J'ai beaucoup aimé
Titre : Flint Kill Creek
Auteur : Joyce Carol OATES
Traduction : Christine AUCHE
Parution : en anglais (Etats-Unis) en 2024
en français en 2025
(Philippe Rey)
Pages : 304
Présentation de l'éditeur :
Au travers de douze nouvelles, toutes plus troublantes les unes que les autres, Joyce Carol Oates explore rêves et réalités.
Dans « Flint Kill Creek », une jeune
femme tombe amoureuse d’un étudiant impénétrable. Cette relation étrange
et malsaine la mènera sur les rives d’un ruisseau tumultueux tandis que
le couple s’engage dans une excursion solitaire.
Venue pour une simple prise de sang, une femme d’âge mûr se voit offrir un verre par le mystérieux laborantin qui a pris soin d’elle (« Le laborantin »). Une veuve dort d’un sommeil de plomb dans son manoir, rêvant au mercenaire commandité par la famille de son défunt mari pour la tuer (« L’héritière. Le mercenaire »). Une autre, remariée, lutte avec ses rêves horrifiques de sangsues et la possible hostilité de son nouvel époux (« Amours tardives »). Un chercheur surmené oublie son bébé on ne sait où (« Jour de semaine »). Ou encore un homme, obsédé par une date cruciale non identifiée, marquée de trois astérisques dans son calendrier, plonge dans son passé (« *** »).
Du suspense, des personnages tourmentés face à des situations d’extrême vulnérabilité et des dénouements toujours inattendus : du grand Joyce Carol Oates.
Venue pour une simple prise de sang, une femme d’âge mûr se voit offrir un verre par le mystérieux laborantin qui a pris soin d’elle (« Le laborantin »). Une veuve dort d’un sommeil de plomb dans son manoir, rêvant au mercenaire commandité par la famille de son défunt mari pour la tuer (« L’héritière. Le mercenaire »). Une autre, remariée, lutte avec ses rêves horrifiques de sangsues et la possible hostilité de son nouvel époux (« Amours tardives »). Un chercheur surmené oublie son bébé on ne sait où (« Jour de semaine »). Ou encore un homme, obsédé par une date cruciale non identifiée, marquée de trois astérisques dans son calendrier, plonge dans son passé (« *** »).
Du suspense, des personnages tourmentés face à des situations d’extrême vulnérabilité et des dénouements toujours inattendus : du grand Joyce Carol Oates.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, titulaire de
multiples et prestigieuses récompenses littéraires, parmi lesquelles le
National Book Award, Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place
au tout premier rang des écrivains contemporains. Elle est l’autrice de
nombreux recueils de nouvelles, récits et romans, dont Les Chutes (prix Femina étranger en 2005), Mudwoman (meilleur livre étranger en 2013 pour le magazine Lire), et Boucher.
Avis :
Ses romans, nouvelles, essais, pièces de théâtre et poèmes valent à la prolifique Joyce Carol Oates de compter parmi les plus grands écrivains américains contemporains et d’être régulièrement citée pour le prix Nobel de littérature. Publiées au fil des ans dans des magazines, les douze nouvelles de ce recueil tendent au lecteur les chausse-trappes de leur narration à double-fond, là où, dans l’incertitude et l’ambiguïté, le pire de la folie humaine se laisse entrevoir sous le masque de la banalité la plus ordinaire.
Du nom d’un ruisseau imaginaire charriant ses eaux fangeuses et polluées à travers l’Etat de New York pour mourir dans le lac Ontario, la première nouvelle donne le ton, en même temps que son titre évocateur de meurtre, à un courant d’histoires toutes plus troubles les unes que les autres, laissant apercevoir, telles des ombres menaçantes au fond de l’eau – véritables ou fantasmées, l’on n’est jamais certain –, l’insaisissable monstruosité tapie dans la nature humaine. Dans cette histoire inaugurale, malaise et perplexité s’installent dès l’incipit. Cette rivière alors presque asséchée, au bord de laquelle le narrateur aime tant se promener, est pourtant capable de furie, comme le jour où elle a emporté un corps jusqu’à l’Atlantique. Il s’agissait d’une certaine Inga, étudiante albinos. Lui, jeune homme déscolarisé hantant les abords de la fac, possiblement issu d’une enfance maltraitée, lui vouait un amour que ses mots de plus en plus glaçants trahissant le névropathe auréolent aussitôt d’un halo de danger dans l’esprit du lecteur. Pourtant, meurtre ou accident, le récit laisse planer le doute d’une allusion à l’autre, n’offrant pour seule certitude que l’imprévisibilité d’un déséquilibré mental.
Avec une ironie conférant une touche de sadisme à ses implacables portraits psychologiques, l’auteur aligne les histoires trempées dans une incertitude qu’elle s’emploie à ne jamais lever, jouant à rendre changeantes nos perceptions jusqu’à la dernière phrase pour souvent ouvrir alors d’autres abîmes encore. Violences domestiques, toxicité masculine, ambitions dévastatrices, haines et jalousies dans les familles ou entre collègues, envies de meurtre et possibles passages à l’acte, enfin cauchemars et folles pulsions pour autant de volcans secrets plus ou moins actifs au sein de chacun : le pire n’est jamais sûr mais toujours possible dans ces histoires d’une noirceur cruelle où, s’il ne l’emporte pas toujours au grand jour, le mal n’en fermente pas moins au plus intime des rancoeurs et des névroses.
Toujours sur la brèche à la merci du nouveau détail qui fera rebondir ses incertitudes, le lecteur ne pourra qu’admirer un tel art narratif assorti d’une psychologie des plus fines débouchant sur une représentation ambiguë d’une nature humaine aux prises avec ses pulsions et ses secrètes zones d’ombre. (4/5)
Du nom d’un ruisseau imaginaire charriant ses eaux fangeuses et polluées à travers l’Etat de New York pour mourir dans le lac Ontario, la première nouvelle donne le ton, en même temps que son titre évocateur de meurtre, à un courant d’histoires toutes plus troubles les unes que les autres, laissant apercevoir, telles des ombres menaçantes au fond de l’eau – véritables ou fantasmées, l’on n’est jamais certain –, l’insaisissable monstruosité tapie dans la nature humaine. Dans cette histoire inaugurale, malaise et perplexité s’installent dès l’incipit. Cette rivière alors presque asséchée, au bord de laquelle le narrateur aime tant se promener, est pourtant capable de furie, comme le jour où elle a emporté un corps jusqu’à l’Atlantique. Il s’agissait d’une certaine Inga, étudiante albinos. Lui, jeune homme déscolarisé hantant les abords de la fac, possiblement issu d’une enfance maltraitée, lui vouait un amour que ses mots de plus en plus glaçants trahissant le névropathe auréolent aussitôt d’un halo de danger dans l’esprit du lecteur. Pourtant, meurtre ou accident, le récit laisse planer le doute d’une allusion à l’autre, n’offrant pour seule certitude que l’imprévisibilité d’un déséquilibré mental.
Avec une ironie conférant une touche de sadisme à ses implacables portraits psychologiques, l’auteur aligne les histoires trempées dans une incertitude qu’elle s’emploie à ne jamais lever, jouant à rendre changeantes nos perceptions jusqu’à la dernière phrase pour souvent ouvrir alors d’autres abîmes encore. Violences domestiques, toxicité masculine, ambitions dévastatrices, haines et jalousies dans les familles ou entre collègues, envies de meurtre et possibles passages à l’acte, enfin cauchemars et folles pulsions pour autant de volcans secrets plus ou moins actifs au sein de chacun : le pire n’est jamais sûr mais toujours possible dans ces histoires d’une noirceur cruelle où, s’il ne l’emporte pas toujours au grand jour, le mal n’en fermente pas moins au plus intime des rancoeurs et des névroses.
Toujours sur la brèche à la merci du nouveau détail qui fera rebondir ses incertitudes, le lecteur ne pourra qu’admirer un tel art narratif assorti d’une psychologie des plus fines débouchant sur une représentation ambiguë d’une nature humaine aux prises avec ses pulsions et ses secrètes zones d’ombre. (4/5)
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