Coup de coeur 💓
Titre : Le passeur
Auteur : Stéphanie COSTE
Parution : 2021 (Gallimard)
Pages : 136
Présentation de l'éditeur :
Quand on a fait, comme le dit Seyoum avec cynisme, « de l’espoir son
fonds de commerce », qu’on est devenu l’un des plus gros passeurs de la
côte libyenne, et qu’on a le cerveau dévoré par le khat et l’alcool,
est-on encore capable d’humanité ?
C’est toute la question qui se pose lorsque arrive un énième convoi rempli de candidats désespérés à la traversée. Avec ce convoi particulier remonte soudain tout son passé : sa famille détruite par la dictature en Érythrée, l’embrigadement forcé dans le camp de Sawa, les scènes de torture, la fuite, l’emprisonnement, son amour perdu…
À travers les destins croisés de ces migrants et de leur bourreau, Stéphanie Coste dresse une grande fresque de l’histoire d’un continent meurtri. Son écriture d’une force inouïe, taillée à la serpe, dans un rythme haletant nous entraîne au plus profond de la folie des hommes.
C’est toute la question qui se pose lorsque arrive un énième convoi rempli de candidats désespérés à la traversée. Avec ce convoi particulier remonte soudain tout son passé : sa famille détruite par la dictature en Érythrée, l’embrigadement forcé dans le camp de Sawa, les scènes de torture, la fuite, l’emprisonnement, son amour perdu…
À travers les destins croisés de ces migrants et de leur bourreau, Stéphanie Coste dresse une grande fresque de l’histoire d’un continent meurtri. Son écriture d’une force inouïe, taillée à la serpe, dans un rythme haletant nous entraîne au plus profond de la folie des hommes.
Un mot sur l'auteur :
Avis :
Nous sommes en 2015. Abîmé par l’alcool et le khat, Seyoum n’en impose pas moins sa brutale autorité sur toute la côte libyenne, où il est devenu l’un des plus gros passeurs de migrants vers Lampedusa. Contre toute attente, l’arrivée d’un énième convoi de réfugiés en provenance d’Erythrée le déstabilise soudain, en lui renvoyant à la figure un passé dont il pensait être quitte. Car Seyoum est lui-même érythréen. Vingt-deux ans plus tôt, la dictature érigée dans son pays brisait sa famille et sa vie : l’attendaient les camps d’embrigadement forcé, la torture et l’emprisonnement, jusqu’à sa fuite et son établissement sur ces plages de la Méditerranée…
Entré de plain-pied dans la peau d’un passeur écoeurant de cynisme et d’indifférence, le lecteur se retrouve, d’emblée et sans ménagement, confronté à l’immonde absence de vergogne d’un caïd aussi minable que meurtrier. L’abjection semble sans limite, lorsqu’un événement fortuit vient déchirer les abrutissants brouillards de la drogue et pourfendre la carapace du tortionnaire. Peu à peu, les réminiscences apportent un éclairage qui, sans l'excuser, finit par amener un début d’explication au comportement criminel de cet homme. De 1993 à nos jours, depuis l’indépendance de l’Erythrée après trente ans de guerre contre l’Ethiopie, la dictature militaire a multiplié les conflits internes et externes, achevant de mettre le pays à feu et à sang et provoquant de massifs déplacements de la population. Torturé dans son âme et dans sa chair, embrigadé de force et trahi au plus intime de son être, Seyoum s’est transformé de victime en bourreau, au fil d’une déshumanisation par bien des aspects suicidaire.
L’écriture, dynamique et lapidaire, ne laisse aucun répit. Les phrases s’alignent comme autant de gifles, dans un récit coup de poing qui, en quelque cent trente pages couvrant quatre jours seulement, réussit à embrasser toute l’ampleur du désastre érythréen, à toucher du doigt l’intime détresse des migrants, et à dresser un tableau sans fard et sans manichéisme des violences et de l’inhumanité que leur réservent passeurs, mais aussi souvent, autorités complices et prétendument aveugles. Dans cet océan de noirceur brutale et insoutenable, brille malgré tout une lueur d’espoir, cette étincelle que l’auteur a choisi de préserver envers et contre tout, et qui permet de croire que, peut-être, l’âme humaine reste toujours capable d’un minimum de rédemption.
Ce livre choc ne laissera aucun lecteur indifférent. Sans pathos ni jugement, il aborde la question des migrants sous un angle inédit et dérangeant, et nous interroge quant à nos propres responsabilités et à celle de nos gouvernements, quand le souci de notre confort l’emporte si facilement sur notre humanité. Un premier roman percutant et remarquable, et un nouvel auteur à suivre. Coup de coeur. (5/5)
Entré de plain-pied dans la peau d’un passeur écoeurant de cynisme et d’indifférence, le lecteur se retrouve, d’emblée et sans ménagement, confronté à l’immonde absence de vergogne d’un caïd aussi minable que meurtrier. L’abjection semble sans limite, lorsqu’un événement fortuit vient déchirer les abrutissants brouillards de la drogue et pourfendre la carapace du tortionnaire. Peu à peu, les réminiscences apportent un éclairage qui, sans l'excuser, finit par amener un début d’explication au comportement criminel de cet homme. De 1993 à nos jours, depuis l’indépendance de l’Erythrée après trente ans de guerre contre l’Ethiopie, la dictature militaire a multiplié les conflits internes et externes, achevant de mettre le pays à feu et à sang et provoquant de massifs déplacements de la population. Torturé dans son âme et dans sa chair, embrigadé de force et trahi au plus intime de son être, Seyoum s’est transformé de victime en bourreau, au fil d’une déshumanisation par bien des aspects suicidaire.
L’écriture, dynamique et lapidaire, ne laisse aucun répit. Les phrases s’alignent comme autant de gifles, dans un récit coup de poing qui, en quelque cent trente pages couvrant quatre jours seulement, réussit à embrasser toute l’ampleur du désastre érythréen, à toucher du doigt l’intime détresse des migrants, et à dresser un tableau sans fard et sans manichéisme des violences et de l’inhumanité que leur réservent passeurs, mais aussi souvent, autorités complices et prétendument aveugles. Dans cet océan de noirceur brutale et insoutenable, brille malgré tout une lueur d’espoir, cette étincelle que l’auteur a choisi de préserver envers et contre tout, et qui permet de croire que, peut-être, l’âme humaine reste toujours capable d’un minimum de rédemption.
Ce livre choc ne laissera aucun lecteur indifférent. Sans pathos ni jugement, il aborde la question des migrants sous un angle inédit et dérangeant, et nous interroge quant à nos propres responsabilités et à celle de nos gouvernements, quand le souci de notre confort l’emporte si facilement sur notre humanité. Un premier roman percutant et remarquable, et un nouvel auteur à suivre. Coup de coeur. (5/5)
Citation :
Mais on croit toujours avoir atteint son quota de malheur, son quota de souffrances. On se dit Dieu va me donner du répit, des forces, du sursis. Puis on se demande à quel moment Dieu a enfilé les habits du Diable, et ses chaussures pour nous piétiner avec ?
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