mercredi 12 juillet 2023

[Whitehead, Colson] Harlem Shuffle

 




J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Harlem Shuffle

Auteur : Colson WHITEHEAD

Traduction : Charles RECOURSE

Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2021
                  en français en
2023
                  (Albin Michel)

Pages : 432

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

Petites arnaques, embrouilles et lutte des classes… La fresque irrésistible du Harlem des années 1960.

Époux aimant, père de famille attentionné et fils d’un homme de main lié à la pègre locale, Ray Carney, vendeur de meubles et d’électroménager à New York sur la 125e Rue, « n’est pas un voyou, tout juste un peu filou ». Jusqu’à ce que son cousin lui propose de cambrioler le célèbre Hôtel Theresa, surnommé le Waldorf de Harlem…
Chink Montague, habile à manier le coupe-chou, Pepper, vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Miami Joe, gangster tout de violet vêtu, et autres flics véreux ou pornographes pyromanes composent le paysage de ce roman féroce et drôle. Mais son personnage principal est Harlem, haut lieu de la lutte pour les droits civiques, où la mort d’un adolescent noir, abattu par un policier blanc, déclencha en 1964 des émeutes préfigurant celles qui ont eu lieu à la mort de George Floyd.

Avec Harlem Shuffle, qui revendique l’héritage de Chester Himes et Donald Westlake, Colson Whitehead se réinvente une fois encore en détournant les codes du roman noir.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Né à New York en 1969, Colson Whitehead est l’un des écrivains américains les plus talentueux et originaux de sa génération. Son roman Underground Railroad, a fait sensation : récompensé aux Etats-Unis par le National Book Award, le prix Pulitzer et le prix Arthur C. Clarke, et plébiscité par les libraires français comme le meilleur roman étranger de la rentrée 2017, il a été traduit dans plus d’une trentaine de langues et est en cours d’adaptation télévisuelle par Barry Jenkins. Nickel Boys, élu « Meilleur Livre de l’année » par l’ensemble de la presse américaine, a lui aussi été récompensé par le Prix Pulitzer.

 

 

Avis :

Deux fois couronné du Prix Pulitzer, Colson Whitehead change de genre avec cette fois une histoire de gangsters au coeur de Manhattan. Au rythme dansant d’une vieille chanson de R’n’B adaptée par les Rolling Stones dont il fait le titre de son roman, il nous emmène dans le Harlem des années soixante, quartier noir marqué par la pauvreté et la criminalité, foyer de la lutte pour l‘égalité des droits civiques, mais aussi de la culture afro-américaine.

Marié et père de famille, Ray Carney est propriétaire d’un magasin de meubles sur la célèbre 125e rue. Ce fils de malfrat, bien décidé à rompre avec l’exemple paternel, rêve de respectabilité et cultive deux ambitions : accéder à un logement plus décent que leur petit appartement coincé au ras du métro aérien, et déjouer le mépris de sa belle-famille de condition bourgeoise et à la peau plus claire. Pour se donner un petit coup de pouce et parce qu’il ne sait rien refuser à son cousin Freddie, éternel abonné aux quatre cents coups, il accepte quand même de jouer les receleurs, pensant se maintenir, à force de discrétion précautionneuse, à la lisière du tissu de trafics et de petits crimes qui sous-tend la vie du quartier.

C’est sans compter les entreprises de plus en plus hasardeuses de l’incorrigible Freddie. Embarqué dans un casse foireux, le voilà qui se retrouve dans le collimateur de la pègre, puis, une aventure en appelant une autre, aux prises avec des adversaires toujours plus puissants et dangereux. Des petites frappes aux requins de la finance et de l’immobilier, en passant par les policiers et les banquiers corrompus réclamant leurs enveloppes, tout le monde trempe plus ou moins dans l’illégalité au gré de ses intérêts, derrière les façades respectables des avenues bourgeoises comme dans les rues les plus mal famées.

Tout l’art de Colson Whitehead consiste à peindre par petites touches, non pas un univers du crime spectaculaire et sensationnel, mais une réalité tristement et ordinairement entachée d’une délinquance à bas bruit, chacun cherchant à tirer son épingle du jeu dans le quotidien sans éclat d’un quartier en déliquescence. Ainsi, en filigrane du parcours chaotique des personnages, au fil de mille détails authentiques et soigneusement choisis, se révèle peu à peu le véritable sujet du livre : une peinture d’un Harlem alors en cours de ghettoïsation, ses bâtiments de plus en plus délabrés et insalubres, ses commerces progressivement abandonnés, la bourgeoisie noire laissant la place à une population nettement plus déshéritée, frappée par la ségrégation, le chômage et la pauvreté, dans un contexte favorisant la circulation de la drogue, la violence et la criminalité. Ne manquent pas au tableau les mouvements de contestation qui se mettent à secouer le quartier, comme après le meurtre d’un adolescent par un policier en 1964.

Bien plus que pour son action tragi-comique autour d’un personnage champion de la nage entre deux eaux, c’est pour l’exactitude et la vivacité de son évocation d’Harlem, ville dans la ville, que l’on appréciera ce roman truffé de détails socio-historiques colorés et marquants. En attendant la suite prévue pour cet été aux Etats-Unis et pour 2024 en français, l’on pourra poursuivre le voyage à New York en compagnie d’un autre grand amoureux de cette ville, avec lequel l’on pourra être tenté d’établir un parallèle : Colum McCann - Les saisons de la nuit, ou Et que le vaste monde poursuive sa course folle. (4/5)

 

 

Citations :

Malgré la compagnie de ses beaux-parents, Carney aimait venir dans leur maison de Strivers’ Row, « l’Allée des Travailleurs ». Enfant, il admirait ces demeures de brique jaune et de pierre blanche immaculée parachutées en plein Harlem. Vus depuis la 8e Avenue, les trottoirs étaient toujours balayés, les caniveaux débouchés, et les ruelles séparant les maisons lui apparaissaient comme des territoires intrigants. Un pâté de maisons qui avait son propre nom, ce n’était pas courant. Comment pourrait s’appeler son vieux bloc d’immeubles de la 127e Rue ? Crooked Way, « la Voie des Escrocs ». Le travailleur d’un côté, le voyou de l’autre. Les travailleurs tendaient vers une vie plus belle – qui existait peut-être, ou peut-être pas – quand les escrocs magouillaient pour détourner le système en place. D’un côté le monde tel qu’il aurait pu être, de l’autre le monde tel qu’il était. Mais Carney se montrait peut-être un peu trop radical. Nombre d’escrocs étaient de grands travailleurs, et nombre de travailleurs trichaient avec la loi.
 

Et puis, un jour, quelqu’un avait eu l’idée de créer un grand parc dans le centre de Manhattan, une oasis au sein de la jeune métropole grouillante. Plusieurs sites furent proposés, rejetés, reconsidérés, jusqu’à ce que les autorités blanches optent finalement pour un vaste rectangle au cœur de l’île. Cet emplacement était déjà habité ; aucun problème. Les citoyens noirs de Seneca Village étaient propriétaires, ils votaient, ils avaient une voix. Pas assez forte, cependant. La municipalité les expropria, rasa les maisons, et on n’en parla plus. Les habitants s’éparpillèrent dans différents quartiers, différentes villes où ils pourraient repartir de zéro, et New York eut son Central Park.
 

Alma était issue d’une lignée comparable : plusieurs générations de professeurs et de médecins, un oncle qui avait été le premier Noir admis dans telle université de l’Ivy League, un cousin qui était le premier Noir diplômé de telle faculté de médecine. Premier ceci, premier cela. Des Noirs fiers et conscients des enjeux raciaux jusqu’à un certain point – suffisamment clairs de peau pour passer pour des Blancs, et un peu trop pressés de vous le rappeler. En donnant la becquée à May, Carney vit sa main sur la joue de sa fille. May avait la peau sombre, comme lui. Il se demanda si Alma était toujours révulsée par la couleur de sa petite-fille, déçue qu’elle ne soit pas aussi claire qu’Elizabeth. Il l’avait vue tiquer dans la chambre d’hôpital après l’accouchement. Tous ces efforts, et regarde qui elle épouse. Lorsqu’elle contemplait le ventre de sa fille, Alma se demandait-elle quel sang l’emporterait cette fois ?
 
 
Elle était chez Black Star Travel depuis deux mois. Il aimait le sérieux de sa voix quand elle parlait de son travail, de l’urgence de sa mission. Black Star organisait des voyages d’affaires et d’agrément pour une clientèle de couleur, réservant des chambres dans des hôtels déségrégués appartenant à des Noirs, aux États-Unis et ailleurs, principalement dans les Caraïbes, à Cuba et à Porto Rico. L’agence sélectionnait aussi des spectacles à ne pas rater ; conseillait des banques, des tailleurs et des restaurants accueillants ; listait les théâtres de La Nouvelle-Orléans et d’ailleurs qui disposaient de sièges pour les Noirs et ceux qui leur fermeraient la porte au nez.  
L’Amérique était un grand pays souillé par des régions faisandées où régnaient l’intolérance et la violence raciales. De la famille à aller voir en Géorgie ? Voici des itinéraires sûrs, qui évitent les patelins interdits aux Noirs après le coucher du soleil et les comtés de petits ploucs racistes dont vous risquez de ne pas sortir vivants. Vous auriez intérêt à faire un détour de quatre-vingts kilomètres pour dormir au Hanson Motor Lodge, et à prendre la route vers dix-sept heures si vous voulez revenir indemnes. 


Le mal était parti du Mam Lacey’s et s’était propagé par capillarité. Jadis, c’était un bloc d’immeubles propre et accueillant, une rue joliment peinte où les enfants jouaient au ballon. À présent les fenêtres du Lacey’s étaient brisées, les immeubles attenants, déserts et condamnés, souffraient de la même malédiction, et les deux suivants n’avaient déjà plus l’air nets. Carney fronça les sourcils. Le fléau du délabrement, qui sautait d’un endroit à l’autre à l’image des puces de lit.


« Nous l’avons oublié, mais avant l’invention de l’ampoule électrique il était courant de dormir en deux temps, leur expliqua Simonov. On se couchait peu après le coucher du soleil, une fois qu’on avait terminé le travail du jour – pourquoi rester debout quand on n’y voit plus rien ? Et puis on se réveillait pour quelques heures autour de minuit, avant la deuxième phase de sommeil qui durait jusqu’au matin. C’était le rythme naturel du corps, jusqu’au jour où Thomas Edison nous a permis d’organiser notre emploi du temps à notre guise. »
Simonov leur expliqua que les Britanniques appelaient cet intervalle the watch, le tour de garde, et les Français la dorveille, contraction de dormir et veiller – le professeur l’épelait dorvay. On en profitait pour s’adonner à diverses occupations : lire, prier, faire l’amour, avancer un travail urgent ou s’offrir un loisir mérité. C’était un répit à l’écart du monde et de ses exigences, un creux dédié aux affaires personnelles que l’on se ménageait à l’intérieur de ces heures perdues.


Le jeudi était le jour où Munson venait toucher son enveloppe hebdomadaire. Après le casse du Theresa, Chink Montague avait fait courir le nom de tous les fourgues d’uptown pour tenter de localiser le collier de sa chérie. Carney s’était retrouvé inscrit dans le bottin de la pègre, et Munson avait rappliqué.  
Lors de ce premier rendez-vous, l’inspecteur avait pardonné à Carney de ne pas avoir craché plus tôt au bassinet. « Vous ignoriez peut-être comment ça marche. Je vais vous expliquer.
– C’est vrai, je vends quelques articles de seconde main, avait dit Carney.  
– Je sais ce que c’est. Des trucs qui apparaissent sur le pas de la porte, ça arrive. Pas moyen de dire d’où ils viennent et ce qu’ils font là, mais ils sont là, comme des cousins qui ne servent à rien, et vous êtes bien obligé de vous en occuper. »  
Carney croisa les bras.  
« Je passerai le jeudi. Vous êtes là le jeudi ?  
– Sept jours sur sept, c’est écrit sur l’enseigne. 
– Le jeudi, alors. Toutes les semaines. Comme la messe. »   


« Voilà comment ça marche, dit-il. Il y a une circulation, un mouvement d’enveloppes qui fait fonctionner la ville. Mr Jones travaille dans les affaires. Il doit se montrer généreux, donner une enveloppe ici, une enveloppe là, une au commissariat, une encore ailleurs, histoire que tout le monde en profite. Et tout le monde reverse au-dessus ou en dessous. Sauf ceux qui sont tout en haut. Nous, en bas, c’est pas notre problème. Et puis il y a Mr Smith. Lui aussi il travaille dans les affaires, et si c’est quelqu’un d’avisé, s’il n’est pas idiot et s’il veut durer, il fait la même chose. Il fait profiter. La circulation des enveloppes. Qui peut dire lequel des deux est le plus important ? À qui est-ce qu’on doit jurer fidélité ? À Mr Jones ou à Mr Smith ? Est-ce qu’il faut juger un homme au poids de l’enveloppe ou bien à celui à qui il la donne ? » (...)
Munson semblait sous-entendre que Dixon achetait sa protection, qu’un autre dealer passait lui aussi à la caisse, et qu’il allait donc devoir réaliser une sorte d’arbitrage. (…)
 « Je vais me renseigner, conclut l’inspecteur. Pour les deux choses. Est-ce que Dixon a la cote en ce moment. Et est-ce que vos informations intéressent quelqu’un. »


À quelques kilomètres de là, dans le Queens, la Foire internationale célébrait les merveilles d’un avenir proche. Bien sûr, il avait adoré les gadgets épatants du Futurama – les bases lunaires aux lignes épurées et les stations spatiales qui orbitaient tranquillement, les complexes sous-marins –, mais il avait surtout été époustouflé par ce que l’humanité avait déjà accompli. Dans une salle, Bell Labs présentait des Picturephones qui vous montraient le visage de votre interlocuteur à l’autre bout de la ligne, et dans une autre des ordinateurs gigantesques qui communiquaient entre eux via des câbles téléphoniques. Dans le Space Park, on pouvait découvrir des répliques grandeur nature de la fusée Saturn V, du vaisseau Gemini et d’un module d’alunissage. Des objets inconcevables qui avaient voyagé dans le cosmos, traversé des distances faramineuses, et qui en étaient revenus indemnes.
On n’avait pas besoin de partir aussi loin, et encore moins d’inventer des fusées à trois étages, des capsules habitées et une télémétrie ésotérique, pour découvrir ce dont nous étions capables. Il suffisait à Carney de marcher cinq minutes dans n’importe quelle direction, et les maisons de ville immaculées d’une génération donnée devenaient les maisons de shoot de la suivante, des taudis racontaient en chœur le même abandon, et des commerces ressortaient saccagés et détruits de quelques nuits d’émeutes. Qu’est-ce qui avait mis le feu aux poudres, cette semaine ? Un policier blanc avait abattu un jeune Noir de trois balles dans le corps. Le savoir-faire américain dans toute sa splendeur : on crée des merveilles, on crée de l’injustice, on n’arrête jamais.


Tandis que Munson s’attardait dans la pâtisserie, Carney se remémora la traque de Miami Joe, les couvertures et les planques dont Pepper lui avait appris l’existence. Des endroits qu’il n’avait jamais remarqués étaient soudain révélés, comme ces grottes qui se découvrent à marée basse et s’enfoncent dans l’obscurité. Pourtant, elles ont toujours été là, offrant un chemin caché vers les profondeurs. Cette tournée en compagnie du flic menait Carney dans des lieux qu’il voyait tous les jours, des établissements à deux pas du sien devant lesquels il passait depuis qu’il était enfant et qui n’étaient en réalité que des façades. Ces portes constituaient les entrées d’une ville différente – ou plutôt les différentes entrées d’une immense ville secrète. Proche de vous à tout instant, adjacente aux choses que vous connaissez, juste en dessous. Il suffit de savoir où chercher.  
Carney eut un petit rire et secoua la tête. Comme s’il n’avait rien à voir avec ça. Quand on connaissait le mot de passe, son magasin aussi était une porte donnant sur les bas-fonds. On ne peut pas savoir ce qui se trame dans la tête des autres, mais leur nature profonde n’est jamais cachée bien loin. New York était un immeuble miteux qui grouillait de monde et dans lequel vous n’étiez séparé de tous vos voisins que par une feuille de papier à cigarette.


L’humidité métamorphosait Park Avenue, nimbant d’un halo chaleureux les réverbères et les rangées de fenêtres. La rue paraissait moins hautaine. Mystérieusement clémente, comme un flic blanc qui vous laisse partir sans raison apparente. Ce quartier mettait Freddie mal à l’aise : les immeubles avaient une posture, une assurance, une confiance en leur force. Ils vous jugeaient en assénant que tout ce que vous pouviez revendiquer, tous vos combats et tous vos rêves n’étaient qu’une mauvaise contrefaçon de ce qu’ils possédaient, eux. (…)
« Je te revoyais en train de parler de Riverside Drive, dit Freddie à Carney. De m’expliquer que tu te sens bien là-bas. Le fleuve, la vue sur l’eau, ça fait relativiser. Y a nous, y a l’eau, et de l’autre côté y a encore de la terre et on fait tous partie du même truc. Park Avenue, avec tous ces vieux immeubles remplis de vieux Blancs, c’est pas pareil. C’est un canyon. Et les deux côtés n’en ont absolument rien à foutre de toi. S’ils voulaient, s’ils le décidaient, ils pourraient se serrer et t’écraser. T’es rien comparé à eux. »


Carney expliqua à Pepper qu’Elizabeth travaillait chez Black Star Travel, qu’ils durent présenter plus en détail car Pepper n’était « pas du style à prendre beaucoup de vacances ».  
Une partie du travail se résumait au bouche-à-oreille quotidien, aux conseils de survie qu’on s’échangeait dans le quartier. Le flic qui traîne sur la 6e Avenue, Rooker, il a très envie de se payer des Noirs. Mettez pas les pieds dans le quartier italien après dix-neuf heures. Ils peuvent te saisir ta maison pour un retard de paiement. Mais Black Star, de même que les autres agences et les divers guides de voyage destinés aux gens de couleur, diffusait ces informations cruciales et les mettait à la disposition de tous ceux qui en avaient besoin. Dans le bureau, sur une carte des États-Unis et des Caraïbes, les villes, villages et trajets homologués par Black Star étaient indiqués par des punaises rouges. Suivez l’itinéraire recommandé et vous serez en sécurité, vous mangerez tranquille, dormirez tranquille, respirerez tranquille ; méfiance si vous vous en écartez. À condition de s’y mettre tous, on réussira à renverser leur régime malfaisant. C’était une carte de la nation noire au sein du monde blanc, intégrée mais autonome, indépendante, dotée de sa propre Constitution. On doit se serrer les coudes, sinon on est perdus dans la nature.


Il descendit via Park Avenue. Il trouvait logique de suivre l’enfilade de taudis noirs de suie jusqu’à la 96e, où ils cédaient brusquement la place à un majestueux régiment d’immeubles résidentiels de renommée internationale, lesquels étaient remplacés à leur tour par des sièges sociaux monumentaux à partir de la 50e. Park Avenue ressemblait aux graphiques des manuels d’économie illustrant l’emplacement des entreprises florissantes, avec en abscisses le numéro des rues de Manhattan et en ordonnées le chiffre d’affaires. Voici un exemple de croissance exponentielle.

 

 

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