jeudi 25 décembre 2025

[Besson, Patrick] Presque tout Corneille

 





J'ai beaucoup aimé

 

Titre : Presque tout Corneille

Auteur : Patrick BESSON

Parution : 2025 (Stock)

Pages : 112

 

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :     

Pour recouvrer son honneur, un homme se venge de son ancien employeur. Sa méthode : le battre dans toutes les disciplines. L’humiliation comme châtiment.
Les protagonistes : une épouse, des enfants, un cousin sorti de prison, une amante. Qui lit Corneille. Tout Corneille, l’immense tragédien.
Et puis un meurtre, sordide. L’arme du crime : une scie, à moins que ce ne soit une hache. Lorsque son ennemi est découvert décapité dans sa chambre d’hôtel, il est difficile de ne pas paraître suspect. Plus encore si on a rendu visite à la victime la nuit précédente. Mais est-on pour autant l’assassin ? Ce sera au commissaire Bourbeillon de trancher.

Dans ce huis clos burlesque sur fond de tragédie classique, Patrick Besson détourne avec habileté et humour les codes du polar. Remontant chronologiquement l’oeuvre du dramaturge à mesure que l’énigme se complexifie, il en vient à nous suggérer cette question : et si Corneille était l’inventeur du thriller ?

 

 

Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Patrick Besson est né à Paris en 1956. Il a obtenu le Grand Prix du roman de l’Académie française pour Dara (1985) et le prix Renaudot pour Les Braban (1995). Il est chroniqueur au Point.

 

 

Avis :

Connu pour sa plume acérée et volontiers polémique, Patrick Besson donne libre cours à la férocité de son humour dans un pastiche de polar relevant du pur exercice de style.

Journaliste en villégiature dans une île – au lecteur de deviner laquelle entre la fille du patron prénommée Colomba comme l'héroïne de Mérimée et les enseignes hôtelières jouant la variation autour de Bonaparte, Napoléon, l’Aiglon ou le Pont d’Arcole –, le narrateur a le grand déplaisir d’y retrouver le patron de presse qui l’a licencié vingt ans plus tôt. Natation, tennis, ping-pong ou encore jeu d’échecs : tout devient pour lui occasion d’humilier l’adversaire dans une prise de revanche déjà un peu moins dérisoire lorsqu’il s’agit de lui ravir sa maîtresse. Mais l’homme est retrouvé décapité. L’on tient bientôt l’arme du crime, mais qui est l’assassin ?

Dans une narration burlesque hésitant entre partie de Cluedo et roman à la Agatha Christie, commence un défilé de suspects tous à ce point loufoques que le pseudo-polar écarte bientôt toute velléité de sérieux pour s’adonner moqueusement au délire de la pure comédie. Comme si les lectures de Colomba au bord de la piscine finissaient par déteindre sur toute l’histoire, alors que s’étant mis en tête de lire presque toute l’oeuvre de Corneille depuis la fin jusqu’au début, elle remonte peu à peu des pièces les plus tragiques vers les comédies de jeunesse du dramaturge.

S’il ne signe sans doute pas ici son livre le plus profond ni le plus marquant, Patrick Besson mène l’exercice d’une main de maître et, entre élégance et férocité d’une plume polissant ses brefs paragraphes pour mieux les cracher en volée de cailloux acérés, éblouit de sa virtuosité autant qu’il régale d’un humour et d’un art du non-sens des plus britanniques. (4/5)

 

 

Citations :

L’argent plus fort que l’amour, car sans argent pas d’amour alors que sans amour il y a toujours l’argent : morale cornélienne.

Sa lecture de Corneille s’est ralentie : sortira-t-elle un jour de Rodogune (1647) comme on sort de prison ? Je lui ai rappelé la phrase de Voltaire : « Lire tout Corneille est une très rude pénitence. »

À ce moment d’un thriller, l’auteur a le choix entre annoncer un nouveau meurtre ou approfondir le premier, mais nous ne vivons pas dans les livres, c’est l’un des nombreux inconvénients de l’existence.


 

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