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Titre : Fantastique histoire d'amour
Auteur : Sophie DIVRY
Parution : 2024 (Seuil)
Pages : 512
Présentation de l'éditeur :
Bastien, inspecteur du travail à Lyon, est amené à enquêter sur un
accident : un ouvrier employé dans une usine de traitement des déchets
est mort broyé dans une compacteuse.
Maïa, journaliste
scientifique, se rend au Cern, le prestigieux centre de recherche
nucléaire à Genève, pour écrire un article sur le cristal scintillateur,
un nouveau matériau dont les propriétés déconcertent ses inventeurs.
Bastien
apprend que l’accident est en réalité un homicide. Maïa, elle, découvre
que l’expérience a mal tourné. Sa tante, physicienne dans la grande
institution suisse, lui demande de l’aider à se débarrasser de ce
cristal devenu toxique.
Ce roman addictif qui emprunte aux codes de la série et du thriller est aussi une histoire d’amour. Une rencontre inattendue entre un homme, vaguement catholique et passablement alcoolique, et une femme, orpheline et fière, qui a érigé son indépendance en muraille.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Sophie Divry est née à Montpellier en 1979 et vit actuellement à Lyon. Elle a reçu la mention spéciale du prix Wepler pour La Condition pavillonnaire et le prix de la Page 111 pour Trois fois la fin du monde. Fantastique Histoire d’amour est son septième roman. Avec sensibilité, elle allie l’art du récit et une exploration de nos sociétés contemporaines.Avis :
Enquête policière, thriller, romance et histoire fantastique : Sophie Divry mélange les genres sur fond très contemporain de solitudes, de souffrance au travail et de recherche scientifique, pour un épais roman aussi singulier qu’addictif.Inspecteur du travail trouvant un réconfort approximatif dans une fréquentation accrue de la bouteille et des églises depuis que sa femme l’a largué, Bastien est amené à enquêter sur la mort d’un ouvrier, avalé par une compacteuse dans une usine de récupération de plastiques de la banlieue lyonnaise. Atteinte de « disparitionnite » au point d'en perdre son ordinateur professionnel et de se faire virer du magazine scientifique où, pigiste, elle s’efforçait de résister à la vague lucrative du sensationnalisme, Maïa s’intéresse aux travaux de recherche de sa tante dans les laboratoires du CERN à Genève et se retrouve impliquée dans la disparition d’échantillons de cristaux scintillateurs aux propriétés aussi dangereuses qu’inattendues.
Entre ces deux-là, rien de commun, si ce n’est que leurs deux enquêtes parallèles, nous plongeant au passage dans un piquant diptyque mariant analyse sociologique et vulgarisation scientifique, finissent par se rejoindre et, après avoir malicieusement fait lanterner le lecteur dans une suite haletante et rythmée de rebondissements, justifier les promesses du titre. Très fleur bleue, cette dernière partie viendrait presque faire retomber le soufflet, si l’ensemble du récit n’était porté par une plume vive à tendance corrosive, ébarbant à peine ses pointes de noirceur au contact d’une mélancolie tristement drôle.
Alors, fermant les yeux sur les aspects les plus faciles de la romance, l’on retient au final le plaisir d’une lecture détente, tendue par un suspense légèrement fantastique, délibérément romantique, mais dont on comprend qu’il masque à peine une lucidité abrasive sur les travers sociaux contemporains. Mieux vaut parfois rêver que pleurer… (3,5/5)
Citations :
Des souvenirs refoulés me remontaient à tout instant. Quelque chose cognait contre la paroi de mon angoisse, avec une force qui me dépassait. J’étais nul, ma vie était une erreur. Je ressassais la cruauté de mes parents à mon égard. Les coups, les mots. Je me rappelai ce soir où, collégien, j’avais surgi dans le salon en m’écriant : Je suis arrivé premier de ma classe au 100 mètres ! Ma mère était en train de nettoyer l’argenterie avec sa cousine. Elle m’avait répondu du tac au tac : Tu seras toujours premier sur le podium des imbéciles… J’avais ravalé mes larmes jusque dans ma chambre. Une mère normale aurait répondu autrement, je le savais. Mais il n’y a jamais d’autre mère.
Le soleil faisait fondre le gel à certains endroits, mais à d’autres l’ombre avait laissé des morceaux blancs intouchés, comme un sujet de conversation qu’il ne faut pas aborder.
L’accélérateur de particules du Cern engendre des millions de collisions de hadrons. Sauf que les hadrons sont invisibles. La lumière, elle, se quantifie, se mesure, s’étudie. Pour dire vite, si on envoie des hadrons dans un cristal scintillateur, ils vont le traverser et convertir la collision en lumière.
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