samedi 18 septembre 2021

[Guillaumin, Emilie] L'embuscade

 






J'ai beaucoup aimé

 

Titre : L'embuscade 

Auteur : Emilie GUILLAUMIN

Editeur : HarperCollins

Parution : 2021

Pages : 304

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :    

Nuit d’août. Dans la chambre flotte le parfum de Cédric. Un mois et demi que ce soldat des forces spéciales est en mission. Un mois et demi que Clémence attend son retour avec leurs trois garçons.
Au petit matin, une délégation militaire sonne à la porte. L’adjudant Cédric Delmas est tombé dans une embuscade avec cinq de ses camarades.
Aux côtés d’autres femmes, épouses de soldats elles aussi, Clémence se retrouve malgré elle plongée dans la guerre secrète menée par la France au Levant. Avec ces questions lancinantes : que s’est-il réellement passé lors de l’attaque ? Et pourquoi l’armée garde-t-elle le mystère ?

L’Embuscade dessine avec justesse et émotion le combat d’une femme, mère et épouse puissante et courageuse, pour découvrir la vérité.
 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Après des études de lettres à la Sorbonne et de criminologie à New York, Emilie Guillaumin a passé deux ans au sein de l’armée de terre française, aventure dont elle a tiré Féminine (Fayard, 2016). L’Embuscade est son deuxième roman.

 

Avis :

Soldats des forces spéciales françaises, Cédric Delmas et cinq de ses camarades tombent dans une embuscade lors d'une mission secrète dans la région du Levant. Comme les cinq autres épouses, sa femme Clémence est informée par une délégation militaire, dans le strict respect de la procédure prévue. Très vite, de nombreuses zones d'ombre apparaissent autour de la disparition des six hommes. Que s'est-il réellement passé pendant leur mission ? Pourquoi tant de mystère de la part de l'armée ? Pour Clémence commence un éprouvant combat pour la vérité.

Forte de son expérience dans l’armée de terre et au Ministère des Armées, c’est en connaissance de cause qu’Emilie Guillaumin nous propose une incursion dans le monde à part, verrouillé par ses règles autant que par son esprit de corps, de la Grande Muette. Son récit est un hommage appuyé à l’engagement des militaires qui ont choisi le risque suprême pour profession, mais aussi à celui, indirect, de leurs conjoints, occupés dans l’ombre, une épée de Damoclès sur la tête, à maintenir solitairement, comme si de rien n'était, la continuité familiale.

Etayé et réaliste, le texte prend souvent une saveur presque documentaire, en particulier pendant toute la première partie qui déroule dans ses moindres détails le protocole extrêmement codifié qui accompagne la perte d’hommes en mission. Tout est prévu pour canaliser l’émotion dans un « prêt-à porter » du deuil, qui en finit presque par anesthésier du même coup la propre sensibilité du lecteur. Il faudra toute la fermeté et la ténacité de la narratrice pour que le roman rebondisse dans une seconde moitié pleine de suspense, lorsqu’il devient évident que les événements ne se sont pas déroulé sur le terrain comme le décrit la première version officielle.

Si quelques improbabilités romanesques se glissent dans l’intrigue, on se laisse volontiers entraîner dans cette histoire rédigée dans un style efficace et concret, aux personnages attachants que l’on n’a pas envie de lâcher avant le dénouement. Indéniablement, la grande force de ce roman est son réalisme dans sa restitution du quotidien des militaires et de leurs familles. (4/5)

 

 

Citations :

Dès le début, j’avais été mise au parfum de la dialectique propre aux parachutistes de l’armée française. Une phrase en particulier m’avait marquée : « Le parachutiste ne va pas au ciel, il y retourne. » Par la suite, Cédric s’était frotté à l’humilité des équipiers du Treize. Les missions s’étaient succédé, éprouvantes. Au fil des années, j’avais compris que, provocatrice et flamboyante pour la forme, cette rhétorique toute-puissante avait essentiellement pour fonction de souder les hommes et de conjurer le mauvais sort.

On n’aime jamais autant la vie que dans la possibilité de la mort.

D’une certaine manière, dans les recoins les plus obscurs de leur âme, nos hommes, à vouloir l’adrénaline, l’aventure clandestine, le combat, ne cherchaient-ils pas tous à défier la mort ? Et nous, épouses éternelles, n’étions-nous pas des monstres de l’accepter ?

Trois jours en Syrie m’avaient suffi pour comprendre que jamais Cédric n’aurait quitté l’armée. Il en était mordu. Peut-être parce qu’il était issu d’une famille sans histoire et sans Histoire. Son enfance et son adolescence avaient été ordinaires comme celles de ses parents et, probablement, de ses grands-parents. Avant de s’engager dans l’armée, Cédric avait vécu l’ennui de ces jours trop lents qui avaient composé ces années trop longues, comme un drame insupportable dont il avait absolument fallu se soustraire, sous peine de crever. Il lui fallait racheter la faute de cette famille modeste qui se contentait d’exister sans vivre et dont les membres rejoindraient bientôt la cohorte de ceux qui disparaissent un jour sans laisser de traces.


 

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