J'ai beaucoup aimé
Titre : Arrêtez-moi là ! (The Cab Driver)
Auteur : Iain LEVISON
Traduction : Fanchita GONZALEZ BATLLE
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2002,
en français en 2011 (Liana Levi)
Pages : 256
Présentation de l'éditeur :
Charger un passager à l’aéroport, quoi de plus juteux pour un chauffeur
de taxi? Une bonne course vous assure une soirée tranquille. Ce soir-là,
pourtant, c’est le début des emmerdes… Tout d’abord la cliente n’a pas
assez d’argent sur elle et, pour être réglé, il vous faut entrer dans sa
maison pourvue d’amples fenêtres (ne touchez jamais aux fenêtres des
gens!). Plus tard, deux jeunes femmes passablement éméchées font du
stop. Seulement, une fois dépannées, l’une d’elles déverse sur la
banquette son trop-plein d’alcool. La corvée de nettoyage s’avère
nécessaire (ne nettoyez jamais votre taxi à la vapeur après avoir touché
les fenêtres d’une inconnue!). Après tous ces faux pas, comment
s’étonner que deux policiers se pointent en vous demandant des comptes?
Un dernier conseil: ne sous-estimez jamais la capacité de la police à se
fourvoyer!
Dans ce roman magistral, Levison dissèque de manière impitoyable les dérives de la société américaine et de son système judiciaire.
Dans ce roman magistral, Levison dissèque de manière impitoyable les dérives de la société américaine et de son système judiciaire.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Iain Levison, né en Écosse en 1963,
arrive aux États-Unis en 1971. À la fin de son parcours universitaire,
il exerce pendant dix ans différents métiers – chauffeur de poids
lourds, peintre en bâtiment, déménageur ou encore pêcheur en Alaska –,
sources d’inspiration de son récit autobiographique.
Avis:
Romancier du réel préoccupé par les injustices contemporaines, Iain Levison ne cesse, depuis ses premiers romans, de dénoncer les dérives sociales et institutionnelles d’une plume acérée, qui sous couvert d’humour noir, révèle l’absurde et le tragique du quotidien. Bien avant son tout dernier ouvrage, Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques, où il met en scène la lassitude d’un avocat commis d’office, il s’était déjà attaqué à la machine judiciaire américaine avec Arrêtez-moi là ! (The Cab Driver, 2002).
Ce récit implacable raconte la descente aux enfers de Jeff Sutton, chauffeur de taxi texan dont la vie bascule lorsqu’une série de hasards fait de lui le coupable idéal dans une affaire de disparition d’enfant. De la coïncidence à la présomption, puis à l’accusation formelle, la mécanique judiciaire s’emballe, jusqu’à brandir la menace de la peine capitale, laissant à l’accusé la lourde tâche de prouver son innocence dans un système qui préfère un coupable douteux au doute de la recherche de vérité.
Iain Levison excelle à peindre l’ordinaire pour dévoiler l’arbitraire institutionnel. Jeff Sutton, citoyen lambda à mille lieues du héros, voit sa vie basculer pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Ce destin banal soudain broyé rappelle de manière glaçante que nul n'est à l'abri de l'injustice. Avec une retenue qui met d’autant mieux en lumière l’absurde, l’auteur déploie un style dépouillé et tendu pour exposer la logique froide et déshumanisante des procédures, l’indifférence des autorités et la solitude de l’accusé face à une machine inarrêtable. L’humour noir, discret mais incisif, renforce l’effroi en révélant l’ironie cruelle d’un système qui se prétend rationnel tout en reposant sur des préjugés et des raccourcis.
Par-delà l’histoire singulière de Jeff Sutton, Arrêtez-moi là ! interroge plus largement la fragilité du principe de justice dans une société obsédée par l’efficacité et, en ultime horizon, le recours à la peine capitale. Sobriété du style et ironie corrosive – encore discrète par rapport à ses ouvrages ultérieurs – achèvent de rendre ce récit captivant, déployant une puissance politique et morale qui transcende le roman judiciaire et, près d’un quart de siècle plus tard, demeure d’une brûlante actualité. (4/5)
Ce récit implacable raconte la descente aux enfers de Jeff Sutton, chauffeur de taxi texan dont la vie bascule lorsqu’une série de hasards fait de lui le coupable idéal dans une affaire de disparition d’enfant. De la coïncidence à la présomption, puis à l’accusation formelle, la mécanique judiciaire s’emballe, jusqu’à brandir la menace de la peine capitale, laissant à l’accusé la lourde tâche de prouver son innocence dans un système qui préfère un coupable douteux au doute de la recherche de vérité.
Iain Levison excelle à peindre l’ordinaire pour dévoiler l’arbitraire institutionnel. Jeff Sutton, citoyen lambda à mille lieues du héros, voit sa vie basculer pour avoir été au mauvais endroit au mauvais moment. Ce destin banal soudain broyé rappelle de manière glaçante que nul n'est à l'abri de l'injustice. Avec une retenue qui met d’autant mieux en lumière l’absurde, l’auteur déploie un style dépouillé et tendu pour exposer la logique froide et déshumanisante des procédures, l’indifférence des autorités et la solitude de l’accusé face à une machine inarrêtable. L’humour noir, discret mais incisif, renforce l’effroi en révélant l’ironie cruelle d’un système qui se prétend rationnel tout en reposant sur des préjugés et des raccourcis.
Par-delà l’histoire singulière de Jeff Sutton, Arrêtez-moi là ! interroge plus largement la fragilité du principe de justice dans une société obsédée par l’efficacité et, en ultime horizon, le recours à la peine capitale. Sobriété du style et ironie corrosive – encore discrète par rapport à ses ouvrages ultérieurs – achèvent de rendre ce récit captivant, déployant une puissance politique et morale qui transcende le roman judiciaire et, près d’un quart de siècle plus tard, demeure d’une brûlante actualité. (4/5)
Citations :
Les jours se confondent. Je me demande si je deviens fou. Comment le savoir ? Je suis l’homme le plus équilibré que je connaisse, mais mon entourage se résume désormais à un psychopathe complet. Les cadres de références ont été déformés. La folie d’hier est la normalité d’aujourd’hui.
Tu n’es pas innocent jusqu’à ce qu’il soit prouvé que tu es coupable, ça marche dans l’autre sens. Il faut prouver que tu es innocent. S’il y a un doute sur ton innocence, qu’est-ce que les jurés ont à gagner en te laissant libre ? Ce n’est pas un problème pour eux si tu passes le reste de ta vie en prison pour quelque chose que tu n’as pas fait. Quand ils retournent à leur poste dans un bureau quelconque, il leur suffit d’être à peu près sûrs d’avoir éloigné un mauvais sujet.
La vérité c’est qu’une fois que vous savez que d’autres êtres humains peuvent vous mettre dans une cage, vous comprenez que votre liberté, et tout ce que vous tenez pour acquis dans votre vie, dépendent entièrement du caprice de quelqu’un de plus puissant que vous. Votre café du matin, vos promenades dans le parc, votre accès à Internet… vous ne les avez que parce que personne n’a décidé que vous ne devriez pas. Et une fois que vous savez à quel point votre place dans la société est réellement fragile, vous ne pouvez plus l’ignorer après avoir été libéré. C’est ancré en vous. Vous avez vu derrière le rideau, et vous êtes pour toujours une denrée avariée.
Tout ce que fait vraiment la richesse c’est de vous permettre de neutraliser la dureté du monde.
Tu n’es pas innocent jusqu’à ce qu’il soit prouvé que tu es coupable, ça marche dans l’autre sens. Il faut prouver que tu es innocent. S’il y a un doute sur ton innocence, qu’est-ce que les jurés ont à gagner en te laissant libre ? Ce n’est pas un problème pour eux si tu passes le reste de ta vie en prison pour quelque chose que tu n’as pas fait. Quand ils retournent à leur poste dans un bureau quelconque, il leur suffit d’être à peu près sûrs d’avoir éloigné un mauvais sujet.
La vérité c’est qu’une fois que vous savez que d’autres êtres humains peuvent vous mettre dans une cage, vous comprenez que votre liberté, et tout ce que vous tenez pour acquis dans votre vie, dépendent entièrement du caprice de quelqu’un de plus puissant que vous. Votre café du matin, vos promenades dans le parc, votre accès à Internet… vous ne les avez que parce que personne n’a décidé que vous ne devriez pas. Et une fois que vous savez à quel point votre place dans la société est réellement fragile, vous ne pouvez plus l’ignorer après avoir été libéré. C’est ancré en vous. Vous avez vu derrière le rideau, et vous êtes pour toujours une denrée avariée.
Tout ce que fait vraiment la richesse c’est de vous permettre de neutraliser la dureté du monde.
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