vendredi 19 décembre 2025

[Brasseur, Diane] L'accouchement

 




 

J'ai beaucoup aimé

Titre : L'accouchement

Auteur : Diane BRASSEUR

Parution : 2026 (Allary Editions)

Pages : 256








 

Présentation de l'éditeur :  

 « Quelques jours avant mon accouchement précipité, alors que je ne lui avais pas parlé de mes maux de ventre, mon père m’a envoyé la carte postale d’un ange peint en rouge, rigolo et inquiétant comme un gribouillage d’enfant. Ange gardien, le titre du tableau était écrit au verso, à côté de ces mots tendres : “Ce petit ange vient dire bonjour au petit bonhomme à venir.” C’était un mois et demi avant mon terme, le cachet apposé par la poste fait foi. Par quelle étrange prémonition mon père a-t-il été frappé ? »

Pour son quatrième roman, Diane Brasseur renoue avec la veine intime de son premier livre, Les Fidélités. D’une écriture clinique et puissamment romanesque, elle fait le récit d’un événement aussi ordinaire qu’extraordinaire : la mise au monde d’un enfant.



Le mot de l'éditeur sur l'auteur :

Diane Brasseur est romancière et scripte pour le cinéma. Elle est l’auteure de trois romans publiés chez Allary Éditions : Les Fidélités, traduit dans 8 pays, Je ne veux pas d’une passion et La Partition.



Avis :

Après deux premiers romans consacrés aux dilemmes amoureux, puis un troisième ancré dans sa mémoire familiale, la romancière et scripte de cinéma Diane Brasseur s’engage cette fois dans une veine autobiographique. L’accouchement retrace avec intensité les dernières semaines d’une grossesse compliquée par une prééclampsie, une expérience qui aurait pu basculer vers le drame. Loin de tout pathos, elle adopte une écriture précise, presque chirurgicale, qui déroule chaque instant avec la rigueur d’un compte à rebours et installe une tension dramatique digne d’un roman à suspense. 

Le récit s’ouvre sur une inconscience, les premiers signes de la prééclampsie glissés sous les radars laissant la narratrice rêver encore à son scénario idéal de naissance. Pour le lecteur, en revanche, chaque détail est déjà une alerte qui assombrit l’horizon. L’écriture, avec ses phrases brèves et ses chapitres resserrés, bat comme un cœur affolé et scande l’attente heure après heure. Peu à peu, le texte se transforme en une marche inexorable vers l’orage. 

En épousant la chronologie des faits sans introspection, Diane Brasseur restitue la stupeur de l’épreuve. Privée d’anticipation, elle avance à l’aveugle dans l’inconnu, cherchant à conjurer sa peur par des signes et des superstitions. Mise en mots d’une expérience intime, son récit est aussi une manière d’affronter la fragilité du corps et la violence du réel.

Ce texte aurait pu se réduire à un simple témoignage. Pourtant, en choisissant l'urgence et la sidération plutôt que le recul et l’analyse, Diane Brasseur dépasse ce cadre. Sa rigueur dessine en creux tout ce qui n’est pas dit : les variations émotionnelles, la relation au corps médical, la confrontation à la douleur et à la peur. Le livre rappelle ainsi, avec la force du choc, les réalités physiques et les risques de la maternité, escamotés derrière une perception idéalisée – marketée même – de la naissance. On nous promet des échographies glamour, des accouchements transformés en spa, des berceaux design assortis au salon et des récits calibrés pour Instagram. Face à ce mirage publicitaire, Diane Brasseur oppose la vérité nue du corps qui vacille et de la peur qui s’installe, révélant une vulnérabilité humaine que nous préférons oublier.

En partageant la bascule d’un rêve en cauchemar, ce récit personnel rappelle que toute existence se confronte tôt ou tard à sa fragilité. Mais si l’épreuve impose sa brutalité, elle ouvre aussi sur une issue lumineuse : la naissance advient, et avec elle la possibilité de transformer la peur en force et l’expérience en parole. Un livre écrit comme pour reprendre une respiration coupée, exprimant – derrière le soulagement d’une fin heureuse –  la sidération d’être rappelé, en plein rêve de bonheur, à notre condition humaine. (4/5)




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