chemins décisive. Alors qu’ils aspirent de toutes leurs forces à s’extirper du monde d’en-bas, dont ils côtoient avec effroi l’infernale indigence et les maux associés, celui d’en-haut, indifférent à leur cruelle désillusion, les repousse avec mépris du mauvais côté du miroir. En porte-à-faux dans une société qu’ils estiment ne pas leur concéder de juste place, en mal d’identité comme de reconnaissance, ils s’emplissent peu à peu d’une rage entretenue par le désespoir, l’injustice et l’humiliation, qui ne demande bientôt plus qu’une étincelle pour exploser. Et puisque ce monde ne mérite que leur dégoût, Jack et Harcha vont chacun tenter de le punir et de le purifier à leur manière : nous sommes à la veille de la longue série de crimes de Jack l’Eventreur à Londres, et des attentats terroristes de 2015 à Paris.
Le texte est court, efficace, presque clinique. Si le parallèle entre ces personnages séparés de deux siècles a de quoi surprendre, il a le mérite d’illustrer, on ne peut plus clairement, comment le sentiment d’exclusion et la rancoeur à l’égard d’une société perçue comme déviante et injuste, peut engendrer de réactions violentes et destructrices. Ce qui différencie les deux époques est que ce qui restait le coup de folie d’un individu au XIXe siècle, peut faire aujourd’hui boule de neige au travers des réseaux sociaux, ces poings levés se retrouvant aisément armés par d’opportunistes manipulateurs. En tous les cas, à y regarder de plus près, force est de constater que, loin de subir d’exogènes attaques ennemies, c’est en son propre sein que la société occidentale forge les facteurs de la violence qui la frappe de nos jours.
Rien de tel que les images fortes pour supporter un propos. A priori incongru, le parallèle historique choisi par l’auteur permet d’envisager sous un jour éclairant la fragilité de certains esprits face aux manipulations à but terroriste. Et comme à cet intérêt s’adjoint le plaisir d’un texte bien écrit et truffé de références littéraires, l’on aurait bien tort de bouder ce surprenant petit livre. (3,5/5)
Citations :
Sa haine était devenue aussi naturelle que sa respiration, un sentiment dépourvu de toute connotation morale, une seconde peau dont il n’avait même pas conscience.
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