lundi 17 février 2020

[Krier, Sylvie] Un cheval dans la tête





J'ai aimé

 

Titre : Un cheval dans la tête

Auteur : Sylvie KRIER

Parution : 2019

Editeur : Serge Safran

Pages : 206

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :   

Jack, marginal épris de liberté, élève des chevaux. Aidé par Chayton, individu troublant, il peine à joindre les deux bouts. Débarque sa fille, une adolescente qu’il connaît à peine tandis qu’à ses côtés Célie, jeune femme énigmatique, se débat dans une histoire familiale qui agonise.
Jack prend alors la route pour essayer de s’en sortir, allant au-devant de drôles d’aventures. Et puis un jour, un industriel lui propose d’acquérir une partie de son cheptel. Et d’aller choisir un étalon à Séville. Cette offre inespérée permettra-t-elle à Jack de reprendre sa vie en main ?
Le corps-à-corps entre idéal et réalité, parfois épique, souvent émouvant, imprègne de manière captivante tout l’entourage de Jack et son cheptel aux allures de ranch du Far West.

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Sylvie Krier est née à Auxerre. Après avoir fait des études de pharmacie à Dijon, elle exerce dans l’Yonne puis dans le Loiret. Elle vit aujourd’hui dans le sud de la France, près d’Avignon.

 

 

Avis :

Ancien cascadeur équestre aujourd'hui à la tête d'un élevage de chevaux, Jack mène une vie libre et marginale, entièrement vouée à sa passion, mais constamment sur la corde raide : pourchassé par les huissiers, saura-t-il préserver encore longtemps son mode de vie bohème et précaire, d'autant que son ex-femme lui expédie sans crier gare leur fille adolescente et rebelle, qu'il ne connaît qu'à peine ? Il se lance alors dans un road-trip à travers la France, dans l'espoir de trouver une solution auprès de ses diverses relations. L'apparition d'un associé providentiel le tirera peut-être d'affaires.

Tous les personnages de cette histoire se retrouvent coincés entre leurs aspirations personnelles - amoureuses, familiales ou professionnelles -, et une réalité contrariante où les contraintes de toutes sortes, en particulier économiques pour Jack, viennent brider la liberté à laquelle ils sont si attachés. Si Jack, sa presque compagne Célie et sa fille si typiquement adolescente paraissent touchants et désarmants dans leur désarroi et leurs tentatives parfois maladroites pour rester à flot, on ne peut pas en dire autant de la génération des grands-parents, que leur égocentrisme teinté d'immaturité rend assez peu sympathiques.

Ce livre s'avère agréable grâce à son style fluide, ses personnages et ses situations évoqués de manière vivante et crédible. Je m'attendais toutefois à ce que les chevaux soient bien davantage au centre du récit, et surtout l'occasion de quelques jolis passages lyriques ou éthologiques susceptibles d'illustrer la passion de Jack. Ils sont finalement plus ici le symbole d'une liberté que l’objet d’un véritable attachement. J’ai même été surprise par la scène où Jack tue son cheval Cody lors d’une séance de dressage : Il refusait d’avancer. J’avais pris la chambrière, j’avais tapé. Cody ruait. À chaque ruade, je tapais, convaincu de le faire céder. Mais il ne cédait pas. Il avait peur de cet objet insolite auquel il était attaché. La crainte tendait son corps comme une pelote d’acier. Les salières se creusaient au-dessus de ses yeux. De l’eau coulait sous son ventre goutte à goutte, sur ses joues, en laissant une odeur de sel. Je tapais. Je tapais au même rythme que le sang qui battait dans mes tempes en faisant un bruit assourdissant. Je ne sentais plus mes muscles. Cody ruait. Même épuisé, il ruait dans l’air. Ses jarrets claquaient comme des coups de feu. Une grande flaque mouillait la terre sous son ventre. Soudain, son corps s’était mis à trembler violemment. Il s’était immobilisé, pétrifié, comme s’il allait perdre sa substance. Ses muqueuses avaient blanchi, ses yeux avaient laissé filer la terreur. Il avait continué à ruisseler malgré la paille dont je l’avais frictionné. Des litres et des litres d’eau. Il s’était couché en tendant la tête vers moi. Étalé sur le côté, il avait émis un petit hennissement juste avant de mourir. Amour et respect des chevaux, vraiment ?


Ce moment de lecture, aussi plaisant soit-il, m'a donc globalement laissée sur ma faim, encore attisée par un dénouement très ouvert et sans véritable conclusion, peut-être un peu trop positif pour paraître vraiment réaliste : une petite déception qui me fait ranger ce livre sur l'étagère des romans agréables mais pas suffisamment marquants pour vraiment sortir du lot. (3/5)


  
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