J'ai beaucoup aimé
Titre : Cairns (Vardane)
Auteur : Martin BALDYSZ
Traduction : Marina HEIDE
Parution : 2022 en norvégien,
2025 en français (Paulsen)
Pages : 128
Présentation de l'éditeur :
Un roman crépusculaire au bord du vide, où le moindre faux pas peut coûter la vie.
À l’aube du XXe siècle, deux tragédies frappent un paisible village norvégien : le meurtre d’un homme et la disparition d’une fille de ferme. Un an plus tard, les recherches menées dans la montagne pour retrouver Kirsten restent infructueuses. Pourtant, les portes des chalets d’alpage ont été forcées. Les villageois racontent que des cris viennent de là-haut : Kirsten demande à voir le pasteur.
À l’aube du XXe siècle, deux tragédies frappent un paisible village norvégien : le meurtre d’un homme et la disparition d’une fille de ferme. Un an plus tard, les recherches menées dans la montagne pour retrouver Kirsten restent infructueuses. Pourtant, les portes des chalets d’alpage ont été forcées. Les villageois racontent que des cris viennent de là-haut : Kirsten demande à voir le pasteur.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Martin Baldysz est romancier. Il vit au cœur de la nature dans une ferme de l’ouest Norvégien. Cairns a reçu un excellent accueil critique.Avis :
Auteur en vue en Norvège, Martin Baldysz est pour la première fois traduit en français avec ce court roman, presque une nouvelle, au mystère étrangement ensorcelant.
Aussi rêche et rustique que le paysage de landes et de marais qui frissonne sans défense au pied de montagnes encapuchonnées de neige et de brumes, la vie dans ce coin retiré de Norvège, peut-être au début du siècle dernier ou bien avant encore puisque rien ne semble y avoir changé depuis des lustres, tire durement sa subsistance, soit de la pêche loin sur les flots furieux, soit, entre village et alpage, de l’élevage de moutons.
Habitué à vivre seul avec ses bêtes et le secours de la bouteille, Reidar reçoit un jour la visite surprise du pasteur Ribe. La rumeur courant que Kirsten, la bergère enfuie il y a un an de cela en laissant derrière elle le corps criblé de coups de couteau d’un chasseur, aurait été aperçue vers les crêtes réclamant, elle ou son fantôme – au village l’on parle d’une huldra, créature surnaturelle qui hante les croyances locales, car comment cette fille que l’on avait longtemps cherchée sans la trouver aurait-elle bien pu survivre à un hiver en montagne ? –, les services d’un pasteur, l’homme vient le solliciter pour lui servir de guide en montagne.
Commence un étrange voyage vers les hauteurs, des contrées vides et inhospitalières, mais comme habitées par une présence invisible semblant attirer les deux hommes à travers vents et brouillards de plus en plus désorientants, entre pentes et ravins balisés de mystérieux cairns, ces empilements de pierres disposés pour marquer un lieu de passage. A mesure que leur progression désormais éperdue et aveugle se fait de plus en plus risquée, la tension et l’angoisse s’intensifient dans une ambiance qui n’a plus rien d’humain et qui, selon le tempérament et les fantasmes de l’un ou de l’autre, s’emparant de leur imagination comme de la nôtre alors que la violence des conditions en montagne se fait propice à la résurrection d’ancestrales croyances, s’habille de mysticisme ou fleure le maléfice.
L’irrationnel s’en mêlant, la narration se teinte de fantastique, laisse augurer la clarté d’un dénouement, mais, jouant de nos incertitudes, referme la trouée dans le brouillard sur le mystère de nouvelles ombres mortifères. A chacun donc de se débrouiller avec ses doutes et ses questions, quand la peur sur fond de vieilles légendes norvégiennes réveille superstitions et croyances archaïques, réel et surnaturel s’entremêlent de manière inextricable, transformant en noir vertige ce qui commençait comme un polar rural teinté d’aventure.
Mêlant subtilement l’irrationnel au réel pour une évocation puissante et poétique de l’effet des paysages désolés de la montagne norvégienne sur les mentalités qui y vivent accrochées, Martin Baldysz réussit en très peu de pages un récit singulier et envoûtant, au mystère aussi insondable que les peurs et les mythes nés de la violence des conditions de vie en ces lieux. Comme si, quoi qu’il arrive et quelle que soit l’époque, l’homme, en animal superstitieux, ne pouvait échapper longtemps aux archaïques sortilèges associés à cette terre et à ces paysages éreintants. (4/5)
Aussi rêche et rustique que le paysage de landes et de marais qui frissonne sans défense au pied de montagnes encapuchonnées de neige et de brumes, la vie dans ce coin retiré de Norvège, peut-être au début du siècle dernier ou bien avant encore puisque rien ne semble y avoir changé depuis des lustres, tire durement sa subsistance, soit de la pêche loin sur les flots furieux, soit, entre village et alpage, de l’élevage de moutons.
Habitué à vivre seul avec ses bêtes et le secours de la bouteille, Reidar reçoit un jour la visite surprise du pasteur Ribe. La rumeur courant que Kirsten, la bergère enfuie il y a un an de cela en laissant derrière elle le corps criblé de coups de couteau d’un chasseur, aurait été aperçue vers les crêtes réclamant, elle ou son fantôme – au village l’on parle d’une huldra, créature surnaturelle qui hante les croyances locales, car comment cette fille que l’on avait longtemps cherchée sans la trouver aurait-elle bien pu survivre à un hiver en montagne ? –, les services d’un pasteur, l’homme vient le solliciter pour lui servir de guide en montagne.
Commence un étrange voyage vers les hauteurs, des contrées vides et inhospitalières, mais comme habitées par une présence invisible semblant attirer les deux hommes à travers vents et brouillards de plus en plus désorientants, entre pentes et ravins balisés de mystérieux cairns, ces empilements de pierres disposés pour marquer un lieu de passage. A mesure que leur progression désormais éperdue et aveugle se fait de plus en plus risquée, la tension et l’angoisse s’intensifient dans une ambiance qui n’a plus rien d’humain et qui, selon le tempérament et les fantasmes de l’un ou de l’autre, s’emparant de leur imagination comme de la nôtre alors que la violence des conditions en montagne se fait propice à la résurrection d’ancestrales croyances, s’habille de mysticisme ou fleure le maléfice.
L’irrationnel s’en mêlant, la narration se teinte de fantastique, laisse augurer la clarté d’un dénouement, mais, jouant de nos incertitudes, referme la trouée dans le brouillard sur le mystère de nouvelles ombres mortifères. A chacun donc de se débrouiller avec ses doutes et ses questions, quand la peur sur fond de vieilles légendes norvégiennes réveille superstitions et croyances archaïques, réel et surnaturel s’entremêlent de manière inextricable, transformant en noir vertige ce qui commençait comme un polar rural teinté d’aventure.
Mêlant subtilement l’irrationnel au réel pour une évocation puissante et poétique de l’effet des paysages désolés de la montagne norvégienne sur les mentalités qui y vivent accrochées, Martin Baldysz réussit en très peu de pages un récit singulier et envoûtant, au mystère aussi insondable que les peurs et les mythes nés de la violence des conditions de vie en ces lieux. Comme si, quoi qu’il arrive et quelle que soit l’époque, l’homme, en animal superstitieux, ne pouvait échapper longtemps aux archaïques sortilèges associés à cette terre et à ces paysages éreintants. (4/5)
Citation :
Le brouillard se posait sur le paysage aride et rougeâtre qui s’étendait devant lui. Reidar prit peur devant cette brume lourde et épaisse. Une nappe blanche qui se dirigeait doucement vers eux. Un mur vivant qui engloutissait la montagne. Un frisson glacial le parcourut au milieu de ce monde blanc, déserté, où tout était pétrifié.
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