mardi 9 décembre 2025

[Adichie, Chimamanda Ngozi] L'inventaire des rêves

 



J'ai beaucoup aimé

 

Titre : L'inventaire des rêves
           (
Dream Count)

Auteur : Chimamanda Ngozi ADICHIE

Traduction : Blandine LONGRE

Parution : en anglais (Nigeria)
                  et en français en
2008 (Gallimard)

Pages : 656

 

 

 

 

 

 

Présentation de l'éditeur :     

L’inventaire des rêves, c’est avant tout la naissance de quatre grandes héroïnes, quatre femmes puissantes venues d’Afrique de l’Ouest dont les destins et les rêves se croisent. Chiamaka est une rebelle qui a déçu sa famille huppée du Nigeria, car au mariage avec enfants elle préfère vivre de sa plume, sans attaches. Mais est-ce vraiment son rêve ? Sa meilleure amie Zikora, qui a toujours voulu être mère, réussit à trouver le parfait alter ego, mais sera-t-il à la hauteur ? Quant à Omelogor, cousine de la première, femme d’affaires brillante, elle rêve de combattre les injustices faites aux femmes et plaque tout pour reprendre des études aux États-Unis. Et puis il y a Kadiatou, domestique adorée de Chiamaka, fine cuisinière et tresseuse hors pair. Son rêve américain se réalise quand un hôtel de luxe l’embauche comme femme de chambre, pour le meilleur et surtout pour le pire. Les rêves des femmes seraient-ils plus difficiles à atteindre ?
Dix ans après le succès planétaire d’Americanah, la grande Adichie signe un magnifique nouveau roman, ample et saisissant. En mêlant avec brio sujets profonds et frivolité, drames et douceur, L’inventaire des rêves bouleverse autant qu’il amuse. Car si ces quatre héroïnes inoubliables aiment rêver d’amour, papoter pendant des heures, partager plats savoureux et plaisanteries, elles sont aussi et avant tout des femmes noires qui, chacune à sa manière, doivent questionner l’impact qu’a leur couleur de peau sur leur parcours, et sur le regard des autres.

 

 

Un mot sur l'auteur : 

Née en 1977, Chimamanda Ngozi Adichie est nigériane. Ses romans ont été couronnés de plusieurs prix littéraires. Elle est également connue comme essayiste et militante féministe.

 

 

Avis :

Douze ans après son dernier roman, Chimamanda Ngozi Adichie revient à la fiction avec une œuvre puissante et attendue, portée par sa voix désormais incontournable dans les débats féministes et politiques mondiaux. Dans ce nouveau récit, elle tisse les trajectoires de quatre femmes africaines, toutes parties aux États-Unis en quête d’émancipation, de justice, de maternité ou simplement d’une vie meilleure. Leurs parcours, bien que distincts, se rejoignent dans une fresque polyphonique où le rêve postcolonial féminin se heurte aux réalités sociales, mais n’en porte pas moins les germes d’une transformation.  

Les protagonistes – Chiamaka, Zikora, Omelogor et Kadiatou – incarnent différentes facettes de la condition féminine contemporaine. Chiamaka, qui a choisi de renoncer aux conventions familiales pour se consacrer à l’écriture, se retrouve confrontée à une solitude profonde. Zikora, en quête de maternité, voit ses repères s’effondrer lorsque son compagnon l’abandonne. Omelogor, ex-cadre dans la finance nigériane, quitte un monde corrompu pour se consacrer à la défense des droits des femmes. Enfin, Kadiatou, ancienne employée domestique guinéenne, tente de reconstruire sa vie aux États-Unis, mais son rêve américain se brise dans les couloirs d’un hôtel de luxe, où elle subit des violences inspirées d’un fait réel : l’affaire Nafissatou Diallo.  

À travers Kadiatou, l’auteur donne une voix aux femmes invisibles du mouvement #MeToo – celles que l’on n’entend pas et que l’on ne défend pas : migrantes, précaires, subalternes. Elle qui, marquée par la perte de ses parents, a décidé de transformer son deuil en acte littéraire, fait de ce personnage une figure universelle de résistance et de dignité, en tous les cas le centre émotionnel du roman dans sa plongée dans les injustices systémiques où racisme et sexisme s’entrelacent.

Au-delà de ses portraits de femmes fortes et vulnérables à la fois, le roman interroge les mécanismes d’effacement, les injonctions sociales et les obstacles spécifiques que rencontrent les femmes noires, qu’elles soient immigrées ou issues des élites. Il rappelle que tout féminisme authentique doit intégrer la dimension raciale, car le racisme, qu’il soit institutionnel ou insidieux, conditionne l’accès à la parole, à la justice et à la liberté de rêver sa vie.  

Dans cette œuvre chorale, on retrouve les grands thèmes chers à l’auteur : la tension entre tradition et modernité, l’identité africaine en diaspora et la sororité comme force de survie. En s’inspirant d’un fait réel et en l’inscrivant dans une démarche intime née du deuil, elle signe un roman profondément militant, à la fois lieu de réparation et espace de combat, mais aussi traversé par un vrai souffle romanesque qui en rend la lecture aussi immersive que captivante. (4/5)

 

 

Citations :

Il est facile d’être triste ; la tristesse est un fruit qui pousse sur les branches basses. Pour cueillir l’espoir et le bonheur, il faut tendre les bras plus haut, et je ne lui ai pas appris à le faire.

Dans ce monde, nous sommes tous inconnaissables. Nous ne pouvons connaître pleinement les autres quand nous nous sentons parfois étrangers à nous-mêmes.

 

 

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