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Titre : Alto Braco
Auteur : Vanessa BAMBERGER
Editeur : Liana Levi
Parution : 2019
Pages : 240
Présentation de l'éditeur :
Alto braco, «haut lieu» en occitan, l’ancien nom du plateau de l’Aubrac.
Un nom mystérieux et âpre, à l’image des paysages que Brune traverse en
venant y enterrer Douce, sa grand-mère. Du berceau familial, un petit
village de l’Aveyron battu par les vents, elle ne reconnaît rien, ou a
tout oublié. Après la mort de sa mère, elle a grandi à Paris, au-dessus
du Catulle, le bistrot tenu par Douce et sa sœur Granita. Dures à la
tâche, aimantes, fantasques, les deux femmes lui ont transmis le sens de
l’humour et l’art d’esquiver le passé. Mais à mesure que Brune découvre
ce pays d’élevage, à la fois ancestral et ultra-moderne, la vérité des
origines affleure, et avec elle un sentiment qui ressemble à l’envie
d’appartenance.
Vanessa Bamberger signe ici un roman sensible sur le lien à la terre, la transmission et les secrets à l’œuvre dans nos vies.
Vanessa Bamberger signe ici un roman sensible sur le lien à la terre, la transmission et les secrets à l’œuvre dans nos vies.
Avis :
Sa mère étant morte dans les jours suivant sa naissance, Brune, la narratrice, a été élevée par ses deux grands-mères, à vrai dire par sa grand-mère et sa grand-tante, deux sœurs originaires de l’Aubrac et venues dans les années soixante s’établir bistrotières à Paris, dans la plus pure tradition auvergnate. Fantasques et terribles, mais si humaines et attachantes, les deux « maîtresses-femmes » se sont consacrées sans relâche, avec acharnement et souci de bien faire, à leur travail et à l’éducation de Brune, en faisant une petite Parisienne bien éloignée des racines familiales dont elle ignore quasiment tout.
Lorsque sa grand-mère décède en exprimant le souhait d’être inhumée en terre natale, c’est pour Brune une profonde remise en cause de toutes ses certitudes qui l’attend au berceau familial. Dans ces paysages à la beauté et à l’âpreté climatique si particulières de l’Aubrac, l’attend une famille dont elle ignorait les secrets très longtemps cachés et dont les révélations vont bouleverser sa vie. Elle y découvre aussi un univers qui ne la laissera bientôt plus indifférente : celui de l’élevage bovin, producteur de ces résistantes vaches rousses aux grands yeux ourlés de noir, comme maquillés de khôl, et aux longues cornes en forme de lyre, que l’on appelle les reines d’Aubrac.
Au thème intimiste de la filiation et de la transmission, se mêle une réflexion sociale sur le délicat équilibre entre rentabilité économique et respect de l’animal et de la nature. Si l’émotion largement autobiographique de ce vibrant hommage aux terres d’Aubrac est contagieuse, le déroulement du raisonnement écologique, par ailleurs tout à fait intéressant, m’a semblé trop rapidement plaqué sur l’histoire personnelle de Brune pour ne pas conférer à l’ensemble un certain sentiment d’artifice, un peu comme si la journaliste tendait à l’emporter sur la romancière.
Je referme donc Alto Braco avec une impression mitigée, touchée par ses personnages et éblouie par la majesté de l’Aubrac, mais avec le regret que la trame trop manifestement journalistique ne se soit pas davantage transformée en « œuvre littéraire ». (3/5)
Lorsque sa grand-mère décède en exprimant le souhait d’être inhumée en terre natale, c’est pour Brune une profonde remise en cause de toutes ses certitudes qui l’attend au berceau familial. Dans ces paysages à la beauté et à l’âpreté climatique si particulières de l’Aubrac, l’attend une famille dont elle ignorait les secrets très longtemps cachés et dont les révélations vont bouleverser sa vie. Elle y découvre aussi un univers qui ne la laissera bientôt plus indifférente : celui de l’élevage bovin, producteur de ces résistantes vaches rousses aux grands yeux ourlés de noir, comme maquillés de khôl, et aux longues cornes en forme de lyre, que l’on appelle les reines d’Aubrac.
Au thème intimiste de la filiation et de la transmission, se mêle une réflexion sociale sur le délicat équilibre entre rentabilité économique et respect de l’animal et de la nature. Si l’émotion largement autobiographique de ce vibrant hommage aux terres d’Aubrac est contagieuse, le déroulement du raisonnement écologique, par ailleurs tout à fait intéressant, m’a semblé trop rapidement plaqué sur l’histoire personnelle de Brune pour ne pas conférer à l’ensemble un certain sentiment d’artifice, un peu comme si la journaliste tendait à l’emporter sur la romancière.
Je referme donc Alto Braco avec une impression mitigée, touchée par ses personnages et éblouie par la majesté de l’Aubrac, mais avec le regret que la trame trop manifestement journalistique ne se soit pas davantage transformée en « œuvre littéraire ». (3/5)
Citations :
Car les prairies nues de l’Aubrac ne devaient rien à la nature mais aux hommes, aux moines qui dès le 12e siècle avaient arraché la plupart des arbres du plateau pour en faire des pâturages, pensant dompter le vent, se croyant tout-puissants.
Le vent avait encore forci et cette fois les nuages cédèrent. Ils se cabrèrent et commencèrent à rouler, le bleu creva le ciel en un jet de peinture, des faisceaux de lumière se braquèrent sur la prairie, chassant les ombres et les bêtes dans une course folle.
Je ne faisais aucune confiance à ma mémoire défaillante. Je connaissais le secret de la fabrication d’un souvenir : la première fois, on se rappelait l’évènement ; la deuxième, le souvenir de l’évènement ; la troisième, le souvenir du souvenir, et ainsi de suite. Il finissait par devenir la réécriture d’un passé lointain.
Un secret à moitié révélé, c’est un cancer à moitié soigné.
Dans cette partie lozérienne de l’Aubrac, les prairies étaient semées de gigantesques roches qui semblaient avoir été jetées depuis la lune. Elles lévitaient au-dessus de la peau de neige, laquelle se lézardait par endroits pour laisser apparaître les cours d’eau noire, comme des saignées dans la terre. Une immense pelage de dalmatien.
Le vent avait encore forci et cette fois les nuages cédèrent. Ils se cabrèrent et commencèrent à rouler, le bleu creva le ciel en un jet de peinture, des faisceaux de lumière se braquèrent sur la prairie, chassant les ombres et les bêtes dans une course folle.
Je ne faisais aucune confiance à ma mémoire défaillante. Je connaissais le secret de la fabrication d’un souvenir : la première fois, on se rappelait l’évènement ; la deuxième, le souvenir de l’évènement ; la troisième, le souvenir du souvenir, et ainsi de suite. Il finissait par devenir la réécriture d’un passé lointain.
Un secret à moitié révélé, c’est un cancer à moitié soigné.
Dans cette partie lozérienne de l’Aubrac, les prairies étaient semées de gigantesques roches qui semblaient avoir été jetées depuis la lune. Elles lévitaient au-dessus de la peau de neige, laquelle se lézardait par endroits pour laisser apparaître les cours d’eau noire, comme des saignées dans la terre. Une immense pelage de dalmatien.
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