vendredi 10 septembre 2021

[Xiaolong, Qiu] La bonne fortune de monsieur Ma

 

 

 

J'ai beaucoup aimé

 

Titre : La Bonne Fortune de monsieur Ma
           (Doctor Zhivago)

Auteur : Qiu XIAOLONG

Traductrice : Fanchita GONZALEZ BATTLE

Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2010,
                   en français (Liana Lévi) en 2011

Pages : 64

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :  

«C’est une invention bien connue de conspirer contre le Parti avec des romans», a dit le président Mao. Un précepte que méditent les habitants de la cité lorsque monsieur Ma, le libraire, est arrêté un soir de l’hiver 1962. Son crime? Posséder dans ses rayons un roman étranger à propos d’un certain docteur russe. Sa peine? Trente ans d’emprisonnement pour «activités contre-révolutionnaires». Vingt ans plus tard, Ma est libéré. La Révolution culturelle est loin, Mao est mort, les autorités encouragent l’initiative privée. Que pourrait faire le vieux Ma après tant d’années de prison? Contre toute attente, son nouveau commerce est un succès. Une reconversion à mille lieues de la littérature. Quoique…

  

Le mot de l'éditeur sur l'auteur : 

Qiu Xiaolong est né à Shanghai en 1953. Lors de la Révolution culturelle, son père est la cible des révolutionnaires et lui-même est interdit de cours. Il soutient néanmoins une thèse sur le poète T.S. Eliot et poursuit ses recherches aux États-Unis. Les événements de Tian’anmen le décident à s’y installer définitivement et c’est en anglais qu’il écrit la célèbre série policière mettant en scène l’inspecteur Chen Cao ainsi que les nouvelles du cycle de la Poussière Rouge. Traduits dans vingt pays, ses livres se sont déjà vendus à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde. Qiu Xiaolong a été récemment nommé Junwu Professor de l’université de Guangxi, et vit à Saint-Louis, dans le Missouri.

 

 

Avis :

Monsieur Ma, modeste libraire d’un petit quartier de Shanghai, n’a jamais fait de mal à une mouche. Parce qu’il possède un livre non traduit en chinois, qui plus est à propos d'un médecin russe contre-révolutionnaire, le docteur Jivago, il est pourtant arrêté un soir de 1962 et condamné à trente ans d’emprisonnement pour subversion. Libéré au bout de vingt ans, il surprend tout le monde en se lançant dans une nouvelle activité…

En soixante pages, tout est dit sur le quotidien de ce petit quartier et de ses modestes habitants, dont la vie peut à tout instant basculer de la manière la plus inattendue et la plus arbitraire. Une simple parole d’apparence anodine, et la répression foudroie l’un d’eux sans qu’on l’ait vue venir, dans l’impuissance coupable des voisins. Soulagés d’y avoir encore échappé pour cette fois, tous se cramponnent à leurs efforts d’invisibilité, qui leur permettront, peut-être, de ne pas être les prochains sur la liste.

L’ironie n’est pas absente de cette narration qui fait écho aux persécutions subies par l’auteur et son père dans la Chine maoïste des années soixante. A malin, malin et demi. Même si les romans sont interdits pendant la Révolution culturelle, c’est bien un livre qui aura ici le dernier mot, l’ignorance et la bêtise des uns ne pouvant l’emporter définitivement sur l’appétit de connaissances des autres. A cette histoire, une morale : Il n’est pas facile d’être ignorant et Lire des livres est toujours profitable. (4/5)

 

Citations :

Les policiers étaient en droit d’arrêter quelqu’un sans donner d’explication ni montrer de mandat. C’était cela, la dictature du prolétariat. Les autorités du Parti décidaient de tout, de toutes les affaires. Pas d’avocat, pas de jury, et pas de tribunal.
 
Tous deux entraînèrent le camarade Jun dans un petit restaurant de boulettes de la rue de Zhejiang. Là, après un bol de soupe aux boulettes de crevettes émincées, un plat de tranches d’oreille de porc et deux bouteilles de vin de riz gluant agréablement tiédi, le camarade Jun révéla que les ennuis de monsieur Ma étaient dus à un livre : un roman en langue étrangère à propos d’un docteur du nom de Zhi Vag – un nom pas très chinois, mais, après tout, ces intellectuels inventaient parfois des noms bizarres. 
 
Comme le président Mao l’a dit récemment, c’est une invention bien connue de conspirer contre le Parti avec des romans.


 

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