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Titre : Nord sentinelle
Auteur : Jérôme FERRARI
Parution : 2024 (Actes Sud)
Pages : 144
Présentation de l'éditeur :
Pour une banale histoire de bouteille introduite illicitement dans son
restaurant, le jeune Alexandre Romani poignarde Alban Genevey au milieu
d’une foule de touristes massés sur un port corse. Alban, étudiant dont
les parents possèdent une résidence secondaire sur l’île, connaît son
agresseur depuis l’enfance.
Dès lors, le narrateur, intimement lié aux Romani, remonte – comme on remonterait un fleuve et ses affluents – la ligne de vie des protagonistes et dessine les contours d’une dynastie de la bêtise et de la médiocrité.
Sur un fil tragicomique, dans une langue vibrante aux accents corrosifs, Jérôme Ferrari sonde la violence, saisit la douloureuse déception de n’être que soi-même et inaugure, avec la thématique du tourisme intensif, une réflexion nourrie sur l’altérité. Sur ce qui, dès le premier pas posé sur le rivage, corrompt la terre et le cœur des hommes.
Dès lors, le narrateur, intimement lié aux Romani, remonte – comme on remonterait un fleuve et ses affluents – la ligne de vie des protagonistes et dessine les contours d’une dynastie de la bêtise et de la médiocrité.
Sur un fil tragicomique, dans une langue vibrante aux accents corrosifs, Jérôme Ferrari sonde la violence, saisit la douloureuse déception de n’être que soi-même et inaugure, avec la thématique du tourisme intensif, une réflexion nourrie sur l’altérité. Sur ce qui, dès le premier pas posé sur le rivage, corrompt la terre et le cœur des hommes.
Le mot de l'éditeur sur l'auteur :
Avis :
En dépit du titre, Jérôme Ferrari ne nous emmène pas dans le golfe du Bengale, sur l’île de North Sentinel que ses habitants protègent du monde en accueillant les intrus de leurs flèches et de leurs lances, mais sur un bout de terre qui, s’il se garde de le nommer, n’en évoque pas moins clairement la Corse à laquelle il est si attaché.
Un soir d’août, pour une ridicule histoire de bouteille de vin, un jeune restaurateur poignarde un estivant dans une station balnéaire bondée de touristes. C’est un parent du meurtrier qui relate l’épisode du haut de son aigre condescendance pour cet homme, à ses yeux produit typiquement imbécile de ces anciennes lignées corses aussi fières qu’indolentes qui, dépendant jusqu’ici du banditisme, ne sont que trop heureuses de voir affluer l’argent facile tombé des poches de hordes touristiques, en vérité consternantes de médiocrité consumériste.
Le ton est donné. Satire frôlant parfois la farce, la narration noire et grinçante s’emploie alors à disséquer le destin des deux hommes, victime et meurtrier liés depuis l’enfance et incarnant chacun une face de l’Ile de Beauté : d’un côté les Corses territoriaux, à peine sortis de ce qui paraît leur féodalité clanique, paresseusement tombés dans la dépendance de la manne touristique ; de l’autre, les étrangers qui, déferlant périodiquement en pillards uniquement préoccupés de leur plaisir instantané, s’avèrent les nouveaux acteurs d’un colonialisme contemporain. Mêlant les époques et les registres, du roman policier au conte en passant par un soupçon de merveilleux, l’histoire éclaire peu à peu la violence corse d’un jour nouveau, irrémédiablement tragique.
Etendant la moquerie jusqu’à la tonalité volontiers pompeuse de ses très longues phrases et jusqu’à la hauteur outrée et provocatrice, pleine d’une amertume critique et contemptrice, de son narrateur, l’auteur se sert de ce personnage érigé en commentateur de tragédie grecque pour élargir le champ autour de son histoire – insularité face à intrusion étrangère – et poser au sens large la question de notre rapport à l’altérité. Si bien construit et écrit que cela soit, l’on pourra rester décontenancé par la réponse suggérée, extrêmement pessimiste puisque prônant l’isolationnisme et le repli sur soi. Même sous couvert d’humour, ce radicalisme que l’on aurait pu, peut-être, mieux comprendre en pensant par exemple aux Kawésqars de la Terre de Feu évoqués par Jean Raspail dans Qui se souvient des hommes, reste plus difficile à concevoir à propos des Corses…
Superbement maîtrisé quant à sa forme, un roman dont on ne sait, sur le fond, s'il faut le prendre pour du lard ou du cochon, tant il brouille la frontière entre outrance humoristique et pessimisme avéré. (3,5/5)
Un soir d’août, pour une ridicule histoire de bouteille de vin, un jeune restaurateur poignarde un estivant dans une station balnéaire bondée de touristes. C’est un parent du meurtrier qui relate l’épisode du haut de son aigre condescendance pour cet homme, à ses yeux produit typiquement imbécile de ces anciennes lignées corses aussi fières qu’indolentes qui, dépendant jusqu’ici du banditisme, ne sont que trop heureuses de voir affluer l’argent facile tombé des poches de hordes touristiques, en vérité consternantes de médiocrité consumériste.
Le ton est donné. Satire frôlant parfois la farce, la narration noire et grinçante s’emploie alors à disséquer le destin des deux hommes, victime et meurtrier liés depuis l’enfance et incarnant chacun une face de l’Ile de Beauté : d’un côté les Corses territoriaux, à peine sortis de ce qui paraît leur féodalité clanique, paresseusement tombés dans la dépendance de la manne touristique ; de l’autre, les étrangers qui, déferlant périodiquement en pillards uniquement préoccupés de leur plaisir instantané, s’avèrent les nouveaux acteurs d’un colonialisme contemporain. Mêlant les époques et les registres, du roman policier au conte en passant par un soupçon de merveilleux, l’histoire éclaire peu à peu la violence corse d’un jour nouveau, irrémédiablement tragique.
Etendant la moquerie jusqu’à la tonalité volontiers pompeuse de ses très longues phrases et jusqu’à la hauteur outrée et provocatrice, pleine d’une amertume critique et contemptrice, de son narrateur, l’auteur se sert de ce personnage érigé en commentateur de tragédie grecque pour élargir le champ autour de son histoire – insularité face à intrusion étrangère – et poser au sens large la question de notre rapport à l’altérité. Si bien construit et écrit que cela soit, l’on pourra rester décontenancé par la réponse suggérée, extrêmement pessimiste puisque prônant l’isolationnisme et le repli sur soi. Même sous couvert d’humour, ce radicalisme que l’on aurait pu, peut-être, mieux comprendre en pensant par exemple aux Kawésqars de la Terre de Feu évoqués par Jean Raspail dans Qui se souvient des hommes, reste plus difficile à concevoir à propos des Corses…
Superbement maîtrisé quant à sa forme, un roman dont on ne sait, sur le fond, s'il faut le prendre pour du lard ou du cochon, tant il brouille la frontière entre outrance humoristique et pessimisme avéré. (3,5/5)
Citations :
Chaque possible porte en lui sa souillure – le chagrin souillé d’un lâche soulagement, le soulagement souillé d’un irrémédiable chagrin.
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